La construction d’un skatepark à Charleroi n’est pas une idée qui date d’hier. Depuis quinze ans déjà, des projets ont fleuri sans jamais vraiment se concrétiser. Des ébauches qui ont slalomé entre la corruption, les abandons et les faux espoirs. Retour sur une histoire bien belge.
Un projet de longue date
Après de nombreuses années de demandes sans réponse émanant des skateurs carolos, c’est au début des années 2000 que le premier projet de construction d’un skatepark outdoor voit le jour à Charleroi. Le projet est rapidement approuvé par l’échevin des Sports de l’époque : Bernard Van Dyck. Un endroit est trouvé près du rond-point Couillet. Un budget de 40.000 euros est débloqué pour le financer. Il ne reste plus qu’à demander le permis de bâtir. Mais ce ne sera jamais fait car nous sommes en 2005, l’année où les affaires de corruption éclatent à Charleroi.
Un skatepark outdoor qui tarde à s’installer
Il faut attendre les élections de 2012 et le nouvel échevin des Sports pour qu’un projet de skatepark refasse surface à Charleroi. Mais le projet est difficile à concrétiser. En effet, dans cette ville où fleurissent de nombreuses constructions, il est difficile de trouver un lieu adapté à ce genre de sport. C’est tout d’abord une installation sur le square Pinkers, en face du Palais des expositions, qu’un terrain est envisagé. Mais après calculs, le montant pour les travaux qui doivent être effectués est beaucoup plus élevé que ce que la Ville est prête à donner. Les adeptes se sont donc, une nouvelle fois, réjouis trop vite.
L’idée de s’installer sur l’immense esplanade qui entoure l’Hôtel de police est émise lors d’un conseil communal, mais elle est vite réfutée par Paul Magnette qui estime que même si le profil est idéal, le revêtement en brique rouge n’est pas adapté.
Retour à la case départ. Une ultime piste est envisagée, s’installer sous le Ring. Mais les cloches sonnent déjà, l’endroit ne serait pas assez sécurisé. Le projet n’est pour l’instant pas abandonné mais aucune deadline n’a été définie. Autant dire que ça sent déjà le roussi.
Un skatepark indoor, oui mais…
Fatigués d’attendre et persuadés de la complémentarité entre un skatepark outdoor et une structure intérieure, un groupe de jeunes a décidé de prendre les choses en main. Maxime et Rodrigue sont frères et ils travaillent tous les deux avec leur père au sein de l’asbl « Kangourou Trial Club ». C’est grâce au club, déjà bien ancré dans le paysage sportif carolo qu’ils ont réussi à avoir la crédibilité et la légitimité nécessaire pour avoir l’appui de l’échevin des Sports, Philippe van Cauwenberghe.
Tous les partis politiques s’accordent pour dire qu’un terrain d’entraînement intérieur est nécessaire pour pouvoir pratiquer la discipline toute l’année. Après de nombreuses visites, c’est finalement un bowling désaffecté qui se trouve sous le Palais des expositions qui est choisi pour installer le fameux skatepark. Motivés, les jeunes skateurs commencent rapidement les travaux de déblaiement. Quelques semaines plus tard, c’est une nouvelle surprise qui tombe sur les jeunes kangourous. Lorsque l’échevin des Sports a autorisé l’installation du club à cet endroit, c’était sans les prévenir que le Palais des expositions avait d’autres projets pour cet espace…Un Palais des expositions en métamorphose
Charleroi Expo est la plus grande infrastructure de son genre en Wallonie. Mais certaines installations se font vieilles et la société qui gère les bâtiments réclame des rénovations au propriétaire des lieux : la Ville de Charleroi. L’appel, peu écouté, a finalement trouver des fonds débloqués par l’Union européenne. Le montant des subsides est encore inconnu, mais la société rêve déjà d’un nouveau parking intérieur, en lieu et place du skatepark qui n’est encore qu’un fœtus. Le montant sera connu d’ici fin juin 2015 et les travaux, si les fonds sont accordés, ne débuteraient qu’en 2016. Si l’argent n’est pas débloqué, le projet de parking tombe à l’eau et le skatepark pourra rester en place. Mais il en faut plus pour décourager Maxime et Rodrigue, qui ont décidé de continuer le chantier quoi qu’il arrive, pour prouver qu’ils veulent, eux aussi, une place dans le nouveau Charleroi.