Depuis plusieurs années, Charleroi est en train de développer ses atouts culturels. Une initiative aux effets locaux mais aussi nationaux et internationaux. Le musicien Kid Noize, notamment, travaille actuellement sur un nouveau clip qui sera tourné à Charleroi. Il ressent un changement depuis plusieurs années : "Les jeunes, aujourd’hui, voient bien ce renouveau. Les choses changent à Charleroi par rapport à quand on était enfant. C’est un peu de cela que je m’inspire dans ma musique. »
Le musicien a décidé de réaliser son nouveau clip dans l’espoir de montrer la ville de manière plus positive. Il nous explique : « L’artiste qui choisit la facilité va montrer des images cassées, le côté sale de la ville. C’est facile de montrer des images trash de Charleroi. Montrer une image positive est beaucoup plus difficile mais, bien sûr, plus intéressant. » Cet état d’esprit représente la pensée générale des artistes de Charleroi. Ils désirent montrer un Charleroi qui est en pleine mutation, qui s’améliore, qui grandit, se développe, qui relance la culture et essaye de la faire tourner à plein régime.
Les jeunes, aujourd’hui, voient bien ce renouveau. Les choses changent à Charleroi par rapport à quand on était enfant. - Kid Noize, musicien
Cette volonté de développement culturel se fait aussi ressentir à travers la réhabilitation et le réaménagement de différents lieux culturels dans la ville : le BPS22 est en complète rénovation, le Rockerill travaille sur la réaffectation de lieux de concert dans l’usine, le musée des Beaux-arts va être rénové dans le cadre d’un projet européen, Charleroi-danses est en train de restaurer les écuries pour en faire des studios et des appartements. Enfin, une nouvelle salle du théâtre de l’Ancre va voir le jour.
"Les projets ne manquent pas"
Le prochain grand changement qui est en train de prendre forme est le projet du Quai10, complexe regroupant le cinéma d’art et essai et le gaming dans une même structure. Pascal Verhulst, conseiller culturel auprès du bourgmestre précise : « Les projets ne manquent pas. Il y a vraiment une logique de meilleure assise. Les ambitions des nouveaux directeurs des lieux dépassent la simple programmation. On veut que Charleroi devienne, à terme, une sorte de label, de ville résidentielle de création. » Car de la création, à Charleroi, il y en a ! De nombreux artistes viennent en résidence pour travailler sur leurs œuvres : « Le Vecteur est l’un des premiers lieux à avoir cet espace d’appartement en centre-ville », précise Pascal Verhulst. Maintenant, tous les autres vont en disposer. »
Les ambitions des responsables culturels dépassent la simple programmation. On veut que Charleroi devienne une sorte de label, une ville résidentielle de création.
Il n’y a pas que les artistes qui s’intéressent à la métamorphose de Charleroi, de nombreuses écoles ont mis en œuvre des projets en collaboration avec la ville : « Ça nous semble important d’avoir ces valorisations de liens et de déploiement intellectuel sur la ville. » Opérer un renouveau culturel est une véritable volonté de la ville de Charleroi. Paul Magnette, le bourgmestre de Charleroi et ministre-président de la région wallonne, a pris en charge les compétences culturelles, ce qui n’avait jamais été fait auparavant. Pascal Verhulst, son conseiller culturel, en parle : « Il est immergé dans le milieu culturel, il a les compétences et l’envie de valoriser des acteurs et des projets sur la ville. C’est une véritable révolution pour Charleroi. »
Que fait la Ville pour encourager les artistes carolos ?
« La Ville, par essence, n’est pas programmatrice d’événements. Elle est là pour faciliter, coordonner, permettre à des institutions de pouvoir fonctionner en attribuant des subsides ou du soutien matériel. Après, le fait de pouvoir avoir des gens qui vont ailleurs, comme Mochelant, ça dépend des choix qui sont opérés par les lieux qui les accueillent, que ce soit à Charleroi ou à l’extérieur. » La ville n’est donc pas un opérateur culturel mais elle investit dans les pôles culturels de Charleroi. Il est de la responsabilité des opérateurs culturels, au sens artistique, de favoriser l’émergence et le soutien des artistes carolos comme, par exemple, les centres culturels qui ouvrent leurs portes de plus en plus aux artistes carolos.
Cependant, le manque de soutien aux créateurs carolos se fait ressentir. Denis Dargent, coordinateur du PAC (Présence et action culturelle), confie que le milieu artistique est un milieu très difficile : « Chacun doit se médiatiser, c’est un peu darwinien ce milieu, on peut demander et vouloir de l’aide mais il faut surtout se battre et exister par soi-même. »
Le PAC apporte un soutien financier à des groupes de musique qui ont besoin d’aide ou qui veulent se produire. Il les aide et les suivent sur plusieurs années pour lancer leur carrière. Présence et action culturelle a notamment pris sous son aile Mochelan, un rappeur carolo qui perce et se produit maintenant dans de nombreuses autres villes de Belgique.
Qui finance?
La région wallonne et la fédération Wallonie-Bruxelles soutiennent certains déploiements mais la ville de Charleroi investit dans quelques projets, parfois totalement, notamment au musée des Beaux-arts et Charleroi-danses pour améliorer les conditions d’accueil. Il y a deux types de soutiens : un soutien exclusif de la Ville mais qui n’est pas un contrat-programme ou un contrat-programme avec plusieurs intervenants, par exemple, la région wallonne et la fédération Wallonie-Bruxelles. Les centres culturels sont obligés de conclure un contrat-programme avec leurs pouvoirs subsidiant pour définir les axes de travail du centre.