Il est 17 heures à Charleroi. Rue de Marchienne, dans la ville basse, le Bar des Anges et sa devanture rouge. Véronique, la patronne, est derrière son comptoir, son bar vient de rouvrir. Il a été déplacé de quelques mètres car le propriétaire de l’ancien bâtiment a décidé de vendre.
Aujourd’hui, c’est le jour de la réouverture. Les habitués sont là, les ouvriers terminent les derniers travaux. Véronique tient son bar depuis toujours. Avant, c’était un bordel, un bar à filles. Maintenant, il n’y a plus que des hommes qui s’y retrouvent l’après-midi. « Eexxx ! La vérité vient d’en haut ! » Youssef entre dans le bar, c’est sa façon de tous les saluer. Ils rigolent.
Aujourd’hui c’est jeudi, ils se retrouvent tous au Bar des Anges puis ils iront au Rockerill, une vieille usine transformée en boîte de nuit. Le grand barbu balèze derrière le comptoir, c’est Brian, le fils de Véronique. Il est tatoueur. Tous les jours, il aide sa mère au bar. Charleroi, il y a passé sa vie. Il ne pourrait pas vivre autre part. Quand il part, il a le mal de sa ville, il veut rentrer.
Leur histoire, c’est aussi celle de Bruno, de Nicolas, de Max, de Louis et de tous ceux qui sont dans ce bar. Ces Carolos, fiers d’être nés à Charleroi, ne partiront pas. Aujourd’hui, leur ville se métamorphose sans eux. Les nouvelles esplanades, les nouveaux quais, les nouvelles places, les centres commerciaux ont beau fleurir en ville, beaucoup pensent que ce n’est pas pour eux.