Depuis 2015, le secteur agricole traverse une crise du lait provoquée par un effondrement des prix. Cette troisième crise en moins de dix ans s’installe dans le temps et plonge les agriculteurs dans la précarité. En écho à cette problématique, la Fédération wallonne de l’Agriculture défend les intérêts des producteurs laitiers. Son président, Joseph Ponthier, porte la voix des éleveurs aux instances politiques régionales, fédérales et européennes.
Dans les vallées verdoyantes de la commune de Sprimont, à quelques kilomètres de Liège, se situe la ferme Ponthier. Depuis neuf mois, Joseph Pontier cumule le métier de producteur de lait et la fonction de président de la Fédération wallonne d’Agriculture, abrégée FWA et singulièrement prononcée “foi“. Joseph a foi en son métier et son avenir. Autant sur le terrain que dans les bureaux, sa double casquette constitue, selon lui, une qualité essentielle de l’organisation. « C’est important que les gens que je défends sachent que je connais la réalité du terrain. »
Négocier des solutions
Véritable trait d’union entre le gouvernement et les agriculteurs, Joseph Pontier s’attelle avec zèle à la négociation de solutions. Sa position dans le syndicat demande une grande implication et une capacité à faire des compromis. De tels échanges se heurtent parfois à ses propres intérêts de producteur de lait, car chaque cause nécessite une réponse dans un système précaire.
En juin 2016, le prix du lait a atteint son niveau le plus bas depuis 2009. Le litre de lait se vend alors à 0,2€ tandis que les coûts de production s’élèvent à 0,32€. A cause d’une augmentation de 30% de leurs charges, nombre d’agriculteurs sont frappés de plein fouet par la crise de 2015. L’épuisement de leurs économies et de leurs réserves fragilisant d’autant plus leur situation.
Une intervention régionale et européenne
Joseph Ponthier se dit favorable à l’idée d’une réduction de la production du lait si elle permet de soutenir son prix. Les coûts de cette réduction seraient alors amortis par des aides régionales et européennes. La Wallonie accordera une aide de 0,24€ par litre de lait non produit. De son côté, l’Europe a débloqué 500 millions dans le but d’aider les producteurs laitiers qui réduisent volontairement leur production.
Cette démarche est néanmoins contestée. Si l’Europe accorde des primes, c’est pour conserver des prix relativement bas et ainsi préserver les portefeuilles des ménages. Les primes permettraient surtout aux gens de se nourrir à bas prix et aux fermiers de survivre.
Toutes ces difficultés en découragent plus d’un à prendre la relève. Pourtant, Joseph Ponthier a trouvé son successeur pour reprendre la ferme. Maxime, âgé de 26 ans, fait partie des maigres 7% des moins de 35 ans encore actifs dans l’agriculture, contre 50% des plus de 50 ans. Dans ces circonstances critiques, des milliers d’agriculteurs se tournent vers la FWA, aspirant à de meilleures conditions de travail.