Place de la digue, une ébauche de chantier se dessine à l’arrière du bâtiment principal de la RTBF locale. Les tas de gravas, les pelleteuses et les grues feront bientôt place au nouveau centre médiatique MédiaSambre. Le centre ouvrira ses portes fin 2016 pour accueillir en son sein journalistes de la RTBF Charleroi et de Télésambre. Une fusion dont on connaît encore très peu les ressorts mais qui anime déjà les conversations de couloirs. Enjeux médiatique, politique ou social, les journalistes carolos s’interrogent quant au devenir de leur profession. Reportage.
L’actuel bâtiment de la RTBF, situé place de la digue, ne renferme qu’un plateau radio, deux salles de montage ainsi que la rédaction de RTBF info. L’installation de matériel technique à la pointe et d’un studio vitré est en projet pour le nouveau centre qui se greffera à l’arrière du bâtiment principal. L’aménagement des nouveaux locaux constituera également un avantage de proximité pour la chaîne qui voit ses plateaux de télévision dispatchés un peu partout dans Charleroi.
Dans les locaux de DreamWall, le studio d’enregistrement des spots météo de la RTBF.
Régies de contrôle des plateaux de Télésambre.
« Reconfigurer une ville ambitieuse »
Ce projet médiatique s’inscrit dans la tendance à l’innovation et au développement urbain de Charleroi. Le centre-ville se présente comme un immense chantier où poussent progressivement centres commerciaux, centres culturels et maison de jeunes. Une manœuvre politique stratégique de la part de l’actuel bourgmestre de la ville, Paul Magnette, afin d’offrir un nouveau visage à sa ville natale. « L’idée est de reconfigurer une ville ambitieuse. Ce que l’on devient, confie Pascal Verhulst, l’attaché à la Culture de la ville de Charleroi. Charleroi a toujours été le parent pauvre des médias locaux. Cela va changer. »
Repenser l’agencement et l’organisation des médias locaux représentait une véritable nécessité pour les autorités carolos mais c’est bien la RTBF elle-même qui est à l’initiative du projet.
Dans les coulisses des plateaux modulables de Télésambre.
Le tram carolo s’invite dans « Devoir d’enquête »
A Charleroi, la RTBF dispose de deux lieux de tournage détachés du bureau central. Le premier se situe aux studios d’animation et de production DreamWall, qui renferme le plus grand plateau virtuel d’Europe d’une superficie de 400 mètres carrés. C’est dans ces studios qu’était enregistrée « Le Jardin Extraordinaire« . Le second se trouve juste à côté de la gare centrale. De l’extérieur, le bâtiment semble d’ailleurs toujours appartenir à la SNCB. C’est au deuxième étage du bâtiment que se situent notamment les plateaux d’ »Un Gars, Un Chef » et de « Devoir d’enquête ». Les deux émissions nationales de la chaîne sont entièrement tournées dans le centre de Charleroi.
L’étage des plateaux anciennement utilisé comme réfectoire ne remplit pas les conditions idéales d’enregistrement. Des draps noirs occultants sont nécessaires les jours de beau temps pour recouvrir les fenêtres. La façade vitrée laisse entrevoir les trains qui passent juste en bas. De temps à autres, les bruits du tram interrompent le silence sacré du plateau de télévision. Si l’on est attentif, on peut percevoir les bruits de la ville en arrière-fond de certains numéros de « Devoir d’Enquête »… Comme un rappel que la ville n’est pas prête de pousser son dernier soupir. Charleroi, en pleine métamorphose, continue de faire retentir le son de sa ville jusqu’au boulevard Reyers.
Plus grand studio virtuel d’Europe, dans les studios de DreamWall.
Plateau d’enregistrement de l’émission “Devoir d’enquête” de la RTBF, à deux pas de la gare de Charleroi.
Améliorer la couverture de la région
C’est donc en quête d’une plus grande cohésion médiatique que la RTBF se serait lancée dans le projet du centre MédiaSambre, selon les dires de l’attaché à la Culture. Cela faciliterait notamment la centralisation des équipes pour améliorer la couverture de la région. « Une plus grandes collaborations est à espérer entre les médias locaux et la chaîne, explique Pascal Verhulst. Maintenant, c’est à la RTBF de décider quelle forme exacte prendra cette collaboration. »
Dernier checking des caméras et des micros avant l’enregistrement de l’émission « Devoir d’enquête ».
Salle de projection pour l’enregistrement d’émissions de la RTBF.
Une fusion et des questions
Peu d’informations ont déjà filtré sur les détails de la fusion. Certains journalistes s’interrogent, s’inquiètent même, de l’ampleur des bouleversements à venir dans la profession. L’ambiance à la rédaction de Télésambre est mitigée.
Pièce verte et intrigante des plateaux météos de la RTBF.
Loges et dressing des journalistes à la rédaction de Télésambre.
Le rédacteur en chef de Télésambre, Luc Maton – anciennement chez RTL – semble confiant quant à la future collaboration avec la RTBF. Pour lui, il s’agira d’un simple renforcement des échanges déjà existants entre les deux chaînes.
Certains journalistes appréhendent davantage le changement. Les différences de statut et de ligne éditoriale rendront, selon certains, une collaboration sereine très complexe à instaurer.