Le 15 mai, le musée français de la commune de Chastre ouvrira ses portes jusqu’en septembre. Ce sera aussi l’occasion de commémorer la bataille de Gembloux, un combat court, mais pourtant meurtrier qui a couté la vie à plus de 1000 soldats, dont la majorité étaient Marocains. Cette bataille est oubliée des livres d’histoire. L’arrivée des commémorations de mai est l’occasion de nous pencher sur ces combats mis de côté.
Le 10 mai 1940, la guerre arrive aux portes de la Belgique. Les Allemands, pressés de rejoindre la manche, foncent à travers la Belgique par les Ardennes, violant la neutralité du pays. La résistance de l’armée belge est impressionnante et retarde considérablement l’armée allemande. Mais cette dernière est mieux organisée et mieux équipée. Très vite, l’armée belge doit battre en retraite.
Le 14 mai, la première armée française, commandée par le Général Blanchard, arrive sur le front de la Dyle (axe Gembloux-Wavre) pour aider à défendre cette zone. Ce seront les « Manœuvres de la Dyle » dont le point d’orgue sera l’après-midi du 15 mai où 15.000 obus auront été tirés. Mais l’armée française est mal préparée. Le matériel et le manque de coordination au sein de l’armée française ne font pas le poids face à la puissante Wermacht. Cette dernière profite du changement de position de l’armée française pour prendre la ville de Sedan, à la frontière Belgo-Française. La prise de Sedan ordonnera la retraite des soldats français vers Lille le 17 mai 1940, laissant Gembloux et ses alentours aux mains du IIIe Reich. Le 28 mai, le Roi Léopold III signera la capitulation de la Belgique, compte tenu des pertes humaines trop importantes. Des divisions armées marocaines, tunisiennes et algériennes brilleront dans une défense musclée des villages de Pietrebais et de Cortil-Noirmont (Commune de Chastre, Brabant-Wallon).
L’armée française et belge citera leur courage après la bataille dans une citation à l’ordre de l’armée française décernée au 7e régiment de tirailleurs marocains :
« Régiment nord-africain d’élite. A fait preuve des plus belles qualités d’endurance et de combativité dès les premiers engagements de mai 1940, en Belgique, sous l’ardente impulsion de son chef, le Colonel Vendeur. Ayant couvert 130 kilomètres en trois jours, a subi, dès son arrivée sur la position de Cortil-Noirmont, très sommairement organisée, le choc des divisions blindées allemandes. Malgré l’état de fatigue immense des tirailleurs et l’absence de tout obstacle de valeur barrant la trouée [allemande] de Gembloux, le 1er Bataillon à Ernage, les 2e et 3e Bataillons à Cortil-Noirmont, ont réussi, le 14, 15 et 16 mai 1940, à arrêter les attaques des forces adverses, leur infligeant des pertes très dures en hommes et matériel. Maintenu en arrière-garde après le repli général ordonné le 15 mai, [Le régiment] s’est énergiquement dégagé dans la matinée du 16, du centre de résistance de Cortil-Noirmont, pour porter à Tilly un vigoureux coup d’arrêt à l’ennemi, refoulant son infanterie sur plusieurs kilomètres par une contre-attaque brutale à la baïonnette.»
Cette bataille sera oubliée de l’histoire du fait de sa courte durée. Pourtant l’intensité des combats y était comparable à l’offensive des Ardennes, fin 1944. Installés en 1970, le musée français de Chastre et sa nécropole témoignent de la « manœuvre de la Dyle ». La présence des Marocains est mise en avant et parmi les 603 tombes placées dans le cimetière militaire, on peut retrouver 168 tirailleurs marocains, 131 algériens et 3 tunisiens. Chaque année, le 15 mai, des commémorations ont lieu afin de perpétuer le souvenir de cette bataille couteuse en vies humaines.
Neuf étudiants de l’ISIC de Rabat ont investi la rédaction du Bruxelles Bondy Blog. Durant une semaine, blogueurs belges et marocains réalisent des reportages en commun sur le thème “BIENVENUE CHEZ LES MAROXELLOIS : regards croisés sur les identités belges et marocaines », une façon de qualifier notre échange inter-culturel, mais aussi un clin d’oeil à un néologisme humoristique qu’utilisent certains Bruxellois en référence à leurs identités plurielles. Retrouvez l’ensemble de nos reportages sur le BBB.
Est-ce qu’au lieu de Piétrebais (commune d’Incourt, à 20 km de Gembloux) il ne s’agirait pas de Perbais (actuellement hameau de la commune de Walhain, contigu à Chastre, Cortil-Noirmont, et Ernage) ? Il faut parfois se méfier de wikipedia mal traduit. Si on va consulter wikipedia en anglais, sur “Battle of Gembloux (1940)”, on y trouve bien l’évocation détaillée des 2 “battle of Perbais”.
Et le musée de la bataille de Gembloux (dit “musée français”) se trouve à Cortil et non à Perbais.