Le KIKK Festival est l’occasion pour des artistes et inventeurs du monde entier de se réunir et de partager leurs savoirs. Parmi ceux-ci, Agi Haines est une anomalie, un hybride entre le savoir et l’art. Agi Haines est une designer graphique originaire d’Angleterre qui s’est retrouvée, un peu par hasard, dans une branche atypique : le design basé sur la morphologie. En d’autres termes, elle s’intéresse à l’impact des technologies biomédicales sur la forme humaine.
L’objectif de sa conférence est de mettre à jour le rapport entre la technologie, le design et le corps humain. La designer entame donc sa présentation en indiquant ses influences dans une ambiance joyeusement morbide. Celles-ci justifient ses recherches autour du corps puisque, depuis longtemps, l’humain a été fasciné par la découverte de son propre univers physiologique. L’Homme a ainsi découvert que le corps est capable de régénération et la médecine a naturellement tenté de corriger les défauts du corps humain. Ces modifications ont également été utilisées dans différentes cultures. Dans cette perspective, il serait donc, peut-être, normal de vouloir imposer des modifications à son enfant pour qu’il puisse mieux s’intégrer aux canons culturels et esthétiques de la société.
Nos cerveaux dans des objets
Après s’être intéressée à ces modifications, Agi Haines s’est penchée sur les mécanismes du cerveau. Elle s’est interrogée sur la façon d’y sculpter des capacités bien spécifiques. Les empreintes neurologiques humaines ont été scannées et ont ensuite été appliquées à des drones pour en analyser le comportement. En somme, il s’agissait de créer un robot avec le prototype d’un cerveau humain. Finalement, ces créations ont été montrées au public. L’intérêt de l’expérience était, selon le souhait d’Agi Haines, d’observer les réactions possibles : les spectateurs allaient-ils détecter le résidu “sentient” (doué de sens) ou non ?
« Pour l’instant, les chercheurs ne font que refaire des organes qui existent déjà, mais nous pourrions voler des idées à la nature. »
Agi Haines s’est enfin penchée sur la culture d’organes et a été fascinée par les possibilités de cette branche scientifique. Pour le moment, les chercheurs se sont surtout intéressés à la manufacture d’organes classiques. Mais d’autres idées pourraient, peut-être, être volées à la nature. D’aucuns imaginent des organes hybrides. Comme une extension au cœur qui pourrait envoyer une décharge lors d’un arrêt cardiaque. Ou des branchies qui pourraient permettre aux nouveaux nés de respirer sous l’eau.
La “faiseuse de choses”, comme elle se décrit sur Twitter, a tenté de créer un œil qui pourrait contenir une technologie biotique, et s’est posé la question de l’extraction de ces détritus métalliques (nanobots, par exemple) du corps. Le but étant d’éviter une nouvelle forme de pollution. Elle a terminé sa présentation en éveillant son public à la question du futur : sur quelles bases allons-nous fonder nos prochaines avancées ? Nous laissant nous demander si les réponses n’étaient pas, finalement, dans notre morphologie. La conférence aurait gagné à être plus longue, peut-être aurions-nous plus de réponses.