“Ce n’est pas du cinéma, c’est pire.” Le slogan du documentaire “Ni Juge ni Soumise” d’Yves Hinant et Jean Libon nous interpelle. De plus en plus de médias veulent nous montrer le pire pour, disent-ils, nous rendre plus conscients du monde dans lequel nous vivons, en dévoiler des zones d’ombre, que celles-ci soient liées aux technologies comme dans “Black Mirror”, à la télé-réalité comme dans la série “UnREAL” ou à des aspects cachés de notre société et du fonctionnement des institutions dans des documentaires comme “Ni Juge ni Soumise” et “Voyeur”, produit par Netflix.
Mais tout en voulant dévoiler ce “pire” en cours ou imminent, et peut-être nous alerter, ces séries et ces documentaires ne courent-ils pas le risque de chercher eux-mêmes à capter et fasciner leur public, et de dévier de leur intention initiale ?
Dans le cadre d’un cours consacré à l’analyse de l’impact de médias, des étudiants de Master 1 ASCEP (Animation socio-culturelle et Éducation permanente) de l’Ihecs (Institut des hautes études des Communications sociales) ont créé une série d’outils pédagogiques pour donner des clés de lecture et de compréhension à des enseignants et à leurs élèves, et au public lui-même. Parmi ces dispositifs (1), ils ont réalisé quatre capsules vidéo en rencontrant des analystes de séries et de documentaires, et en les questionnant sur la tentation de voyeurisme de médias qui se prétendent réalistes et critiques.
Black Mirror (S1E1) : “On est moins dans un voyeurisme recherché que dans un voyeurisme subi”
Les nouvelles technologies facilitent considérablement notre vie, mais permettent aussi de toujours mieux contrôler nos faits et gestes, voire même les pensées d’autrui. La série “Black Mirror” met en scène de manière très forte l’omniprésence des nouvelles technologies et le voyeurisme qu’elles engendrent. À partir de « L’Hymne national », l’épisode 1 de la saison 1, nous avons voulu savoir ce qu’est concrètement ce voyeurisme décrit par la série “Black Mirror”, et si elle n’est pas elle-même voyeuriste ?
Nous avons posé ces questions à Nicolas Baygert, docteur en Sciences de l’Information et de la Communication et enseignant à l’IHECS, et Mathieu de Wasseige, docteur en Langues et Lettres et Television studies, et enseignant à l’IHECS.
Vidéo réalisée par Justine Van Lierde, Fanny Cardoen, Pauline Wirtz, Elsa Vandecnocke et Louis-Philippe Goethals
UnREAL : “La tromperie de la télé-réalité est de faire croire que c’est un lieu où on montre des choses incroyables et scandaleuses”
La série UnREAL est une série américaine réalisée par Marti Noxon et Sarah Shapiro et produite par A+E Studios. Elle a pour but de montrer les mécanismes de la télé-réalité. Lorsque l’on pense à cette dernière, nous sommes rapidement tentés d’y associer le terme de voyeurisme. Mais est-ce réellement le cas ? Quels sont les mécanismes qui se cachent derrière ce genre de programmes ? N’en arrive-t-on pas, comme le montre UnREAL, à une déshumanisation des candidats ?
Autant de questions que nous avons posées à Frédéric Antoine, professeur de communication et médias à l’Université catholique de Louvain (UCL).
Vidéo réalisée par Perrine Goffaux, Emilie Jacquemart, Laura Meesen et Mathilde Holef
Ni juge, ni soumise : “Dans notre époque influencée par le politiquement correct, l’absence de caméra est dangereuse”
Le film Ni juge, ni soumise, réalisé par Yves Hinant et Jean Libon, suscite le débat. Entre rires et malaises, le spectateur peut se trouver perplexe, sans savoir comment recevoir ce qu’il a sous les yeux. Les réalisateurs ont-ils pour intention de choquer ? Le film poursuit-il un but d’éducation ? Ou bien vise-t-il simplement à montrer la réalité ?
Pour répondre à ces questions, nous avons rencontré Olivier Clinckart, journaliste et rédacteur à Cinergie.be.
Vidéo réalisée par Marie Rahier, Pauline Jacobs, Jonas Dembour, Danoucha Keusters, Roxanne de Bournonville et Henriette Stache
Voyeur : “Il y a toujours eu un journalisme intelligent d’une part, et un journalisme scabreux d’autre part”
Voyeur, réalisé par Miles Kane et Josh Koury, est un docu-fiction qui met en lumière le travail de Gay Talese, journaliste américain réputé pour son implication dans les sujets qu’il traite comme Le Motel du voyeur, son livre sur Gerald Foos, propriétaire d’un motel et voyeur.
Après des années d’attente, Talese reçoit l’autorisation de Foos d’écrire à son sujet, mais des questions sur le cœur même de sa profession de journaliste sont alors soulevées : peut-on tout montrer ? Doit-on tout montrer ? Comment ? Qui du journaliste, du voyeur ou finalement de l’audience est le plus voyeur ?
Nous avons interrogé Nordine Nabili, président de la section Presse et Information à l’IHECS, à ce sujet.
Vidéo réalisée par Juliette Pandin, Tamara Gullentops, Kathleen Wijns, Louis Leroy et Samuel Gigot
(1) Le cours “Médias et approches des terrains socio-culturels” (Master 1 ASCEP), pour sa partie “analyse de médias à large audience”, a été consacré à la réalisation de quatre types d’outils pédagogiques : des dossiers pédagogiques et des propositions d’animations scolaires destinés aux classes de fin d’humanités, des capsules vidéo destinées au public du Bruxelles Bondy Blog, ou encore des rencontres-débats.