Yvan Mayeur nous reçoit dans son bureau. La journée de travail touche à sa fin, le bourgmestre s’informe sur sa tablette. Décontracté, mais allant droit au but, Mayeur, le socialiste fort, revient sur les grands dossiers en cours.
La mobilité : dur labeur
Si la piétonnisation du centre-ville, sur une zone dernièrement étendue, est un dossier qui traîne depuis l’accord de la majorité, son élaboration réelle demande « beaucoup de travail. Il faut faire des choix. » Mayeur n’y va pas par quatre chemins. « Pour moi, la voiture est une réalité, un besoin pour des gens, des familles. D’autres gens devraient abandonner leur voiture, comme ceux qui viennent travailler et embouteillent les routes. Nous ne sommes pas là pour leur faciliter la vie. »
« Je suis un vrai Bruxellois et j’aimerais continuer de m’y sentir chez moi », clame-t-il. Aucune autre connotation, dans cette phrase forte, que celle de ne pas accepter les pots d’échappement dans son salon. Mayeur est clair : les temps changent, la ville n’est plus le lieu des excès de vitesse. Le centre-ville doit redevenir un lieu apaisant, agréable et sain. Il demande aux employés habitant hors du centre de se fier aux transports en commun, quitte à laisser la Rolls au garage. « Les habitants du centre sont les premières victimes de cette congestion de la ville : ils circulent difficilement et subissent une pollution insupportable. Que les employés de grandes entreprises, administrations, grandes surfaces, etc. arrêtent de venir avec leur véhicule. Ça suffit ! Il faut que le Bruxellois puisse respirer. »
Suivre le modèle parisien ? Pas pour l’instant
Bruxelles, comme la plupart des capitales de l’UE, doit diminuer son empreinte carbone, doux euphémisme pour signifier la quantité de CO2 qu’elle émet. La piétonnisation du centre-ville est l’idée la plus adaptée à la capitale européenne. « Chacun agit là où il peut, avec les mêmes volontés politiques », explique Mayeur. Il salue l’initiative très médiatisée de son homologue française, Anne Hidalgo, sur la suppression totale du diesel dans Paris d’ici 2020. « Mais en Belgique, cette mesure devrait être prise avec les instances gouvernementales. Le diesel n’est pas interdit à la vente ! Nous n’avons pas la même marge de manœuvre que celle de Paris, mais nous en avons une plus grande pour décider d’un piétonnier. »
« Il y a des dossiers que je pensais ne pouvoir ouvrir qu’en 2015… »
Yvan Mayeur ne s’attendant pas à ouvrir aussi rapidement le dossier, controversé, des policiers. S’il sait les reproches qui peuvent lui être faits, il ne regrette pas sa première année de mayorat, qu’il dit passionnante : “Nous avons eu de chouettes relations avec les collaborateurs, les gens du Collège, la majorité, la population qu’on a rencontrée sur différents projets… Nous avons pu un peu libérer les énergies. ” Un défoulement qu’il relativise : si certains dossiers chauds peuvent déplaire dans l’opinion publique, il tient à ce que le Bruxellois se sente mieux chez lui.
Ecouter un extrait de l’interview d’Yvan Mayeur :