La colère populaire gronde toujours en Algérie, où le peuple réclame le départ de son président malade Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier, ayant pourtant renoncé à briguer un 5e mandat, laisse planer le doute sur ses véritables intentions. Ce lundi 18 mars, il proposait une période de transition menant à une grande Conférence nationale, stipulant qu’il resterait en fonction d’ici-là. Elections annulées, retour à la case départ.
La rue exprime son ras-le-bol et sa colère face à un système en place depuis 1999, qui plonge le pays dans la corruption, le chômage et la dépendance aux hydrocarbures. Le civisme des algériens est remarquable dans ces protestations : non-violence, solidarité, calme et même humour. La jeunesse y est très présente, elle qui n’a connu qu’un seul président, sa clique et son système depuis toujours. Et si les manifestations continuent, c’est parce que cette jeunesse voit dans la nouvelle décision du président une simple ruse, qui lui permettrait de rester au pouvoir encore longtemps, soutenu par son clan et le système tout entier.
Seulement, tout ne se passe pas comme prévu pour Abdelaziz Bouteflika. Depuis quelques jours, le président est lâché par son entourage et les signes de soutien à la contestation populaire se multiplient. Même les soutiens historiques les plus solides se détachent du président, qui se retrouve de plus en plus isolé. Syndicats des travailleurs algériens (UGTA), magistrats, hommes d’affaires ou encore organisations patronales : tous les piliers se fissurent.
Coup de théâtre, même le FLN (Front de Libération Nationale), propre parti d’Abdelaziz Bouteflika, a annoncé ce mercredi qu’il apportait son soutien au mouvement populaire. Mouad Bouchareb, patron du FLN, a indiqué appuyer la « volonté de changement », tout en prônant le dialogue avec le gouvernement. Le général de l’ANP (Armée nationale populaire) Ahmed Gaïd Salah s’exprimait aussi, saluant les « nobles objectifs » des protestations, et assurant que l’« Armée restait, en toutes circonstances, le rempart du peuple ». C’est un coup dur pour le régime de Bouteflika, l’armée et le FLN constituant de véritables soutiens historiques depuis l’indépendance de l’Algérie.
Des défections sont également exprimées parmi les autres partis politiques algériens, parfois même ceux au sein de la coalition gouvernementale et du Parlement, comme le RND (Rassemblement national démocratique).
Le système Bouteflika se fissure donc de toutes parts, et malgré les derniers efforts du président pour se maintenir au pouvoir, l’avenir est incertain. Une grande manifestation est prévue ce vendredi 22 mars, montrant une nouvelle fois la détermination du peuple algérien pour le changement.