Dans les sous-sols de Charleroi

Le 13 mai 2015 - par Zélie Dion

Au cœur de Charleroi, sur l’avenue bruyante des Alliés, se trouve un grand bâtiment morne d’une mutualité. Du coté droit de la façade, une entrée de garage, sombre. Une porte se dresse là, invisible si on ne la cherche pas, ou si on ne la connaît pas.

Celle-ci ouvre sur un escalier, conduisant à un parking souterrain classique, au premier abord. Plus on pénètre dans cet endroit peu accueillant, plus on entend, en sourdine, les basses d’une musique, dynamique et dansante. En descendant cet escalier, le courageux qui aurait emprunté cette porte découvre, en empruntant un couloir coloré et tagué, la maison de jeunes ACJ « La Broc ».

  • tag dans l'entrée de l'AJC
    A la découverte du sous-sol du 2, rue des Alliés à Charleroi.
  • Couloirs AJC
    Moment intime dans les couloirs de "la Broc".
  • Danseurs dans la salle principale
    Les danseurs se préparent dans la salle principale du centre.
  • Pause dans la salle principale
    Petite pause entre deux chorégraphies.
  • Deux jeunes dansent
    Réputés pour la qualité de leurs danses, les jeunes carolos enchaînent les chorégraphies.
  • Deux jeunes boxent
    Les jeunes pratiquent également la boxe pour se défouler et canaliser leur énergie.
  • Deux jeunes amoureux dansent
    Ces deux jeunes, accros à la danse, se sont rencontrés grâce à la maison de jeunes.
  • Entraînement sportif
    Les jeunes profitent de salle pour se lâcher. Ils dansent, ils rient, ils parlent...
  • Les jeunes discutent à la buvette
    Petite pause dans la buvette de la maison de jeunes. Un endroit où ils se rencontrent au hasard et où ils peuvent discuter en toute tranquillité.
  • Deux jeunes s'étirent
    Après l'effort, les jeunes s'étirent et se relaxent ensemble.
  • Un jeune attablée sur une table
    Les jeunes se retrouvent à "la Broc" pour se détendre.
  • Deux jeunes jouent au kicker
    L'AJC est aussi un endroit simple où chacun peut venir prendre du bon temps.
  • Deux jeunes s'enlacent
    Au fil du temps, les jeunes ont tissé des liens forts.

L’ACJ « La Broc », créée il y a 43 ans, est la plus grande maison de jeunes de la Fédération Wallonie Bruxelles. Elle comptabilisait plus de 500 membres en 2014. Les raisons de ce succès sont multiples. La situation géographique explique partiellement cette réussite. Malgré que la Maison soit située en sous-sol, cachée, elle est la seule du centre de Charleroi. « Nous fonctionnons par bouche à oreille et par les réseaux sociaux, explique Fabrice, animateur et coordinateur de l’ACJ La Broc. Si les jeunes sont contents, ils vont en parler autour d’eux et attirer de nouveaux membres. »

Tolérance et respect

L’animateur pointe la tolérance et l’ouverture de la maison : « Peu importe qui tu es et d’où tu viens, tant que tu viens avec un bon état d’esprit. » Venant de Charleroi, des alentours, et même de France, les jeunes sont nombreux a s’affilier à « La Broc ». Blanc, noir, pauvre, enfant de chômeurs ou de travailleurs, peu importe. « Une fois, nous avons même eu un SDF, qui puait la mort, mais les jeunes ont joué aux cartes avec lui, comme si de rien n’était », raconte l’animateur.

Louisa, animatrice, raconte que, pour elle, la maison est comme une grande famille, où tout le monde est le bienvenu. « De jeunes Roumains ne parlant pas français sont venus il y a quelque temps. Ils ont été super bien intégrés et, une semaine plus tard, ils savaient déjà écrire leur prénom avec notre alphabet. »

Le respect et la confiance sont des valeurs clés de la maison qui participent également au succès. « Nous leur donnons beaucoup de liberté, nous leur faisons confiance, quelque chose dont ils ne bénéficient pas ailleurs.  S’il y a trop de limites qui leur sont imposées, ça amène de la frustration », observe Fabrice. « Pour beaucoup, la Broc, ce n’est pas leur deuxième maison mais leur maison », ajoute t-il.

Pas de charte ni de règlement pour que la maison fonctionne correctement. Louisa travaille à la « MJ » depuis quatorze ans. Louisa n’a eu à gérer que deux bagarres sérieuses sur cette période. En cas de tensions ou de conflits, des exclusions pour une courte durée peuvent surgir, mais très rares d’après les animateurs. Souvent le dialogue est préféré. « Certains de nos jeunes tournent mal, mais c’est loin d’être la majorité, confie le coordinateur. D’autres sont sortis de la criminalité grâce à nous, et quelques-uns encore agissent mal, mais pas chez nous. »

Culture et déménagement

L’ACJ « La Broc » emploie quatre animateurs, dont trois plein-temps, pour s’occuper des jeunes, les conseiller, les occuper, mais aussi pour l’administration. « J’adore mon métier car il est très varié. Je m’occupe des dossiers pour récolter de l’argent, je fais de la comptabilité, la gestion de l’équipe, je m’occupe des jeunes, etc. », confesse Fabrice. Cependant, beaucoup de projets sont initiés par les jeunes. Ces derniers arrivent avec leurs rêves, leurs envies, leurs projets, et la maison les aide à les réaliser. C’est ainsi que la Gound Killaz est née, un battle de danse, ou encore la participation de « La Broc » au festival de court-métrage Clap d’Or. La « MJ » est donc une porte d’entrée à la culture, mais les jeunes la franchissent d’eux-mêmes, sans que quelqu’un les pousse. Des collaborations avec d’autres maisons de jeunes, ou avec l’Eden, le centre culturel de Charleroi, sont organisées pour réaliser au mieux les ambitions des jeunes.

D’ici peu, de nouveaux projets verront le jour grâce à quelques changements. La maison de jeunes déménagera l’année prochaine, ce qui lui assurera plus de visibilité, car elle ne sera plus en sous-sol, mais également plus de collaborations avec l’Eden. La Broc sera en effet placée à coté du centre culturel. L’ACJ « La Broc » était jusque là à l’image de la ville de Charleroi, méconnue, pas très attirante vue de loin, mais on la découvre prête à renverser toutes les montagnes si on se rapproche et qu’on pousse sa porte.

Vivre sa passion

Cela fait maintenant quatre ans que Gilles et Moïse fréquentent la maison de Jeunes de Charleroi. Bien qu’ils ne se connaissent que de vue, les deux adolescents, âgés respectivement 16 et 18 ans, viennent à l’AJC quotidiennement pour pratiquer leur passion. Que ce soit la danse, pour Gilles, ou l’art de la boxe, pour Moïse, tous deux ont découvert ces sports grâce à l’association.

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