Federica Mogherini, voici le nom de la nouvelle Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de Sécurité. Elle remplace depuis le premier novembre la très controversée Catherine Ashton. A peine désignée, le nouveau chef de la diplomatie fait déjà parler d’elle. Suite à une interview donnée à six journaux européens (Le Monde, le Süddeutsche Zeitung, The Guardian, La Stampa, El Pais et la Gazeta Wyborcza), elle déclare : « Ma mission commence avec Gaza et Tel-Aviv (…) Je serais heureuse si l’État Palestinien existait au terme de mon mandat ».
Mais comment cette déclaration choc a-t-elle été perçue ? Côté palestinien, on affiche de la satisfaction. Hadi Shlebi, de la délégation palestinienne de Bruxelles, y voit une preuve de la priorité qu’accorde l’Union européenne au Moyen-Orient. Pour ce diplomate, cette prise de position est particulièrement importante dans le climat tendu de la lutte contre le mouvement “État islamique” (Daesh) : « Si Federica Mogherini prend réellement des initiatives à ce sujet, cela permettra de relancer les choses pour créer un État indépendant de Palestine », ajoute notre interlocuteur. Le déplacement de la Haute représentante le 8 novembre prochain à Gaza témoigne lui aussi de la primauté accordée aux dossiers concernant la politique extérieure européenne, selon Monsieur Shlebi.
Marianne Blume, coopérante européenne à Gaza, tempère néanmoins ce bel optimisme. Pour elle, cette déclaration de principe doit encore être traduite en actes. « Quand il s’agit de choses comme Daesh ou autre, dans des cas d’extrémisme radical, on voit qu’une politique internationale commune peut être créée. Mais en dehors de ça, pour la Palestine, on n’a jamais réussi à réaliser un consensus ». Toutefois, la militante reconnaît que madame Mogherini entame son mandat de manière positive.
L’Union européenne en retard sur le monde
Rappelons que dernièrement le gouvernement suédois « a pris la décision de reconnaître l’État de Palestine ». Mahmoud Abbas, président de l’autorité palestinienne, voit en cette prise de position « une étape historique ». Mais la Suède n’est pas le pionnier de l’UE en la matière. Avant d’adhérer à l’Union européenne, d’autres pays avaient déjà reconnu la Palestine. C’est le cas de la Bulgarie, Chypre, la Hongrie, Malte, la République Tchèque, la Pologne et la Slovaquie.
Au total : 29% des États européens.
A l’échelle du monde, ce sont actuellement 69% des pays qui ont d’ores et déjà reconnu la Palestine. 29% contre 69 %, un sacré retard pour l’Union européenne ! A coup sûr, Federica Mogherini entame son mandat avec panache. Afin de faire de cette problématique une vraie priorité, il lui reste encore à transformer ses paroles en actes.