À quelques pas de la Bourse, au numéro 6 de la rue Antoine Dansaert, se trouve un des plus mythiques temples du jazz : l’Archiduc. Sa façade bleue-verte intrigue, attire le regard et contraste avec les autres bâtiments alentours qui semblent, eux, plutôt ternes.
16 heures, l’enseigne s’allume, les premières notes de jazz de la journée retentissent dans l’établissement. Une fois la porte poussée, des lumières tamisées créent une ambiance chaleureuse et cosy. L’art déco, de l’architecte Franz Van Ruyskenvelde, est présent partout et fait découvrir une autre époque. L’Archiduc a gardé sa décoration d’antan, des fauteuils aux couleurs « criantes » et aux formes géométriques, ainsi qu’un objet rare qui fait la fierté de l’établissement : le piano de Stan Brenders.
Quand le jazz s’installe à L’Archiduc
Stan Brenders était l’un des plus grands jazzmen belges d’avant-guerre. Il a d’ailleurs été à la base de la création et de la direction de l’orchestre de jazz de la Radio nationale belge (INR). Grand musicien de jazz, le pianiste de renommée mondiale a eu un parcours plus controversé durant la Seconde Guerre mondiale. Il a été accusé de collaboration pour avoir joué sur les ondes allemandes, comme l’explique le documentaire Manneken Swing.
En 1953, l’artiste reprend L’Archiduc et le transforme en un sanctuaire du jazz. On raconte que tous les soirs, Stan Brenders se posait derrière le piano, présent au milieu du bar, et laissait libre cours à ses envies en remplissant l’endroit de sa musique aux rythmes et sons issus de la Nouvelle-Orléans.
L’histoire perdure et le jazz reste
Depuis 1985, Nathalie et Jean-Louis Hennart sont les nouveaux propriétaires de l’établissement. Ils décident de garder cette ambiance jazzy. Pour Jean-Louis, le jazz est sans doute la musique qui se marie le mieux avec la décoration de l’Archiduc. Il explique d’ailleurs le sourire aux lèvres : « L’architecture et le jazz ce sont deux arts qui ont plus ou moins le même âge. »
Le choix de la musique qui résonne à L’Archiduc semble toujours difficile pour les propriétaires. Jean-Louis Hennart raconte qu’il s’est beaucoup laissé influencer par les grands noms du jazz, notamment Miles Davis.
L’établissement accueille toujours de nombreux musiciens venus du monde entier. Des artistes qui viennent pour partager leur sonorité chaleureuse où se mêlent piano, cuivre, cordes et voix très graves. Lew Tabackin, Mal Waldron et bien d’autres sont désormais des musiciens qui passent souvent enivrer ces lieux de leur talent. Jean-Louis Hennart raconte la présence des artistes à L’Archiduc.
De nouveaux styles s’invitent à L’Archiduc
Depuis peu, Marine Hennart, la fille du responsable, participe de plus en plus à la programmation des groupes. Elle amène une diversité dans le choix des groupes : An Pierlé ou Franck Black notamment. Bien que le jazz reste présent en grande majorité, les autres styles s’y font une place. Jean-Louis Hennart n’est pas fermé à ces nouveautés qui pourraient s’installer durablement à L’Archiduc. Il l’explique d’ailleurs : « Je pense que ce qui correspond à l’esprit de L’Archiduc, c’est d’être très ouvert et pas enfermé dans certains tiroirs. Ce qui jazze ou non, ce n’est pas un problème, tant que c’est de la musique. »