Les Carolos et leurs médias de proximité, c’est avant tout une histoire de cœur… Pourtant, sur leur forme, les avis divergent. Le projet Mediasambre, au centre des innovations en cours à Charleroi, saura-t-il s’imposer et changer la donne, en prenant ses quartiers Place de la Digue ?
La rue de Dampremy est un piétonnier commerçant bien connu en plein cœur de la ville basse de Charleroi. En ce mercredi matin de novembre, les décorations de Noël sont déjà installées, mais l’ambiance est assez calme. Les quelques passants ne s’attardent pas, chassés par la pluie et le froid. La rue débouche en forme de goulot sur la Place de la Digue, un large espace dont le revêtement clair reflète une grande luminosité, même par mauvais temps. Cette place, les autorités politiques de la ville, avec l’aide des acteurs culturels, aimeraient en faire un nouveau foyer de la vie active à Charleroi… Au programme, notamment, le projet Mediasambre, dont le bâtiment en construction se dresse sur la gauche de la place.
Des ouvriers s’affairent à l’édification de ce nouveau géant médiatique qui verra le jour en septembre 2017. Il regroupera les équipes et les infrastructures de la RTBF et de Télésambre, la télévision locale, avec deux objectifs principaux. La rationalisation des investissements, d’une part, l’amélioration des synergies entre ces deux médias d’autre part. Muriel Evrard est directrice de développement chez Télésambre : « Amener les médias sur la Place de la Digue devrait logiquement renforcer les efforts de l’échevine des Fêtes pour en faire un lieu d’animation incontournable. » Mme Evrard parie sur une proximité renforcée entre les Carolos et leurs médias. D’autant qu’à ce jour c’est davantage les quotidiens régionaux, « La Gazette » notamment, qui constituent les médias d’information principaux pour les habitants de Charleroi…
Pour renforcer les liens, une « maison des médias » va même être ouverte dans l’entrée du bâtiment : « Elle sera accessible à tous et orientée sur l’éducation aux médias. » Pour l’heure, l’ambiance qui règne sur la place est plutôt calme en attendant l’ouverture toute proche du marché de Noël. Celui-ci côtoiera les établissements parsemés autour de la place : un coiffeur, une brasserie, un magasin d’alimentation, un snack, des restaurants… Ils semblent attendre un nouveau souffle.
Muriel Evrard, elle, est convaincue que le projet Mediasambre va « amener de la vie, de l’animation, du passage, des personnalités… et des travailleurs donc aussi des consommateurs ! »
Ce renouveau, les commerçants n’y croient pourtant qu’à moitié et ont du mal à en parler… « Je suis très inquiète, confie Jeannine1, la fréquentation de cette place a diminué, beaucoup de commerçants ont dû fermer… J’espère bien entendu qu’à la fin des travaux, nous retrouverons une fréquentation égale voir supérieure à celle qu’il y avait avant les travaux, mais je n’y crois guère. » Même son de cloche chez un autre commerçant qui se montre encore plus dur avec les autorités politiques : « C’est du n’importe quoi ce qu’ils ont fait ici ! Les voitures ne peuvent plus passer, le parking souterrain est trop cher… Nous avons voulu faire une pétition, la moitié des commerçants n’ont pas osé la signer et elle n’a pas eu d’effet. »
Beaucoup de commerces ont fermé leurs portes sur la Place de la Digue
Pourtant, du côté des jeunes organisateurs des apéros urbains « Charleroi Wake Up », on est convaincu que la rénovation de la place va apporter un réel renouveau à un quartier réputé « mal fréquenté ». « Des aménagements sont encore nécessaires, mais la Place de la Digue pourrait constituer le nouveau centre névralgique de la ville puisqu’elle est située à proximité des axes principaux. Il est vrai qu’il est possible de faire mieux, il faut cependant laisser le temps faire son œuvre afin de pouvoir identifier clairement l’impact des aménagements. » Selon eux, la dynamisation de la ville est indéniable, « il suffit d’entendre les commentaires des Carolos. » Tout dépend desquels pour l’instant…