David Thomson est journaliste à RFI, spécialiste de la question du djihad en France et en Tunisie. Il a notamment écrit “Les Français jihadistes”.
Qu’est-ce qui explique que la Belgique soit un des pays les plus touchés au monde par ce phénomène de départ vers la Syrie ?
La prédication très importante de l’organisation Sharia4Belgium explique cette ampleur. Il y a eu un équivalent en France mais le groupuscule a rapidement disparu. En Belgique, Sharia4Belgium a pu faire une prédication physique très forte, l’organisation a pu avoir de l’influence. Chaque jeune qui part est un ambassadeur de la cause, il fait venir ses connaissances, sa famille, ses proches. Il entraîne un chiffre exponentiel de djihadistes derrière lui.
La structure est beaucoup plus élaborée en Belgique. La liberté d’expression en matière de djihad est différente au sein des deux pays. Des propos tenus par certaines personnes en Belgique seraient totalement interdits en France.
Il y a actuellement 272 Belges en Syrie. Est-ce que le nombre de djihadistes va continuer à augmenter ?
Je ne sais pas vous répondre précisément pour la Belgique. Je ne sais pas si cela va augmenter mais ce que l’on constate en France, c’est une réaction des autorités au printemps 2014. A ce moment-là, la majorité des djihadistes était déjà partie mais, depuis cette date, les lois antiterroristes, les affaires, la médiatisation et les tentatives de contre-propagande d’Etat se sont multipliées en France et dans le monde. Le constat est négatif. Au lieu de baisser, le nombre de djihadistes qui partent continue d’augmenter.
Quels sont les facteurs qui expliquent que des personnes intègrent les rangs de Daesh ?
Le premier facteur, c’est la persistance et la proximité géographique du conflit syrien. C’est une terre de djihad qui n’a jamais été aussi facile d’accès dans toute l’histoire du djihad contemporain.
Le deuxième facteur, c’est que depuis 2012, la littérature, la propagande et le contact djihadistes ont évolué. Tout cela se fait aujourd’hui à ciel ouvert sur les réseaux sociaux alors que, par le passé, c’était réservé à des initiés. Cela touche donc un public beaucoup plus large, beaucoup plus jeune.