Ils cultivent l’espoir d’un réel changement. Il y a un an, Fred Bauma et Yves Makwambala, jeunes activistes congolais respectivement membres des associations la LUCHA et Filimbi, ont été arrêtés par les forces de sécurité lors d’une conférence de presse. À l’occasion de cet « anniversaire », des militants d’Amnesty international et d’autres associations, comme Alternance 243, se sont rassemblés dans les rues de Bruxelles, devant l’ambassade de la République Démocratique du Congo (RDC) pour une marche silencieuse.
Emmitouflés dans leur écharpe jaune et brandissant des pancartes, les manifestants ont demandé une nouvelle fois la libération de Fred Bauma et Yves Makwambala, ainsi que celle de tous les activistes arrêtés lors d’une répression massive menée contre la liberté d’expression en vue des élections présidentielles de novembre prochain.
Pour Anne-Laure Van der Wirlen, la compagne de Fred Bauma, la vie doit continuer ici en Belgique, mais elle essaye d’être la plus présente possible pour son compagnon. Selon elle, l’espoir porte cette jeune génération non violente qui développe des stratégies et des ressources qui vont bénéficier à toute une population, voire à tout un continent. « Avec les réseaux sociaux et les nouveaux moyens de communication, il y a un nouveau potentiel qui n’était pas exploité avant. Un soutien incroyable à l’étranger, mais aussi entre les pays d’Afrique » nous explique-t-elle.
« Ce ne sont pas des brigands, ils ont voulu exprimer une opinion »
L’histoire de Fred et d’Yves est devenue symbolique. Elle rassemble de plus en plus de personnes qui désirent un véritable changement au Congo.
Les deux activistes ont été maintenus pendant 40 jours en détention au secret sous la garde de l’Agence nationale de renseignements (ANR), placée sous la responsabilité directe du président, sans être inculpés et sans pouvoir faire appel à leurs avocats. Malgré l’absence d’éléments à charge, ils ont été qualifiés de « terroristes » et accusés de vouloir renverser le gouvernement par la force.
« Fred et Yves ne sont pas des brigands, ils ont juste voulu exprimer une opinion. Le pouvoir de Kinshasa les a incarcérés et il emprisonne toute personne qui émet un avis contraire ou négatif au sien » s’insurge Jeannot Kabuya, président de l’organisation Alternance 243. Il rappelle qu’en janvier 2015, le peuple congolais se soulevait contre le projet de lois électorales qui nécessitait un recensement de la population avant l’élection présidentielle, recensement qui risquait de retarder la date des élections et donc d’allonger le mandat du Président de la République Joseph Kabila. Suite à cette manifestation, les ONG de Kinshasa avaient dénombré plus de 50 morts, un nombre que le régime a toujours contesté.
Les événements de janvier 2015 ont eu un impact sur l’environnement politique. Le maintien en détention de Fred Bauma, d’Yves Makwambala et d’autres militants s’inscrit dans la volonté de Joseph Kabila de se maintenir à la tête du pays. À l’approche des élections de novembre 2016, une partie du peuple congolais a l’impression d’être pris en otage par le régime de Kabila et espère toujours plus de droits et de liberté d’expression.