Sortie du métro Comte de Flandre. Derrière nous, des caméras du monde entier. Nous tournons au coin d’une rue et là, l’atmosphère change. Calme absolu. On tombe sur un écriteau : « BruXitizen : suivez la ligne ». Sur le sol, une bande rouge nous guide depuis l’entrée de la Maison des cultures et de la cohésion sociale. Elle mène à une cave, décorée pour l’occasion, où des étudiants se préparent à animer une émission en direct. Parce qu’ils le revendiquent : ils ont des choses à exprimer et veulent être entendus. Alors, quoi de mieux que de créer eux-mêmes leur programme radiophonique ?
Ce projet d’émission est porté par le festival BruXitizen. Au programme, plusieurs thèmes : les nouveaux moyens mis en œuvre pour communiquer, les médias ou encore la politique. Avec toujours pour toile de fond, le véritable sujet de l’expérience : les jeunes.
Pendant une heure et demie, sur un ton tantôt humoristique, tantôt plus assuré, les équipes de présentateurs d’un jour le répètent : ils en ont marre d’être stigmatisés. Rien ni personne n’est épargné : les médias traditionnels qui ne leur laissent pas voix au chapitre sous prétexte que « ce n’est pas leur public », ceux qui tentent de donner la parole à la jeunesse en tombant dans la caricature ou encore les politiques… Tout y passe.
Les politiques, ces « vieux fossiles »
« Les vieux fossiles » seraient trop éloignés des intérêts des jeunes. Le problème se situerait dans le “système” même. Les étudiants présents l’avouent, aussi : ils n’ont pas été formés assez tôt pour comprendre et s’intéresser aux rouages de la démocratie. Ce qui explique peut-être pourquoi ils ne savent pas quels moyens utiliser pour faire entendre leurs voix.
Pour ce faire, ils admettent avoir davantage d’outils en main que les générations précédentes, grâce aux réseaux sociaux par exemple. Néanmoins, ils regrettent le manque de crédit de ceux-ci. Parce que oui, le web permet à certains jeunes de produire des messages de qualité, mais à quoi bon ? Les « youtubeurs » sont catégorisés comme des gamins qui refusent de grandir et qui devront, un jour, choisir un « vrai » métier. Les propos sur Facebook bénéficient que de peu de visibilité. Alors, ils se le demandent, pourquoi parler sans personne pour les écouter ?
Les jeunes présentateurs semblent en être convaincus, ce sont toutes ces petites choses qui expliquent leur ras-le-bol général.
Changer les choses
Mais quelles solutions, alors ? Concernant les médias, Farid Mebarki, président de Presse et cité, estime qu’il ne faut pas attendre que les organes de presse traditionnels fassent un pas vers les jeunes. « Parce que visiblement, ils ne sont pas disposés à faire ce pari sur l’avenir. » Il s’agirait plutôt, et c’est ce qui se fait de plus en plus ces dernières années, de créer son propre média.
La politique, c’est une autre histoire. L’un des présentateurs lance l’idée d’un cours à ce sujet dans les écoles secondaires, dans l’espoir d’éveiller des vocations.
Il faudrait, oui. Mais concrètement, que faire ? Comment faire bouger les choses à notre échelle ? Autant de questions auxquelles on ne peut pas encore apporter de réponses. Dans ce flot de doutes, une certitude émerge : il faut multiplier les initiatives comme celle de BruXitizen, qui relaye les appels au secours de la jeunesse aux différentes instances politiques et médiatiques. De cette façon, peut-être qu’ils pourront être à nouveau, un jour, sur la même longueur d’onde.