Six mois et cinq bénévoles par jour pour construire le rêve de Maxime Timellini, membre de l’ASBL « Kangourou Trial Club ». Âgé de la vingtaine, il a décidé de créer un abri pour les skateurs, habitués à trainer dans les rues. Le West Station Indoor Skatepark de Charleroi est devenu désormais le lieu où tous les fans de sports extrêmes se retrouvent.
L’ancien bowling sous le Palais des Expositions a été remis à neuf. On y pénètre non plus par des marches, mais par une rampe. Le West Station Indoor Skatepark nous emmène dans un lieu dédié aux sports de rue. Le parc est construit en matériaux de récupération : « Tout le bois a été récupéré, nous avons même repris une piste de bowling pour l’utiliser comme rampe », explique Maxime, gérant du skatepark.
Des stéréotypes à briser
Entre la gestion du complexe et de sa passion, ce jeune trouve l’équilibre : « Quand j’ai du temps et de l’espace pour moi, j’en profite pour faire quelques rides.» 2000 m² d’espace et huit mètres de plafond, les riders et les skateurs glissent de rampe en rampe. « Ce n’est pas seulement un amusement de rebelles, mais aussi un sport à part entière, ils ne sont pas en compétition, ils roulent pour le plaisir », précise Roberto Timellini, président de l’ASBL et père de Maxime. Contrairement aux clichés de type « bad boys » répandus à leur sujet, les skateurs veulent briser les stéréotypes ; c’est un sport accessible à tous : petits et grands prennent tour à tour leurs marques sur les pentes.
« Il fallait faire quelque chose ». Il l’a fait ! Maxime a trouvé son idée en or. Avec l’aide de son frère Rodrigue et plusieurs membres de l’association, le premier et le plus grand skatepark de Wallonie est né ; le West Station Indoor Skatepark a ouvert ses portes un mois plus tôt. L’aval de l’échevin des Sports, Philippe van Cauwenberghe, a été nécessaire pour les jeunes. « Il s’est intéressé à un projet qui lui tenait à cœur car il était lui-même skateur étant jeune », confie le président. Le lieu idéal trouvé, les travaux se sont finis en octobre dernier : « Les derniers jours, on travaillait d’arrache-pied, parfois jusque quatre heures du matin », raconte avec fierté Roberto Timellini. Histoire de famille donc ! Quand le père se trouve derrière le comptoir à servir des boissons aux clients, Maxime est en action, sur son vélo, et accompagne les débutants et les habitués.
Pour financer l’idée, Maxime et d’autres skateurs ont créé un crowdfunding, une plateforme qui a permis aux citoyens de financer le Skatepark : « Nous avons récolté 4.000 euros, c’est bien plus que ce que nous espérions », explique Roberto. En plus d’un nouveau lieu de détente, Charleroi ajoute une nouvelle corde à son arc : « Le parc apporte une chose en plus à la métropole », estime Maxime, « ce n’est plus une ville noire, c’est une ville qui repart de plus belle. L’image de la localité se redore peu à peu. »
« Skatons » en famille
Le skate est aussi une affaire de famille. Milo, sept ans, est accompagné de ses parents et de sa petite sœur de deux ans. Tous sont mordus de skate : « C’est le plus beau jour de sa vie », clame sa maman. « Nous lui avons offert une planche de skate pour ses trois ans, il s’entrainait dans le jardin, dans la rue … Et depuis, il ne la lâche plus. Aujourd’hui c’est sa petite sœur qui veut l’imiter. » Les deux pieds sur sa planche, et avec l’aide de sa maman, elle glisse comme une future skateuse.
Des mains tendues ont aussi été la clé de la construction du parc. Nombreux skateurs, riders et citoyens ont mis la main à la pâte en travaillant bénévolement. Bryan se passionne pour le skate et fait partie des volontaires : « J’ai aidé à la construction des modules, à casser le bois et à retirer les clous. » En guise de remerciement, il a reçu un abonnement et glisse, depuis lors, trois fois par semaine.
Leur présence en rue reste de mise
Les skateurs ne désertent pourtant pas les rues de Charleroi. L’hiver est consacré à l’entrainement et ils exposent leurs progrès sur la chaussée dès l’été. Le ministère des Finances et la tour de Police restent des endroits clés pour les skateurs. Selon la police, que nous avons rencontrée, ils ont le droit de s’amuser devant la tour. Mais les skateurs affirment, quant à eux, qu’ils doivent souvent évacuer les lieux. Nous supposons donc que cela dépend de l’humeur de l’agent de police …
Le projet du West Station Indoor Skatepark a pris vie grâce aux jeunes Carolos de l’ASBL « Kangourou Trial Club ». Avec leur rêve réalisé, ils donnent des idées aux autres citoyens pour redynamiser la ville de Charleroi.