Le supermarché, nous y allons tous régulièrement. Mais nous y sentons nous véritablement attachés ? Pas spécialement, il en existe tant. Il en est pourtant un à Bruxelles qui, par son offre, sait se rendre unique. Dans la commune de Schaerbeek, le Candan, marché du monde, nous a ouvert ses portes, et avec elles, les mille et une saveurs de la gastronomie ottomane.
Un petit morceau de Turquie en Belgique
Dolmas, olives, loukoums, noix de cajou, confiture de rose, feta, ocra, ou encore piments de toutes formes et couleurs s’étalent, entre autres, sur les rayons du Candan. « Les produits proviennent de Turquie, de Belgique, d’Allemagne, de Russie ou encore de Grèce. Cela répond à une exigence de qualité, mais aussi à une demande des clients » nous explique Okan Candan, l’un des gérants, et fils du fondateur du supermarché spécialisé. À ses côtés, Funda Aslan, secrétaire au Candan, précise : « Pour un article, il y a minimum cinq marques différentes ».
Entre les aliments colorés qui garnissent les étals, la boucherie, la boulangerie, la machine à café qui moud le grain dans une douce odeur épicée, le personnel souriant et la voix d’Orhan Ölmez, chanteur folklorique turc, qui coule des enceintes, on se sent transporté de l’autre côté de la Méditerranée. Cela dit, par endroits, le produit oriental et son pendant occidental se partagent la vedette. Beurre belge, fromage allemand et saucisse turque se côtoient, en gros ou au détail, à prix variés, mais toujours dans une recherche de qualité, quelle que soit l’origine du produit.
Au croisement des peuples
Pour les Candan, gérants du magasin depuis sa création en 1986, c’est une affaire de famille. Tout a commencé avec un couple d’origine turque qui livrait ses produits aux quatre coins de la Belgique. Ils ont ensuite porté à bout de bras le projet ambitieux d’ouvrir un supermarché. Par sa convivialité, le magasin fait office de véritable forum social. On y parle turc, français, néerlandais et anglais. « Il y a des clients qui se croisent et c’est parti pour une demi-heure de papotages », glisse Funda. Ici, prendre des nouvelles et acheter des vivres sont deux activités intimement liées.
Une clientèle hétéroclite
Il serait faux de penser que le magasin n’attire que les Belgo-Turcs. « Les gens viennent de toutes les communes de Bruxelles, de Belgique et même d’autres pays comme les Pays-Bas. Beaucoup de gens des Pays-Bas viennent acheter en gros, mais aussi d’Allemagne, de France et du Luxembourg aussi ! » indique Okan Candan. Des personnes qui viendraient, selon lui, car elles ne trouvent pas chez elles de magasin proposant un assortiment aussi varié de produits orientaux. Pourquoi parcourir tant de kilomètres pour faire ses courses ? Simplement pour retrouver la cuisine de ses parents ou de son pays d’origine. « C’est quelque chose que l’on retrouve de plus en plus chez les jeunes aujourd’hui. » affirment Okan et Funda. L’alimentation devient une manière de rester proche de sa culture d’origine.
Un réflexe humain
Ce qu’il nous restera de cette expérience, au-delà des excellents produits goûtés, c’est la découverte de cette volonté de manger des produits de chez soi. Lequel d’entre nous n’a pas voulu, à l’étranger, retrouver le goût d’un bon paquet de frites, d’un stoemp ou d’un plat de boulets liégeois ? Rien de plus normal. Le magasin, qui ne souhaite pas être vu comme destiné aux seuls Turcs, nous invite tous à venir voyager avec eux. Ça coûte moins cher que l’avion, et c’est meilleur.
Un contexte historique, au niveau de la politique commerciale turque, propice au développement du Candan