Les cordonniers sont renommés pour leur savoir-faire et leur travail sur les matières telles que le cuir. Mais ils ne sont plus ce qu’ils étaient auparavant. Du point de vue du professionnel, il est devenu rare que les enfants suivent les traces de leurs parents.
C’est le constat que pose Eric, cordonnier et couturier. Son visage marqué par toutes ses années de labeur renvoie l’impression que ce métier n’est pas chose aisée. Et pourtant. Quand il travaille le cuir derrière son comptoir, il donne l’impression d’assister à une scène artistique.
Dans sa petite boutique de Woluwe-Saint-Lambert, invisible pour certains et pratique pour d’autres, son atelier n’a pas changé depuis 55 ans. De nombreux outils, du matériel de couture et des formes ayant façonnées des milliers de paires de chaussures font partie de l’histoire du lieu.
Le plastique remplace le cuir
Depuis qu’il est dans l’affaire, il constate que les mentalités changent. Les cordonniers sont membres d’une profession en voie de disparition. Les gens sont davantage intéressés par le jetable. Ce sont les marques qui intéressent les gens même si c’est en plastique. Les choses faites de manière artisanale n’ont plus autant de considération qu’avant.
La transmission d’un métier de génération en génération se fait de plus en plus rares. Actuellement, nombreux sont ceux qui font des études. Le choix d’une orientation est devenu trop vaste, selon Eric. Alors qu’avant, certains avaient la chance d’avoir un père boucher, boulanger, cordonnier…
Il raconte aussi qu’on ne pense jamais à dire de père en fille lorsqu’on évoque ces métiers, ce qui est inhabituel. Ce qui est difficile dans ces situations-là, c’est d’être le patron de son enfant. Eric repense à son père qui lui dictait des ordres pour lui apprendre le métier. Par la suite, Eric a appris à sa femme à coudre de sorte qu’aujourd’hui il s’occupe plus des chaussures et elle de la couture.
« Il faut aimer son métier pour le faire »
A la base, Éric a fait des études de mécanique. C’était l’époque à laquelle les études se démocratisaient. Son père étant cordonnier et lui voulait prendre une autre voie. Mais il a dû aider son père qui était souffrant et, dans la foulée, reprendre l’affaire familiale. Il a ainsi abandonné son rêve initial.
Pour la descendance d’Eric, la situation sera différente. La boutique de cordonnerie ne suivra plus les descendances puisque le choix est désormais possible. « Il faut aimer son métier pour le faire », indique-t-il, passionné.
Au terme de cette rencontre, il tient à nous remercier d’avoir abordé ce côté-là du métier, un aspect dont les personnes ne se préoccupent plus.
Portrait réalisé par Mathilde Thienard