Il n’y a pas que physiquement que Charleroi change et évolue. Les mentalités aussi. Il suffit de parler avec quelques Carolos
(et en général, ils discutent volontiers) pour sentir que le vent a tourné. Aujourd’hui, les jeunes du Pays noir sont fiers de
leur ville et veulent lui insuffler un nouveau souffle.
C’est dans cette optique que Martin Deliège et sa bande de quatre amis ont décidé de lancer l’ASBL Wake Up Charleroi il y a
tout juste un an. Agés de 22 à 26 ans, ils ont décidé de mettre leurs idées en commun afin de participer à la redynamisation
du coeur de Charleroi : « On trouvait important que la population continue de fréquenter le centre-ville et qu’elle
puisse voir l’évolution des travaux, donc on a décidé de créer les apéros urbains pour rassembler les Carolos en toute convivialité.Et puis, c’est le cœur qui parle. On est carolos et fièrs de l’être. On a simplement envie de montrer à d’autres personnes que
Charleroi est une ville qui bouge. En tant que jeunes, on trouvait qu’on avait vraiment notre rôle à jouer. »
Ces apéros, bien que ponctuels, permettent à la ville de sortir de son hibernation pendant un temps. Si, au début, l’événement
visait un public assez jeune, permettant aux étudiants aux quatre coins de la Belgique de se retrouver, il attire maintenant un
public beaucoup plus large : « La majorité des participants ont une trentaine d’années mais il y a aussi des plus jeunes et
des moins jeunes. Peu importe son âge, ce qui fait le Carolo, c’est son amour pour sa ville et l’envie de se la réapproprier.
Il y a eu des moments difficiles à Charleroi ces dernières années mais aujourd’hui, la population voit le potentiel de la ville,
les gens s’unissent et ont envie ensemble de recréer quelque chose et je crois que c’est ça qui va faire la force de Charleroi à
l’avenir».
Les gens n’attendent que ça
Un avis partagé par Corinne Clarysse et Nicolas Belayew, qui après dix ans à Bruxelles, ont décidé de revenir s’installer à
Charleroi où ils organisent « 6001 is the new 1060 », une expo-vente autour de la création artistique et artisanale.
Ils expliquent : « Il n’y a quand même pas tant d’initiatives que ça mais celles qui existent peuvent aussi donner des idées
à d’autres. Ce qui est sûr, c’est que le public suit, les gens n’attendent que ça. Quand on a lancé la première édition,
on pensait avoir 200 personnes maximum. A Bruxelles, j’en avais à peine 100. Ici, on a eu un bon milliers de visiteurs.
C’est là qu’on s’est rendu compte que les gens voulaient que des trucs nouveaux se passent. »
Si dans le contenu, le but de l’exposition n’est pas une ode à Charleroi (les artistes viennent d’un peu partout et ne
travaillent pas forcément sur Charleroi), son nom et sa position en ont fait finalement un évènement en faveur de Charleroi :
« On a des gens du quartier mais aussi de Lille, Liège, Bruxelles… Du coup pour une après-midi, ça en fait un point de
rendez-vous et de rencontres. Les gens se retrouvent, discutent et voit la ville peut-être d’une manière dont ils n’ont pas l’habitude, ils la vivent différemment. »
"Cette ambiance-là, ça donne une impression d’un évènement qui, a priori, se passerait à Saint-Gilles à Bruxelles et là on le transpose. Ça peut aussi se dérouler à Marcinelle qui, à la base, est une commune assez résidentielle où il n’y a pas grand-chose
qui se passe. Du coup, les gens qui sont là visitent la ville dans laquelle a priori ils ne viendraient pas. A la base, on n’avait pas l’intention de le faire pour revaloriser la ville et finalement ça a aussi cet effet-là. C’est chouette ! »