Au sein de ce foyer, les réseaux sociaux sont une affaire de famille. Du haut de ses 7000 abonnés à seulement 13 ans, Sara, l’aînée ne considère pas encore Instagram comme un travail, mais elle « ne peut pas passer une semaine sans réseaux sociaux ». Pleine d’ambition, ce qui était hier un hobby est aujourd’hui devenu une obsession. Elle ne semble pas être dépassée par sa notoriété grandissante et gère ses perspectives d’avenir quotidiennement. « Je vais tous les jours sur Instagram. Ton activité fait grimper le nombre d’abonnés. Si tu restes inactif pendant une semaine, les followers s’ennuient, du coup tu les perds. Tu ne peux pas te contenter de faire quelque chose de vite fait. Il faut de la qualité, travailler sur la luminosité, puis le cadrage… » Plutôt mature pour son âge, la jeune fille est lucide lorsqu’elle indique espérer devenir influençeuse sur la plateforme de partage de photos.
Sa petite sœur est également à l’affût sur les réseaux. Moins présente sur Instagram (plus de 800 abonnés tout de même), Alyssa, dix ans, s’épanouit davantage sur Musical.ly. Cette plateforme, désormais rebaptisée Tik Tok, propose de se filmer en train de mimer les paroles de ses artistes musicaux préférés. Avec presque 9.000 abonnés sur ce réseau, Alyssa jongle à la perfection avec les outils à sa disposition. Toutefois, contrairement à sa grande sœur, elle n’ambitionne pas d’en faire sa profession. « Au début, je faisais n’importe quoi. Ensuite, j’ai regardé d’autres personnes pour prendre exemple et évoluer. Si mon nombre d’abonnés descend, ce n’est pas pour autant que j’arrêterai d’être sur Musical.ly. Je ne fais pas mes vidéos pour les fans, je le fais pour m’amuser. »
Ces deux apprenties influençeuses n’évoluent pas sans encadrement sur ces réseaux. Elles bénéficient de l’expertise de leur beau-père, Jérémy Cara, mannequin, professeur en natation et influençeur aguerri. L’homme a fait de son compte Instagram une vitrine de ses activités. « Il y a un business à prendre. C’est comme un deuxième job désormais », lance-t-il dans un salon rempli de caisses en carton encore emballées. Ces boites sont envoyées par différentes marques et contiennent des goodies en tous genres, des montres, des vêtements, des alcools et même des meubles. Avec presque 40.000 abonnés au compteur, Jérémy collabore avec ces entreprises. L’objectif n’est pas de vendre ou de communiquer, l’essentiel, c’est d’être vu. « Les réseaux sociaux ont influencé ma vie. La manière dont je les utilise est réfléchie. Je sais que ce temps passé sur mon smartphone va me rapporter quelque chose. »
Instagrameuse depuis quelques années, Elisabeth Rotella, la mère, profite aux côtés de son compagnon de la visibilité offerte par cette plateforme. « Les réseaux fournissent des avantages matériels. Je profite de beaucoup de choses grâce à lui ». Pourtant, Élisabeth voit d’un autre œil le succès exponentiel de ses filles. Depuis qu’elle forme un couple avec Jérémy, elle a tout de suite observé des changements de comportement chez ses enfants. « Avant Jérémy, elles n’avaient pas accès à Facebook, Instagram… Il a amené sa culture des réseaux sociaux qui a pris de l’ampleur parallèlement à son succès ». Malgré son enthousiasme pour les réseaux sociaux, Elisabeth confesse surtout que sa famille est devenue « droguée aux smartphones ».