Pour un Bruxellois pure souche, les lettres « RWDM » sont lourdes de sens. Ce club de football mythique de la capitale, tombé en faillite en 2003, va peut-être renaître de ses cendres l’an prochain. Un énième projet a vu le jour il y a quelques semaines et les attentes sont fortes pour beaucoup de supporters. Alors, feu de paille ou projet concret ?
Le 27 avril 2015, la décision qu’attendaient beaucoup de supporters est tombée : le Collège des Bourgmestre et Echevins s’est dit favorable au projet d’installer une équipe portant les initiales « RWDM » dans le Stade Edmond Machtens.
Alan Haydock, ancien milieu de terrain du RWDM entre 1995 et 2000, demeure un observateur aiguisé en ce qui concerne son ancien club. Il a toujours suivi de très près tous les projets mis en place pour ressusciter le club basé à Molenbeek et s’enthousiasme, avec des réserves, du “peut-être” renouveau du club.
En cinq saisons, il a vécu de grands moments au sein de l’équipe du RWDM. Quant à son plus beau souvenir, Alan Haydock éprouve des difficultés à faire son choix. Fier de porter les couleurs du RWDM, il met en avant sa dernière saison, celle de la Coupe UEFA et celle où l’équipe a terminé à la 4ème place du championnat de Belgique. Cependant, il n’oublie pas les derbys contre Anderlecht qui avaient une saveur particulière.
Une histoire mouvementée
En 1973, le Royal Daring Club de Molenbeek fusionne avec le Royal Racing White. Le résultat de cet accord a créé le Racing White Daring de Molenbeek, autrement dit, le RWDM. Deux ans plus tard, le club fête son seul titre de Champion de Belgique et dispute la demi-finale de la coupe UEFA en 1977.
Au fil des saisons, le club va faire l’ascenseur entre la Division 1 et la Division 2. Après une première relégation en 1983, les pensionnaires du stade Machtens remontent l’année suivante avant de redescendre en 1989 pour remonter en 1990. Les Molenbeekois renoueront avec la Division 2 en 1998. En remportant le tour final de Division 2 en 2001, on ne le sait pas encore mais ce sera la dernière fois que le RWDM retrouvera la Division 1.
Le club fait face à de gros soucis financiers même si, sur le terrain, les Bruxellois prouvent qu’ils ont leur place au sein de l’élite en terminant dans le top 10. Malheureusement, les dettes sont conséquentes et le RWDM ne reçoit pas sa licence. Il est alors relégué en Division 3. En faillite, le club n’intéresse aucun investisseur et déclare forfait pour la saison 2002-2003. À la fin de cette saison, l’Union belge sonne le glas et le matricule 47 est radié.
Le FC Brussels, première tentative de sauvetage
Le Stade Edmond Machtens étant orphelin du RWDM, Johan Vermeersch, ancien joueur du club molenbeekois, rachète le matricule du FC Strombeek qui évolue alors en Division 2 et l’installe dans le stade mythique de Molenbeek. Le club porte alors le nom de FC Molenbeek Brussels Strombeek. Dès sa première saison, le club est champion et retrouve la Division 1, au plus grand bonheur de ses supporters.
Alors rebaptisé « FC Brussels », le club restera quatre saisons au sein de l’élite. L’aventure molenbeekoise en Division 1 prend fin pour de bon puisque le club n’y retournera jamais. Les années qui suivent en Division 2 sont difficiles, les supporters désertent leur « Temple » ne faisant plus confiance à Johan Vermeersch.
Pour retrouver son public, le président molenbeekois tente une opération séduction. Dix ans après leur disparition, les quatre lettres magiques sont de retour au stade Machtens. Le FC Brussels devient le RWDM Brussels. D’un point de vue sportif, la saison démarre idéalement et l’ambiance d’antan fait petit à petit son retour. Le RWDM termine à la 8e place au terme d’une saison marquée par de nouveaux soucis financiers qui empêchent le club d’obtenir sa licence. Résultat : le club disparaît et les supporters perdent l’espoir de revoir un jour le RWDM évoluer dans son antre.
La confiance ne règne pas chez tous les supporters
Si la nouvelle a ravi la majorité des supporters molenbeekois, tous ne semblent pas très emballés par ce nouveau projet. C’est le cas de David Dupont, supporter acharné du RWDM. Il a peur de voir les nouveaux dirigeants de commettre les mêmes erreurs que par le passé, mais surtout que ceux-ci veuillent brûler les étapes et que ce projet connaisse la même issue que les précédents.
Depuis sa naissance en 1973, le RWDM a connu des grandes soirées de football dans une atmosphère typiquement bruxelloise. Les supporters étaient très proches des joueurs et les troisièmes mi-temps étaient parfois très longues. David Dupont, qui a tout connu au club, se remémore notamment deux remontées fantastiques en Division 1 que ce soit à l’époque du RWDM ou du FC Brussels.
À l’heure actuelle, le projet a pris une mauvaise tournure suite au rachat de Waterloo par l’Union Saint-Gilloise. Le matricule du club de Promotion intéressait les porteurs du projet qui sont à la recherche d’une autre solution pour la “zwanze”, un terme utilisé fréquemment par les supporters molenbeekois qui désigne l’art de vivre “à la bruxelloise”