Boire un café quand vous en avez envie, ou manger une pomme ? Ces gestes paraissent simples, mais beaucoup de personnes n’ont pas les moyens de les réaliser quand elles le souhaitent. Au cœur de Bruxelles, des milliers de familles vivent dans une situation de précarité importante. Pour les aider, il existe des associations comme “La Porte Verte”.
Dans une rue relativement fréquentée de Molenbeek, on pousse une porte vitrée pour arriver dans les bureaux de l’association. C’est Jean-Benoit Hoet qui nous reçoit dans un local presque vide. Il n’y a pas besoin d’artifices quand on travaille au service des autres. Cela fait six mois que Jean-Benoit s’investit pour « La Porte Verte ». Avant, il était informaticien dans une entreprise internationale. Ces six mois ont redonné du sens à sa vie et, par la force des choses, aux bénéficiaires de l’association. « Vous êtes important pour nous » lui a-t-on dit… Des mots qui donnent l’envie d’aller plus loin et de fournir encore plus d’efforts pour aider ces personnes au parcours tumultueux.
“Il y a des moments où on se rend compte que ce que l’on fait est important”
« Je me souviens d’une maman qui était arrivée ici avec son garçon en bas âge” se souvient Jean-Benoît. “Elle avait rendez-vous avec une assistante sociale, mais elle était arrivée trop en retard et les assistantes étaient déjà parties. Cette dame était dépitée et j’ai vu que son fils avait faim. Je l’ai invitée à s’asseoir et à rester quelques instants pour qu’elle se remette de ses émotions. Je suis allé dans le frigo, et j’ai apporté un petit pot de yahourt au garçonnet. Là, son visage s’est illuminé, sa maman m’a regardé avec des yeux brillants et reconnaissants. Il y a des moments où on se rend compte qu’il y a quelque chose à faire et que ce que l’on fait est important ».
Des aides pour bien manger
« La Porte Verte », ce sont six services différents pour subvenir aux besoins d’un maximum de personnes. Parmi ces services, on retrouve l’aide alimentaire sous forme de colis gratuits distribués quotidiennement. Certains services supplémentaires ont été créés pour s’adapter aux conditions réelles des personnes : « Certaines populations ne connaissent pas tous les aliments présents dans leur colis. Par exemple, les Subsahariens ne savent pas ce que sont les lentilles. Ils les laissent de côté et ne les utilisent pas car ils ne savent pas comment les préparer. C’est à nous de leur apprendre ce genre de choses. Nous avons donc pris l’initiative de créer un atelier de cuisine pour ceux qui bénéficient de ce colis alimentaire. Ce service est évidemment gratuit ».
“On sait pourquoi on bosse”
Le restaurant social permet quant à lui à chacun de bénéficier d’un repas complet par jour pour trois à cinq euros, en fonction de son revenu (certains cas plus particuliers ont droit à la gratuité de ce service). Enfin, une aide alimentaire sous forme de colis bien fournis et composés essentiellement de produits secs est mise en place, mais l’association met un point d’honneur à fournir le plus possible de produits frais.
Apprendre et maîtriser la langue
« La Porte Verte » possède aussi un service social, où des assistants sociaux guident les personnes dès leur arrivée et leur assurent un suivi au cas par cas, un cours d’alphabétisation et de français pour ceux qui veulent apprendre les bases de notre langue, ou encore une école des devoirs pour suivre la scolarité des enfants. Il existe également une crèche sociale aux tarifs préférentiels qui accueille quotidiennement une soixantaine de bambins.
“Pour les bénéficiaires, il y a la honte à dépasser”
Jean-Benoît côtoie des personnes issues de tous les horizons. Ceux qui ont des papiers, ceux qui n’en n’ont pas, mais aussi les réfugiés ou ceux qui ont eu un accident de parcours. Il cite le cas d’un ancien infirmier, ayant tout perdu du jour au lendemain.
« Ce n’est pas de la mendicité, chacun a droit à une aide alimentaire, chacun a droit à être nourri, et nous, on les aide simplement. » Mais pour certains, le premier défi est tout simplement d’accepter qu’ils ont besoin de se faire aider.