En Flandre, les cours de morale et de religion sont déjà facultatifs depuis 2002. Cependant, seul 1% des élèves choisi d’en être dispensé. A partir du mois de septembre de cette année, les écoles francophones de l’enseignement officiel vont se voir appliquer le même changement. La question est maintenant de savoir comment les jeunes de la Fédération Wallonie-Bruxelles vont réagir face à ce changement. Sondage à la sortie des écoles du centre de Bruxelles.
Adam, Youssef, Ibrahim, Aïcha, Ceyda et Abdoulaye ont déjà entendu parler du projet concernant les cours philosophiques. A leur école, l’Institut Diderot, il leur a été demandé de remplir un formulaire pour indiquer leur préférence : soit une heure de religion et une heure de citoyenneté, soit deux heures du cours qu’ils suivent déjà actuellement, à savoir, un cours de religion ou bien de morale. Presque tous sont satisfaits avec ce qu’ils ont pour le moment.
Le cours de religion islamique leur permet de se renseigner sur leur propre religion et sur certaines questions confessionnelles qui les concernent directement. Le cours de morale, quant à lui, est selon eux déjà un cours de citoyenneté. Ils y abordent des questions touchant la société entière et y découvrent leurs droits. Seul Youssef admet qu’il voudrait changer de cours l’année prochaine : pour passer du cours de morale au cours de religion islamique. Aucun élève n’émet l’envie de choisir un nouveau cours.
Quelques rues plus loin, Antoine et Aliénor prennent leur pause de midi devant le Centre Scolaire Eperonniers Mercelis. Ici, l’enthousiasme pour un nouveau cours est bien plus marqué. Tous les deux suivent le cours de religion catholique mais, ne croyant pas vraiment en Dieu, ils trouvent ça “bizarre” d’y assister. Et même parfois un peu ennuyant. Bien que leur professeur de religion soit “ouvert au dialogue“, un cours de citoyenneté serait choisi par les deux adolescents. Le thème qu’ils aimeraient le plus y voir abordé est le futur, “ce qui se passera après l’école“.
Tenessee et Julie, qui sont dans la même école qu’Antoine et Aliénor, trouvent que leur cours de religion est “très ouvert“. Ce ne sont pas simplement deux heures permettant d’en apprendre plus sur la religion. Il est, selon elles, “cultivant“. Il informe sur toutes les religions et les sujets proposés par les élèves sont toujours abordés en classe. Aucune des deux ne choisirait un autre cours. Que ce soit de morale ou de citoyenneté.
Une mise en règle par rapport à la Constitution
C’est à partir de septembre prochain que les élèves de l’enseignement officiel pourront être dispensés des cours de morale et de religion. Suite à la demande de parents d’un enfant inscrit dans une école de la ville de Bruxelles, la Cour constitutionnelle a pris cette décision le 12 mars dernier.
Mais en rendant ces cours facultatifs, Joëlle Milquet, ne réalise en fait qu’une stricte application de l’article 24 de la constitution belge qui prescrit que la communauté doit organiser un enseignement neutre. Cette “neutralité implique notamment le respect des conceptions philosophiques, idéologiques ou religieuses des parents et des élèves“.
Pendant un moment il était question que les enfants qui ne choisiraient ni le cours de morale, ni le cours de religion, iraient tout simplement à l’étude. A ce jour, la Ministre de l’éducation est en train d’établir un cours de remplacement. Tout ce que l’on sait pour le moment c’est qu’il devrait porter sur la citoyenneté.
Contactée par téléphone, une professeur de morale de l’Athénée Charles Janssens, estime pour sa part que le cours de morale qu’elle dispense est déjà un cours de citoyenneté et d’argumentation. Le cours d’autre chose, elle l’imagine de la même manière : axé sur des questions de société, abordant toutes les religions et débouchant sur des questionnements et un échange entre professeur et élèves. Pour elle, c’est aux écoles et non à la ministre de l’Éducation d’en dicter le contenu.
Une action trop tardive
Ailleurs, d’autres les voix s’élèvent pour critiquer la méthode de Milquet, qui semblerait passer plus de temps à établir des plans qu’à agir sur le fond. Dans les colonnes du Soir, Françoise Bertieaux, député MR, se dit déçue du gouvernement actuel de la Communauté française. Beaucoup de projets ont été annoncés, mais rien de concret n’a été réalisé. Qu’il s’agisse d’un renforcement des apprentissages de base ou de la remédiation immédiate. Rien.
Par rapport aux cours philosophiques, la cheffe du groupe MR au parlement de la Communauté française, reproche à Joëlle Milquet de ne pas avoir agit plus tôt. Au téléphone, elle nous explique : “Cela fait deux ans qu’une réflexion quant à ce nouveau cours aurait dû être mise en marche. La réaction de la Ministre est beaucoup trop tardive. Elle envoie une circulaire aux parents, ce qui n’est pas une mauvaise idée pour avoir une estimation du nombre d’élèves qui choisiront ce cours. Cependant, elle aurait dû pouvoir dire en quoi consistera ce cours de remplacement“.
Un sondage à large échelle
La Ministre Joëlle Milquet a rendu le sondage concernant les cours philosophiques obligatoire mardi dernier. D’ici deux semaines, elle aura reçu les résultats de la circulaire envoyée dans toutes les écoles de l’enseignement officiel. En fonction de ces résultats, elle pourra se concentrer sur la mise en place de ce nouveau “cours de rien”. Et les professeurs et directeurs d’école pourront, petit-à-petit, préparer la rentrée scolaire 2015.