Les étudiants n’étaient pas à la fête le 17 novembre, lors de la journée internationale qui leur est dédiée. Près de 400 étudiants ont manifesté dans 8 villes de Belgique contre le coût élevé des études. Une démarche coordonnée par la Fédération des étudiants francophones (FEF) en prévention d’une hausse du coût du minerval en Fédération Wallonie-Bruxelles puisqu’en Flandre la décision vient de tomber : le coût du minerval passera de 620 à 890€.
Les étudiants soutenus par la FEF défendent une idée commune : un enseignement accessible à tous. « Nous avons organisé des actions en partenariat avec nos homologues flamands (Vlaamse Vereeniging Studenten (VVS)), pour défendre l’accès à l’enseignement supérieur. Notre message est double : d’une part, sur la problématique du coût des études et, d’autre part, sur le mécanisme de sélection à l’entrée du supérieur qui cristallise les inégalités de l’enseignement secondaire que l’on connaît actuellement. Il est prioritaire de faire de l’enseignement supérieur un vecteur de démocratisation », déclare Corinne Martin, présidente de la FEF.
Le décret Marcourt
Le décret Marcourt sur la réorganisation de l’enseignement supérieur avait également suscité de vives réactions. Encourageant les Hautes Ecoles et les universités à collaborer sur une base géographique, les instituts craignaient alors une perte d’identité. Les étudiants quant à eux, s’étaient opposés à l’abaissement de la note de 12/20 à 10/20 pour valider l’année d’enseignement mais également au maintien de tests d’entrées aux études de santé. Autant de polémiques qui ont encouragé le ministre de l’enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles, Jean-Claude Marcourt, à réagir au plus vite face à ce nouveau mouvement de contestation.
La solution envisagée par le Ministre de l’enseignement supérieur? Une augmentation du minerval pour les familles plus aisées. Une catégorie « aisée » s’ajouterait alors à celle que nous connaissons aujourd’hui, à savoir les modestes, les boursiers et les « normaux ». « La proportionnalité du coût des droits d’inscription par rapport aux revenus du ménage constituerait un renforcement de la politique de juste répartition des efforts financiers », argumente le porte-parole de Jean-Claude Marcourt, Gaël Lambinon.
Une solution qui n’en est pas une pour la FEF. « Pour nous, il ne s’agit pas d’une solution car les familles les plus aisées contribuent déjà actuellement à l’enseignement supérieur via l’impôt. C’est via l’impôt que le travail doit se faire et pas via le minerval », défend Corinne Martin.
Vers une hausse du minerval?
Selon la présidente du FEF, le risque d’une hausse du minerval en Fédération Wallonie-Bruxelles n’est toujours pas éloigné. « Ce qui est commun aux communautés francophones et flamandes, c’est le dé-financement. On manque cruellement de moyens. Comme il n’y a pas de volonté politique de remettre du budget public dans l’enseignement supérieur, les établissements sont amenés à chercher d’autres solutions ailleurs et à faire pression. Le problème est que chaque communauté prend exemple sur l’autre pour justifier par exemple une augmentation du minerval qui a comme seul but au final de combler les faiblesses de la politique mise en place ».
D’après le porte-parole de M. Marcourt, si la Flandre augmente drastiquement son minerval, le ministre ne veut pas de ces politiques qui diminuent l’accessibilité des études supérieures. « Comme il l’a démontré depuis 2010, sa volonté est d’améliorer l’accessibilité et la démocratisation de l’enseignement supérieur », déclare-t-il.
Des contraintes budgétaires
Pour la FEF, la solution est claire. « Il faut augmenter le financement public et ainsi permettre à un maximum d’étudiants d’accéder à l’enseignement. Au niveau budgétaire, les chiffres de l’OCDE montrent qu’1€ investi dans l’enseignement supérieur peut rapporter jusqu’à 4 fois ce montant en termes d’impôts. C’est quelque chose qui est important à avoir en tête en période de crise car l’enseignement est non seulement prioritaire mais en plus de cela, rentable. Que demander de plus ! ».
Gaël Lambinon rappelle que le ministre de l’Enseignement supérieur s’est pourtant battu lors de la négociation gouvernementale. « Dans un contexte budgétaire difficile où les économies sont nombreuses, il a obtenu un refinancement de plus de 100 millions d’euros pour l’enseignement supérieur durant cette législature ». Il ajoute également que le ministre Marcourt a réalisé de nombreuses avancées en matière de coût des études. Ainsi, depuis 2010, les étudiants boursiers bénéficient d’un minerval gratuit (contre 110 euros auparavant), les étudiants de condition modeste ont vu leur minerval diminuer d’une centaine d’euros et l’indexation du minerval complet a quant à elle été gelée.
« Le problème du financement provient surtout de l’évolution démographique de l’enseignement supérieur. Alors que les budgets dédiés aux institutions étaient indexés, la population étudiante a augmenté plus rapidement. Le financement par étudiant a donc structurellement baissé », conclut Gaël Lambinon.