Avec plus de 800 pratiquants du côté francophone du pays, les arts martiaux mixtes (mixed martial arts, MMA) sont un sport en pleine expansion. Le MMA mêle différentes disciplines : judo, karaté, lutte, boxe, etc. Les gymnases qui l’enseignent sont de plus en plus nombreux. Cependant, les adeptes du MMA sont encore en quête de reconnaissance de leur sport, pourtant autorisé – ce qui n’est pas le cas dans tous les pays, notamment en France. Le cheminement de la Belgian MMA Federation incite doucement les autorités à l’intégrer dans le paysage sportif belge. Selon Ludo Boulvin, président de la BMMAF, le chiffre de pratiquants « ne va faire qu’augmenter ».
Un paradoxe belge
Paradoxalement, c’est grâce aux combats menés en Wallonie, où le sport est autorisé mais non reconnu, que la Flandre a intégré la BMMAF dans la Fédération flamande de sports de combat (Vlamse vechtsportsfederatie). « Nous avons une façon de gérer qui permet aux athlètes de s’exprimer de façon martiale, avec un maximum de sécurité. En huit ans, nous avons organisé 2.500 combats, avec moins de quinze déclarations d’incidents légers » (luxation, plaie ouverte, ndlr). Pour Ludo Boulvin, « le sport a besoin d’une structure ». Alors pourquoi ne pas le reconnaitre en Wallonie? Il est vrai que la réputation du MMA est sulfureuse, les combats spectaculaires et parfois sanglants de l’UFC (Ultimate Fighting Championship – licence américaine de MMA) projettent une image de barbarie. Les combats ont lieu dans une cage, ce qui choque les esprits. Les coups au sol, les coups de genoux et de coudes peuvent entraîner des joutes violentes où le sang n’est pas rare. Les concernés expliquent que la cage est adaptée au style de combat mêlant coups, projections et prises au sol, et que le sport n’est pas plus violent que la boxe anglaise ou le kickboxing. Le Dr. Alain Nopere, médecin officiel de la fédération belge de MMA, effectue les contrôles médicaux avant les combats : « J’ai beaucoup plus de boulot médicalement avec les combats de kickboxing qu’avec les combats de MMA. » Il concède tout de même que « c’est un sport de combat donc les blessures ne sont quand même pas rares, ça c’est clair. »
Ludo Boulvin explique que « les règles sont adaptées en fonction du niveau ». Pour les novices, le casque et les protège-tibias sont obligatoires, coups de genoux à la tête et au sol interdits. Chez les amateurs, les coups de genoux à la tête sont également interdits. On est donc loin des gladiateurs modernes de l’UFC où presque tous les coups sont permis. Pas de mannequin en petite tenue entre les rounds, pas de présentateur charismatique insistant sur chaque syllabe en annonçant les combats. En Belgique, Le MMA reste un sport, pas un spectacle.
Des barrières politiques plus que sportives
Le Conseil supérieur des sports, chargé de la réglementation en Fédération Wallonie-Bruxelles, a désormais le dossier entre les mains. « Le cadre est appelé à être mieux défini », explique le secrétaire du conseil Marc Xhonneux. Une commission de prévention des risques va passer en revue les risques que comporte le MMA, parmi d’autres sports. «En terme de reconnaissance, je ne sais pas si il y aura une décision, mais les autorisations seront là. » Pas de changement à prévoir donc dans le futur proche. « En fait, ils ne s’intéressent pas au sport », juge le président de la fédération belge de MMA Ludo Boulvin.
Quoiqu’il en soit, la Belgique fait figure d’exemple en Europe en matière de MMA. Plusieurs organisations étrangères veulent organiser des évènements en Belgique car « ils savent qu’ils peuvent faire confiance à notre encadrement », assure Ludo Boulvin. Reste à voir si les institutions politiques belges auront, elles aussi, confiance en ce sport.
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Reportage réalisé par Mathieu Neuprez, Olivier Nelis, Morena Piazza et Zoé Fauconnier.