Discours d'ouverture de la COP24
12
Déc
2018

Des étudiants belges se sont glissés dans les négociations sur le climat à Katowice. Ils partagent leur expérience dans les coulisses de la COP24.

Séance d'inauguration de la COP24, lundi 3 décembre 2018.

Des étudiants belges se sont glissés dans les négociations sur le climat à Katowice. Ils partagent leur expérience dans les coulisses de la COP24.

12 Déc
2018

Des étudiants belges au cœur des négociations sur le climat

C’est au lendemain d’une marche pour le climat qualifiée d’historique en Belgique, qu’une délégation de négociateurs belges pour la COP24 a décollé vers Katowice en Pologne. Cette représentation officielle n’est pas partie seule ; une poignée d’étudiants issus de diverses universités sont aussi du voyage, en tant qu’observateurs.

La faculté des sciences de l’ULB et plus particulièrement l’IGEAT (Institut de gestion de l’environnement et de l’aménagement du territoire) a créé un projet nommé ULB inside COPs au lendemain des accords de Paris. Celui-ci permet aux étudiants de diverses facultés de participer à l’événement. Ils ne sont pas les seuls à envoyer des jeunes concernés par l’avenir de la planète, l’UCL permet aussi à certains de ses étudiants de vivre cette aventure.

Ces jeunes assistent aux débats, visitent les pavillons dédiés à chaque nation et vivent avec les acteurs du changement durant les deux semaines que dure le sommet. Que ce soit au travers d’un projet ou pour acquérir de l’expérience, ils sont portés par la même envie de comprendre les tenants et aboutissants de ces négociations. Laura Bruno, étudiante en gestion de l’environnement, estime que c’est pour elle une occasion de s’insérer dans son secteur professionnel futur : « C’est dans ce domaine que je veux travailler et je voulais voir comment cela se passait au niveau de négociations internationales. Mise à part la dimension climatique, je voulais rencontrer des personnalités importantes du milieu et pouvoir discuter avec elles, ce qui n’est pas toujours évident dans le cadre strictement scolaire. »

Négociations à plusieurs vitesses

Les acteurs déclarent avoir conscience qu’il est impératif de faire mieux qu’en 2015. Pourtant les accords de Paris sont constamment remis sur la table. Négocier prend du temps et surtout lorsque ce sont différentes cultures et nations qui doivent trouver un terrain d’entente. Il y a beaucoup de facteurs à prendre en compte, notamment les intérêts différents de chaque pays, mais parfois aussi des détails auxquels on ne pense pas. « Quelque chose m’a frappé lors des négociations, explique Olivier Dikuta, étudiant en science politique à l’UCL, Tout est fait en anglais mais l’importance des termes est cruciale ! Certains vont jouer avec les mots, ce qui va ralentir l’avancée des projets. Par exemple un pays va utiliser le terme « should », un autre « may » ou encore « shall »… ce qui rend les interprétations différentes et ralentit le processus d’entente. »

Dans les discours, il y a une volonté de faire avancer les choses, mais tous ne sont pas encore prêts à faire les concessions pour y parvenir. Chaque pays voudrait changer selon son propre rythme, avec ses conditions, interpréter les textes avec une certaine flexibilité en fonction notamment de ses intérêts économiques.

Laura confirme : « Il y a beaucoup de politiques différentes même si, dans ce genre de convention, on a l’impression que chacun est concerné de la même manière. Au fond, il y a certains pays qui ont réellement envie de changements ou qui en ont même besoin. Je parle ici des îles ou des pays qui sont encore peu développés ou qui sont déjà fort affectés par ces changements climatiques ».

En outre, une nouveauté apparue lors du sommet précédent permet à des acteurs différents de rentrer sur scène. Le dialogue de Talanoa (mot traditionnel fidjien qui signifie “parler librement”) donne à différents acteurs – dont les ONG et les jeunes − l’occasion de prendre la parole. “Une jeune représentante d’une ONG parlant de son ressenti face au réchauffement climatique et affirmant représenter la population de demain, s’est vue applaudir par toute l’assemblée, il y avait quelque chose de sincère qu’on ne retrouve pas chez les grands acteurs du sommet ».

Un buffet à base de viande

Au niveau logistique, les étudiants remarquent une certaine incohérence entre l’idéal de la COP24 et la réalité vécue sur place. Olivier décrit un buffet à volonté, composé d’une majorité de plats à base de viande, alors que l’on connaît l’impact négatif de l’élevage de masse sur l’environnement. Il en va de même pour les boissons. « En arrivant, nous avons tous reçu une gourde, mais chaque fontaine d’eau est garnie de verres en plastique ce qui ne pousse pas les gens à utiliser les gourdes ! ». Pareil pour le café, très consommé durant ce style d’évènement, il est servi dans des récipients en plastique. Drôle d’attitude à l’heure de l’interdiction du plastique à usage unique.

Et enfin, il est important de s’intéresser aux sponsors. L’industrie polonaise est constituée essentiellement de productions minières et énergétiques. Le premier sponsor se trouve être d’ailleurs le plus gros producteur minier d’Europe. Le groupe JSW se dit pourtant « leader pro-écologique dans l’industrie minière ». Pourtant l’entreprise continue d’injecter des milliards dans l’exploitation minière. Rien que dans la région de Katowice, lieu de la COP24, quelque 100 000 ouvriers travaillent pour le géant du secteur.

Face à ces incohérences, il est difficile de voir comment une issue favorable à la transition écologique peut-être trouvée. Olivier tente néanmoins de conclure sur une note positive : « On se rend bien compte que beaucoup de partis ne sont pas d’accords sur différents axes. Maintenant je reste optimiste. On a pas le choix… il faut trouver une solution. » 

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