Calais, l'aventure humaine
Par Arthur Janssen
Venant du Soudan, d’Erythrée, de Syrie, d’Irak ou encore d’Afghanistan, tous les migrants qui débarquent illégalement à Calais ont un rêve commun : rejoindre l’Angleterre. Un rêve qui ne s’est pas encore concrétisé pour ces passagers du monde qui ont trouvé, au Squat Galloo, un endroit pour survivre.
Situé dans une petite ruelle à quelques centaines de mètres du port, ce site abandonné d’un centre de recyclage accueille près de 250 migrants illégaux. Certains squattent ce lieu depuis plusieurs semaines, d’autres ne sont arrivés que récemment mais, depuis le 12 juillet 2014, la vie s’y organise. Des tentes et des cabanes y ont fleuri, des baignoires sommaires ont été construites et, avec l’aide de quelques bénévoles, des repas sont servis. Certains volontaires ont même profité de cette période estivale pour venir apporter leur contribution. C’est le cas de Stéphane, qui enseigne quotidiennement quelques rudiments de la langue française à ceux qui le souhaitent. Une façon pour les migrants d’occuper leur journée dans l’attente de leur grande aventure nocturne.
Chaque nuit, ils nourrissent l’espoir de poursuivre leur voyage en s’infiltrant discrètement dans des camions ou des containers pour naviguer vers leur Eldorado. Entre les parties de cache-cache avec la police et la rude concurrence entre les migrants, ce parcours du combattant qui doit les mener outre-Manche doit souvent être abandonné, de manière temporaire, par la plupart d’entre eux. En effet, le Squat Galloo n’est que l’arbre qui cache la forêt : selon un bénévole hollandais, il y a environ 1200 migrants qui errent dans les rues de Calais. On comprend mieux que les places se font chères et que beaucoup d’entre eux doivent faire du Squat Galloo leur quotidien. Tous doivent faire face à la déception et à l’ennui, tout en gardant à l’esprit les messages d’espoir qui ornent les murs de cet hôtel Calaisfornia.
Sans compassion ou dénonciation, ce reportage veut montrer la vie de ce squat à travers le regard de ceux qui la font : les migrants.