Pour sa 33e édition, le BOZAR était l’hôte du monstrueux BIFFF (Brussels International Fantastic Film Festival) du 7 au 19 avril dernier. 33 éditions et autant d’années qu’une bande de passionnés offre à son public un shot d’horreur, de monstres et de super nanars pour l’année. Et comme ils aiment à le préciser, 33 c’est l’âge du dernier anniversaire de Jésus et aussi le nombre de centilitres dans une cannette de bière, ce n’était donc pas n’importe quelle édition. Retour sur 12 jours de festival.
Programmation éclectique
Le BIFFF c’est le festival du film fantastique de Bruxelles, mais pas seulement. Il a acquis au fil des années une réputation mondiale pour sa programmation et son ambiance bestiale hors du commun. Comme chaque année, Freddy Bozo et son équipe se sont occupés de la sélection des films et proposaient un melting-pot de 125 films de genre, longs et court-métrages frissonnants, réjouissants, éreintants.
Parmi ceux-ci, on trouve des avant-premières de choix celle du film mexicain Honeymoon (Luna de Miel) de Diego Cohen, récit angoissant (réussi) d’une lune de miel forcée entre amour et torture à l’acide.
Frankenstein de Bernard Rose était aussi présenté en avant-première belge et n’est pas reparti les mains vides. Le « Corbeau d’Or » lui a été attribué pour cette réinterprétation de la fable monstrueuse. Bernard Rose avait déjà obtenu le trophée au volatile en 1990 pour Paperhouse. La troisième avant-première, The Innocents (Los Inocentes) de Mauricio Brunetti pour coller au focus horrifique argentin de l’année, donne un film historique fantomatique autour de la question esclavagiste.
Parmi les projections remarquées de ce BIFFF 2015, on retiendra le glacial Goodnight Mommy, The Infinite Man, La Isla Minima tous trois récompensés par le jury du festival. Mais aussi les très bons Life After Beth, quand une jeune fille devient un zombie et lutte pour ne pas dévorer sa famille et son petit ami ; These Final Hours, sorte de projet X pré-apocalyptique ; et The House at the End of Time, le premier film horrifique made in Venezuela où une maison hante ses hôtes.
De bons films qui font dans le mauvais goût
L’autrichien Goodnight Mommy (Ich seh Ich seh) est une des sensations du festival. Severin Fiala et Veronika Franz mettent en scène deux jumeaux qui doutent de l’identité de leur mère après une opération de chirurgie esthétique. Une ambiance épurée et une violente sourde en crescendo évoquent un style particulier aux accents de Funny Games US ou Canine.
Affublé du « Corbeau d’Argent », The Infinite Man, de Hugh Sullivan, aura eu la gageure de calmer un public survolté. Dean est un jeune scientifique fou amoureux de Lana, avec qui il veut passer le plus parfait des week-end d’anniversaire. Grâce à une de ses créations, il revivra ce week-end pour l’améliorer et évoluer au milieu de Dean du passé. Tout ceci donne une réalisation poétique et joliment maladroite, qui rappelle Eternal Sunshine of the Spotless Mind.
Comme à son habitude, le festival a diverti les passionnés du genre par sa diversité et son ambiance de basse-cour. Les sorties de route (German Angst, Mexico Barbaro) sont pardonnées à peine consommées. A l’année prochaine pour la 34e du BIFFF, qu’on espère bien saignante.