Sa voix, aussi douce que son regard, en a bercé plus d’un. Le rappeur français MC Solaar joue avec le rythme, prend les mots, les tord pour leur redonner un sens. À la manière d’un journaliste, il rédige sa prose avec l’idée “de ne pas écrire la phrase que tout le monde va écrire”. Sans étonnement, il parraine Les Ateliers de Couthures, le festival international de journalisme vivant.
“Que se passe-t-il derrière un Burger King?” “Pourquoi un sportif guyannais a choisi un sport plutôt qu’un autre ?” Les questions posées par MC Solaar sont aussi déroutantes que ses chansons. Il voulait être journaliste, après avoir lu Tête de Turc, de Günter Wallraff. Il est devenu rappeur. Il s’était renseigné pour intégrer l’école de Nice, mais n’a finalement jamais envoyé sa candidature, ce qu’il regrette encore aujourd’hui. Il semble se conforter avec le déroulé de ses textes semblable, selon lui, à celui d’un article de presse, avec son micro qu’il tient “comme si je faisais le JT”, avec certaines de ses chansons pareilles à un “journal d’opinion”.
« Tiens je te vends un feu. Tu fumes qui tu veux »
Il puise son inspiration dans son environnement, son quartier, les programmes télévisés. Même les faits divers deviennent une source de créativité. La chanson Arkansas, sortie en 2001, aborde le thème des tueries en milieu scolaire et notamment celle du 24 mars 1998 à Jonesboro, une ville des États-Unis. Andrew Golden, 11 ans, et Mitchell Johnson, 13 ans, abattent quatre camarades de classe, une enseignante, et blessent dix personnes.
Sa soif de lecture l’a poussé à endosser le rôle de parrain du festival. “Je lis énormément. J’aime les reportages. Quand Monsieur de Saint-Exupéry (rédacteur en chef de la revue XXI et organisateur du festival, ndlr) m’a parlé du journalisme vivant, je me suis dit que ça colle à beaucoup de choses qui m’ont “construit”. C’est-à-dire des gens qui partaient faire des reportages, qui incarnaient, qui étaient sur place.”
“Oublie tes réflexes, tes pulsions, et analyse.”
Partir, MC Solaar le fait depuis longtemps. Né au Sénégal de parents tchadiens, il arrive en France avant l’âge d’un an. Puis viennent les voyages. En Belgique, en Suisse, en Guyane, sur le continent africain… “Je voyais les choses différemment. Je parlais dans une autre position. Ce n’était plus “j’ai fais ci”, mais “il se passe ceci””. Lors d’un voyage en Afrique, il rencontre un homme qui lui dit une phrase qui le marque : “Ce que tu fais, c’est Réapprendre A Parler, R.A.P, du rap.”
Merci pour ce beau projet dans mon pays natal, le Lot-et-Garonne. Je n’en reviens toujours pas !
Je n’ai participé qu’à une journée, celle du concert de MC Solaar car c’est sa présence qui m’a donné envie de venir.
Je suis rentrée sur Marseille après avoir écouté “changer la prison”. J’ai été très touché par la présence discrètes et bienveillante des jeunes animateurs-journalistes qui sont à l’inverse de ce que l’on voit aujourd’hui. J’ai aimé qu’on laisse autant la place aux témoignages, à la vie.
J’ai laissé samedi un message dans “la boîte à rêves” je rêve d’un reportage sur les enfants Roms des bibliothèques de rue pour leur laisser la parole…