Encerclé par les réacteurs à énergie nucléaire, le village de Doel se consume et perd peu à peu son énergie vitale. Sur la rive gauche de l’Escaut, Doel a pourtant soif de vie, de gens, de commerces et d’écoles. Peut-être use-t-il ce peu de force qu’il lui reste pour crier jusqu’à plus soif. Mais personne ne peut l’entendre… Ici, les morts sont plus nombreux que les vivants.
Dans l’obscurité, la lutte
Les autorités flamandes ont signé l’extinction du village en 2000 pour faciliter l’extension du port d’Anvers. Les habitants ont gentiment été éconduits hors du circuit, contraints de partir contre le remboursement du prix de leur maison. Parmi eux, certains se sont montrés plus résistants que d’autres : les quelques dernières loupiotes chevrotantes dans l’obscurité blême de la ville témoignent de leur lutte. La nuit, la drogue et les vandales tentent d’étouffer leurs dernières flammes. Selon Greenpeace, “au niveau mondial, l’emplacement de Doel doit être considéré comme un des six sites les plus vulnérables”.
Le jour, un paradis artistique
Le jour pourtant, Doel se rallume. Elle devient un des villages les plus photographiés d’Europe, à coups de clichés argentiques. Sujet aux tags, graff, clips, shoots, Doel est le paradis artistique des hipsters et des skateurs. La récente tendance de l’urbex n’y est pas pour rien. De l’anglais « urban exploration », l’activité consiste à explorer des lieux abandonnés par l’homme.
Finalement, tant qu’à s’éteindre, Doel vit de ses cendres.