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La rue de Châtelet
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Industrie à recycler

Le poumon noir wallon. Ce n’est pas par hasard que l’on caractérise ainsi Charleroi, une des villes les plus polluées en Belgique. Cependant, depuis 2009, la ville est entrée dans une phase de réhabilitation. Le but : dépolluer les anciennes friches industrielles, indispensable pour un pays qui ne se veut plus être aussi noir qu’auparavant.

par Grégory Sacré, Margaux Schild, Aline Tong et François Witvrouw

Annick Marchal, de l'ASBL Espace-Environnement, décrit l'attachement des citoyens pour certains vestiges de l'industrie.

Choix des sites
par l’IGRETEC

C’est en 2002 que l’IGRETEC, l’intercommunale qui s’occupe de la dépollution des friches industrielles dans la région de Charleroi, choisit le site de la fonderie Léonard Giot comme zone prioritaire à réhabiliter. « Être dans une zone à vocation économique et disposer d’une bonne accessibilité en matière de transport sont les deux critères principaux dans notre choix des friches industrielles à réhabiliter », déclare d’emblée Nicolas Mairy, conseiller en développement territorial à l’IGRETEC. « Détecter les zones avec un potentiel pour y développer des activités économiques, c’est mon quotidien », ajoute-t-il fièrement.

L’IGRETEC, en qualité d’intercommunale, agit donc en amont comme un référent dans l’inventaire des friches dans la région. « Quand un site nous intéresse, on le propose à l’inscription sur la liste fournie au gouvernement wallon et c’est alors celui-ci qui prend la décision finale », explique Nicolas Mairy. Dans le cas de la fonderie Léonard Giot, l’ancien site sidérurgique avait été répertorié comme l'un des quinze SAED (sites d'activité économique désaffectés) à traiter en priorité.

Sélection par la Région Wallonne

Il y a un peu plus d’un an, le président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker, annonçait un plan de relance doté d’une enveloppe de 300 milliards d’euros. Dans le cadre de ce plan, la Banque Européenne d'Investissement a proposé de constituer une réserve de projets d’investissements pouvant être rapidement mis en œuvre et qui correspondent aux priorités stratégiques fixées par l’Union, à savoir, les transports, les infrastructures sociales et les ressources naturelles et l’environnement.

Le Gouvernement wallon a alors présenté une liste de projets d’investissement, avec, comme un des thèmes principaux, la réhabilitation des friches industrielles. C’est pourquoi il lance régulièrement des appels à travers l’ensemble de la Wallonie pour recenser les friches à réhabiliter. « Chaque opérateur peut donner sa liste et c’est ensuite au gouvernement wallon de retenir ou pas les différents sites », déclare l’agent de l’IGRETEC. La fonderie possédait les deux grandes qualités requises. Elle est sur un emplacement particulièrement stratégique en terme de transport et dispose d’un fort potentiel économique.

Début du travail de dépollution
par la SPAQUE

Quand le gouvernement a établi la liste définitive des sites à réhabiliter, c’est la SPAQUE, entreprise spécialisée dans la dépollution de friches industrielles, qui s’engage à assainir chacun des sites. « Nous sommes habilités à intervenir sur des friches lourdement polluées », explique Jean-Frédérick Deliège, responsable de la communication chez SPAQUE. « Notre travail consiste en quatre phases : déterminer les zones polluées, inventorier les polluants présents sur le site (hydrocarbures, huiles minérales, métaux lourds), préciser le nombre de mètres cubes de terres polluées à éliminer et les envoyer au centre de traitement », ajoute-t-il. En 2004, la SPAQUE estimait les premiers volumes de déchets à enlever du site de l’ancienne fonderie mais c’est en 2010 que les premiers véritables travaux de dépollution ont commencé.

On dépollue toujours un site en fonction de son affectation future. Ainsi, on dépolluera beaucoup plus en profondeur un site dédié à une entreprise qui est ouverte 24 heures sur 24, qu’une entreprise qui l’est 8 heures par jour. « On va dire aux dirigeants de l’entreprise d’installer le parking dans les zones qui resteront plus polluées alors que les bureaux seront établis là où c’est le moins pollué », explique Jean-Frédérick Deliège. Il ajoute d’ailleurs : « plus la présence va être permanente et importante sur le site, plus le site va être dépollué ».

Voici les 10 sites dépollués par l'entreprise à Charleroi :

Reconstruction par l’IGRETEC

C’est comme cela qu’en 2013, quand la SPAQUE a eu terminé la dépollution des 56 000 mètres carrés, l’IGRETEC a repris possession du terrain et va, dans les prochains mois, y commencer des travaux d’aménagements afin de créer une micro zone d’activités économiques. L’ancien bâtiment administratif de la fonderie (conservé pour sa façade de style néoclassique industriel) sera restauré et intégré à un « hall relais » qui accueillera de jeunes entrepreneurs désireux de lancer leur propre entreprise. Ce bâtiment sera composé d’ateliers et de bureaux administratifs. Des TPE (très petites entreprises) et des PME viendront également s’implanter sur le site, ce qui devrait générer environ 80 emplois directs, selon l’IGRETEC.

Cependant, l’IGRETEC n’est pas l’unique opérateur à proposer des sites à la région wallonne. D’autres travaillent également en partenariat avec l’entreprise de dépollution, comme des opérateurs de logements ou une commune qui pense avoir trouvé un terrain avec du potentiel et qui aimerait le proposer à un investisseur privé. D’ailleurs, en dehors des projets menés par IGRETEC, la partie ouest de l’ancienne fonderie est, quant à elle, destinée à accueillir de l’habitat.

Tous les sites ne sont pas dépollués pour recevoir de nouvelles constructions. Certains sites seront réhabilités uniquement en espaces verts, ce qui n’est pas le cas d’IGRETEC, dont la vocation est de fournir des infrastructures pour le monde économique. « Le logement, le commerce et les espaces verts sont laissés à d’autres acteurs du développement territorial de la région de Charleroi », explique le conseiller en développement territorial.

La rue du Châtelet en images :