Anima ou le Brussels short film festival ne se résume pas qu’à des projections de films d’animation. Projets, rencontres et conférences sont également proposés pendant ces 10 jours de festival haut en images.
Ce jeudi, la conférence Getting your animated film out there : the do’s & don’ts a pris place au studio 1 de Flagey. Ce workshop, intégralement en anglais, est organisé sous l’impulsion de la Creative Europe MEDIA Desk Vlaanderen, organe qui soutient le développement et la production de films d’animation européens. Cette conférence s’adresse principalement aux étudiants (et professionnels) et a pour but de leur montrer le processus de fabrication d’un film d’animation. Ainsi sont réunis en un même lieu :
- Eric Goossens, producteur d’animation belge réputé,
- Sydney Neter, sales agent,
- Marc Roels et Emma de Swaef, réalisateurs belges du court-métrage Oh Willy…, nommé pour le césar du meilleur film d’animation en 2013.
Pendant près de deux heures, dans une salle comble, les invités ont expliqué tour à tour leurs attentes et leurs expériences dans le vaste univers de l’animation. Eric Goossens, a mis en avant les stratégies de sa boite de production : une sélection ardue des projets proposés, l’importance de la co-production (au niveau du financement) mais on retiendra surtout ces propos « on peut faire des erreurs techniques dans la réalisation, ce n’est pas grave tant que l’histoire est bonne. Tout est dans l’histoire ».
Sydney Neter débute son intervention par le visionnage du court-métrage A single life. Production néerlandaise de 2 minutes, le mini-film met en scène une jeune femme qui détient le pouvoir de voyager dans sa propre vie. Après la projection, le sales agent émet directement son avis : « en termes de storytelling, le film est parfait. Mais en termes de rentrées d’argent, ça ne va pas ». Pourquoi ? La durée importe dans ce milieu. Quand le réalisateur est payé par minute, plus le film est court, moins le revenu sera élevé. Car l’argent reste un problème de taille dans l’industrie du film d’animation.
Le cas d’Emma de Swaef en est un parfait exemple. Leur film d’animation Oh Willy…, entièrement constitué en laine, a en réalité subi beaucoup de rejets pour son financement. La jeune directrice et son partenaire Marc Roels ont dû travailler avec un budget très serré. Malgré l’aura international de leur court-métrage, il aura fallu beaucoup de détermination pour atteindre ce niveau. « Le film a souvent été rejeté par les festivals, notamment parce que personne ne savait qui on était ». Mais l’espoir renait lorsque Oh Willy… se voit sélectionner par le Festival International du Court Métrage de Clermont-Ferrand. « On n’a pas fait le buzz, ni gagné de prix mais c’était déjà une belle reconnaissance ».
“Un manque cruel de visuel”
Durant toute leur prise de parole au Studio 1, Emma de Swaef détaillait, images à l’appui, le making of de leur production : du design de leurs personnages aux prises de vue. Ce seront malheureusement les seules illustrations du workshop.
La mission de la Creative Europe Media a-t-elle été remplie ? Réponse mitigée. Silence glacial de la part des étudiants tout au long de la conférence, quelques interventions par ci, par là… Les interactions se limitent aux questions posées entre les invités mêmes. Cette faible réception s’explique en grande partie par la barrière de la langue. Des étudiants en BAC3 de l’Athénée Albert Jacquard s’expriment « l’anglais nous a fait décrocher. Ca aurait été mieux en français mais quand bien même, il manquait cruellement de visuel ». Et c’est vrai. Là où l’on s’attendait à une explosion d’images nous expliquant la fabrication de A à Z d’un film d’animation, il n’en est rien. « Cette initiative est chouette mais elle n’est pas utile pour nous, maintenant », explique une étudiante en animation. Le workshop s’est finalement plus penché sur la question du financement que sur celle de la fabrication de dessins animés.
