Le slam aura bientôt 30 ans et toutes ses dents. Il est arrivé en 1986 aux Etats-Unis, grâce à un ouvrier du bâtiment, Marc Smith. Son intention : dépoussiérer la poésie, la rendre plus accessible, moins élitiste.
Cette discipline oratoire parcourt le continent et atterrit chez nous, à Bruxelles, en 2001 grâce à l’ASBL Léz’arts Urbains entre autre. Et de Bruxelles à Charleroi, il n’y a qu’un pas. Dix ans plus tard, naissance du premier collectif carolo de slam : Goslam City. L’un de ses membres, Hakim Larabi, appelé « Chauve-sourit », vulgarise et dépoussière cette discipline empreinte de clichés.
Ces orateurs jouent avec le verbe, dansent avec les figures de style, jonglent avec les références littéraires. Sur scène, la mise à nu est inévitable, ils slament comme ils respirent. On porte un masque mais on baisse les armes. Caché derrière un phrasé, place aux libertés. Ces amoureux des mots déclament leurs maux. Exercice vital, thérapie verbale.
« Sans la culture, la liberté n’est rien »
A Charleroi, depuis environ quatre ans, on constate une explosion de la pratique du slam. Des passionnés, soutenus par les structures culturelles régionales, organisent des ateliers d’écriture, des scènes, des partenariats scolaires, des animations pénitentiaires. Le collectif Goslam City met un point d’honneur à l’éducation littéraire. Stop au décrochage socio-professionnel, feu vert à l’aide à la réinsertion.
Si cet art oral promeut l’oubli des barrières sociales, le slameur n’a aucun profil défini. Fabrice Laurent, directeur de l’Eden, centre culturel de Charleroi, témoigne de ses observations : « Il y a clairement une grande mixité des publics. On peut voir une vieille pensionnée qui va parler de son cancer. Un poète du dimanche qui déclame en wallon. Un jeune homme qui étudie les lettres. C’est de la poésie dans tous les sens et dans tous les styles ! »
Magicien du verbe
Envolées slamiques
Le mercredi, Hakim, bibliothécaire-documentaliste de formation, anime des ateliers de slam à la bibliothèque communale. Les participants, de tous horizons, arrivent au compte-gouttes. Dans un coin, un mur d’expression est installé. Sur une étagère, le comics de Batman est posé, « mon alter-ego ». Notre équipe s’installe, les règles du jeu sont exposées : « Vous allez aussi y passer ! » La pudeur préalable se dissipe, les plumes se délient, les mots défilent, la magie du slam opère.
David, alias Don D, est informaticien dans sa commune. Hier, poser sa vie sur papier lui paraissait impossible. Aujourd’hui, grâce à Hakim et Goslam City, il libère ses textes devant un public de 150 personnes. Sa sensibilité et son vécu touchent instantanément.