Ce n’est un secret pour personne, diminuer le taux de chômage en Belgique est un objectif quasi permanent pour l’État. Rien qu’à Bruxelles, ce taux grimpe à 26,8% chez les jeunes de moins de 25 ans. Afin de faire diminuer ce chiffre dans sa Région, le ministre de l’Économie et de l’Emploi, Didier Gosuin (DéFI), a présenté aujourd’hui une grande stratégie. Son projet poursuit plusieurs objectifs, dont la création d’entreprises jeunes, à travers la sensibilisation et la formation des étudiants dans les écoles. À la source, donc. « Le premier pilier de ma stratégie, c’est avant tout sensibiliser les jeunes à l’entrepreneuriat dans les écoles. Le deuxième, ce sera la réalisation de projets concrets afin de procurer aux jeunes de la compétence, tant au niveau des termes que des mécanismes. Enfin il s’agira d’accompagner les jeunes dans leurs projets pour lesquels je vais mettre à disposition 400.000 € afin d’accompagner des jeunes entreprises sélectionnées suite à un appel d’offres », explique le ministre.
Content de cette annonce politique, Didier Gosuin s’empresse de goûter l’une des créations d’un groupe d’entrepreneurs de l’Institut Communal Marius Renard (ICMR). Celle-ci tient dans la main et est enrobée de chocolat. D’apparence classique, elle renferme une surprise, que nous explique Alexandre Guibert, l’un des élèves à l’initiative d’une des mini-entreprises créées : « A la base, on pensait aux enfants et aux difficultés qu’ils ont à manger des légumes, puis on s’est dit que marier cet aliment à un autre dont ils raffolent serait une bonne idée et c’est pour ça qu’on a commencé à confectionner chez nous ces petites pralines fourrées aux légumes. Ici c’est à la carotte par exemple, mais il y a beaucoup d’autres goûts ! »
De projet à entreprise
Salma Cherradi (21 ans) et Imane El Fakiri (22 ans) ont toutes deux déjà bénéficié d’un plan similaire via le projet Mini-entreprise mis en place dans leur école, l’institut Marius Renard d’Anderlecht. Il y a trois ans, ces deux jeunes femmes ont pris part au concours .be Creative. Elles ont développé un projet de gaufres noir-jaune-rouge aux légumes. « On s’est rendu compte qu’il n’existait pas de collations saines pour les enfants, on a donc décidé d’inclure des légumes dans nos gaufres. »
Et la recette semble séduire parce que le duo a été repris parmi les dix lauréats du concours. Un résultat qui leur a permis de représenter le savoir faire belge à l’exposition universelle de Milan. « Au début, je ne savais même pas ce que « entrepreneuriat » voulait dire et puis, avec le temps, j’ai pris goût à cela » nous confie Imane. « C’était une expérience très enrichissante qui nous a ouvert beaucoup de portes. Aujourd’hui, nous rencontrons des personnes que nous n’aurions jamais pensé rencontrer il y a trois ans. » Une initiative qui les a confortées dans leur choix d’étude, mais aussi de carrière : « Pour l’instant, le projet est malheureusement entre parenthèses, mais nous aimerions le relancer d’ici deux ans avec le but de commercialiser nos gaufres. »
Donner l’envie, déclencher un mécanisme dans l’esprit du jeune, c’est aussi ça l’objectif de cette stratégie. Bruno Wattenbergh est le directeur de Impulse-Brussels et détaille sa mission : « Peut-être qu’après ces initiations, l’étudiant ne sera jamais entrepreneur, mais peut-être qu’il le sera dans un an, dans dix ans, en tout cas ce qu’on essaye de réaliser en collaboration avec la Région, c’est l’installation du virus entrepreneurial dans l’esprit des jeunes. Et avec Impulse, nous sommes payés par la Région pour accompagner chaque équipe, chaque jeune motivé qui aura été sélectionné par l’appel d’offres, afin qu’il soit correctement informé et qu’on puisse augmenter ses chances de réussite ». En terme de vision, l’objectif est clair : réussir à sensibiliser 100% des jeunes Bruxellois à une démarche d’entreprise d’ici 2025. Aujourd’hui, un rapport du Global Entrepreneurship Monitor (GEM) montre que le taux d’activités entrepreneuriales de jeunes belges est le plus faible de l’Union Européenne : 3,1% contre une moyenne de 9,2%…