En plein centre-ville de Charleroi, le défilé des grues et des pelleteuses bat son plein depuis maintenant plusieurs années. En pleine reconstruction, l’ancienne cité industrielle s’est transformée en un décor de chantiers inondant le paysage urbain. Usines désaffectées, vieux débris et dédales ferroviaires, ici l’environnement semble loin d’être bucolique. Difficile de repérer la verdure dans un cadre si grisâtre.
A travers sa métamorphose spectaculaire, Charleroi verdit peu à peu son image. Afin d’atténuer l’effet déprimant du béton, des usines désuètes et de la circulation automobile, des citoyens se rassemblent pour apporter un souffle plus pur à la ville. Jardins partagés, « grainothèques » et autres initiatives citoyennes se mettent en place pour pérenniser la diversité et faire régner le vert au Pays noir.
Serge : aux petits soins du jardin partagé de la Broucheterre
Le jardin partagé de la Broucheterre est une première au cœur de Charleroi. Il permet aux voisins de posséder un peu de verdure dans leur quotidien. Le travail est bénévole et le jardin appartient à la collectivité. Il en existe treize sur le territoire carolo. Portrait de Serge, un homme qui offre son temps pour embellir sa ville.
Des moineaux dans la ville
Ramener les moineaux en ville, c’est le défi que l’équipe de Charleroi nature (Chana) s’est donné. Ses membres travaillent en partenariat avec Aventi, une asbl d’insertion socio-professionnelle. Ensemble, ils ont construit une dizaine de nichoirs qu’ils ont placés au parc Reine Astrid.
Espace Environnement, un soutien pour citoyens motivés
Nicolas Rochet s’occupe de l’urbanisme et du développement à l’Espace Environnement de Charleroi. Dans un entretien avec le travailleur, il décrit les citoyens carolos comme volontaires et mobilisés. Ils tentent de s’insérer dans le débat politique en ce qui concerne leur environnement de vie. Par contre, au sujet des projets d’envergure, les habitants seraient moins présents. Parfois à cause de la désillusion et parfois peu ou pas au courant des lancements de grands projets. Les projets européens, par exemple, se font souvent avec une grande rapidité et la consultation publique n’a pas toujours le temps de se faire.
Plus de vélos chez les Carolos
Dans sa phase de reconstruction, Charleroi se veut plus verte et plus respectueuse de l’environnement en réconciliant la ville avec l’écologie à travers un urbanisme durable. L’une des priorités, faire en sorte que les Carolos troquent leur voiture contre une bicyclette ! Pour implanter le vélo à Charleroi, le Groupe de recherche et d’action des cyclistes quotidiens (Gracq) a formé une locale afin de sensibiliser les citoyens et faire pression sur les pouvoirs publics en matière de mobilité douce. Leur mission : inciter les Carolos à monter sur leurs vélos.
En bordure de route et dans les quartiers du centre-ville, rares sont les pistes cyclables mises à la disposition des pédaleurs. Dans le brouhaha incessant des voitures et des marteaux-piqueurs, le tintement du klaxon à vélo se fait des plus discret. Force est de constater que la petite reine est loin d’avoir la cote au sein de l’ancienne cité ouvrière. Ce n’est que depuis quelques années, et notamment depuis l’arrivée de Paul Magnette aux commandes de la ville, que le vélo attire pour la première fois l’attention des pouvoirs publics. En octobre dernier, le plan communal de mobilité de Charleroi réclamait la création de 800 places de parking dédiées aux vélos. À l’origine de cette réclamation : le Gracq. L’asbl continue aujourd’hui de dénoncer haut et fort le manque d’infrastructures favorisant l’utilisation du vélo.
Un retard catastrophique par rapport aux autres villes
Pour pallier le manque de vélos dans les rues de Charleroi, la locale carolo du Gracq met en œuvre toutes une série d’initiatives encadrées par une dizaine de bénévoles. Leur objectif principal étant de sensibiliser les citoyens pour qu’ils enfourchent leurs vélos : dans un premier temps pour de simples balades, dans un second temps pour faire leurs courses ou se rendre jusqu’à leur lieu de travail. Malheureusement, la tâche est loin d’être aisée. Pour Hélène Moureau, responsable du Gracq à Charleroi, l’un des principaux freins au développement de la mobilité douce, c’est la communication. « En ce qui concerne l’environnement, à Charleroi, il y a un retard assez catastrophique je trouve. Le gros problème de la ville est qu’il y a des choses qui se passent, mais qu’il n’y a aucune communication sur ces initiatives. »
Des cyclistes mal à l’aise, un souci de l’environnement modeste, Charleroi tente tout de même de redorer son image avec une touche de vert. « Il y a des choses qui changent petit à petit. Par exemple, avant, quand on venait parler des vélos aux politiques, rares étaient ceux qui nous écoutaient. Aujourd’hui, c’est différent, ils sont plus ouverts. Magnette encourage réellement le vélo dans Charleroi. Aujourd’hui, il y a quelqu’un dans son cabinet qui s’occupe de tout ce qui est communication autour du vélo, on l’appelle Madame Vélo ! » précise Hélène Moureau.
Le vélo en ville, c’est avant tout culturel
Un manque d’information publique, un taux de chômage élevé, la préoccupation des Carolos pour l’écologie n’est pas des plus hardie. Bien qu’aujourd’hui, les vélos se sont adaptés au paysage urbain, il reste difficile pour les locaux de pédaler dans une ville en plein chantier. « À Charleroi, on part vraiment de rien. Je pense que c’est en partie dû à un certain manque d’éducation. Le fait qu’il y ait moins d’universités ou d’écoles supérieures ici, c’est un autre public, il n’y a rien à faire », estime Hélène Moureau.
Petit à petit, le Gracq ainsi que d’autres asbl préoccupées par l’environnement tentent de faire avancer les choses et de rattraper le gouffre qui s’est creusé entre citoyens et pouvoirs publics. « Ce n’est pas difficile d’adopter le vélo dans une ville comme Charleroi. J’estime que c’est avant tout culturel et que notre devoir est d’inviter tout le monde à s’y mettre réellement. » Si à l’heure actuelle, l’espoir de voir les vélos défiler abondamment dans les rues de la ville reste mince, Hélène Moureau se veut optimiste : « Ça ne peut qu’e s’améliorer. De toutes façons, il faut garder espoir sinon après, on ne fait plus rien ! Il n’y a plus qu’à démissionner et à rentrer chez soi. »