La période de fin d’année est l’occasion pour la plupart de nos concitoyens de se réunir en famille autour d’un bon repas. Mais l’esprit de Noël, c’est aussi l’occasion pour bon nombre de Belges de venir en aide aux sans-abri qui ne bénéficient pas d’un endroit chaleureux pour passer paisiblement les fêtes. De nombreuses associations bénévoles distribuent ainsi des repas chauds et des vêtements aux plus démunis. Mais dès le 2 janvier prochain, l’ASBL Rolling douche apportera sa pierre à l’édifice en proposant aux personnes sans domicile fixe un service de douches mobiles. Le motor-home équipé d’un réservoir d’une capacité de 200 litres circulera deux à trois fois par semaine dans les rues de Bruxelles.
Adepte des associations qui viennent en aide aux sans-abri, Céline Mehaudens, étudiante en 4ème année de médecine, sillonne depuis quelques années les rues de notre capitale pour apporter du réconfort aux SDF. L’idée de l’ASBL Rolling douche a germé suite à des maraudes. “Lors de mes rondes avec la Croix-Rouge, j’ai pu lier quelques contacts avec des SDF. Ceux-ci ne m’ont pas laissée indifférente. A partir de cette expérience, j’ai réfléchi à l’hygiène et aux conditions de vie dans les rues. J’ai ensuite tapé quelques mots-clés sur internet et je suis tombée le projet de douche mobile à Paris. J’en ai parlé à mon père et à des personnes travaillant dans le milieu des sans-abri qui ont été immédiatement emballés par l’idée. Et de fil en aiguille, on a fondé l’ASBL.”
Quitter son carton, c’est perdre sa maison
A l’abri de la froideur de l’hiver sous un pont ou à l’entrée d’une bouche de métro, les personnes vivant dans la rue ne quittent que très rarement leurs emplacements. Disséminés à des endroits stratégiques de la ville, ceux-ci sont littéralement scotchés à leurs places, de peur de les perdre. C’est pour cette raison que l’ASBL veut aller à leur rencontre avec son mobile-home équipé de sanitaires. Il existe des structures, des lavoirs, des douches publiques, des services aux plus démunis, mais beaucoup n’arrivent pas jusque-là.
Certaines personnes se sentent tellement diminuées qu’elles préfèrent ne plus bouger. “On ne veut pas se substituer aux structures classiques. Les personnes qui savent se déplacer jusqu’à celles-ci ne sont pas notre priorité. On cible les personnes isolées, qui sont détachées de ces structures fixes” déclare Luc Mehaudens, membre de l’ASBL.
L’hygiène, premier pas vers une réintégration
Dans le paysage associatif bruxellois, les douches sont les parents pauvres des services mis à la disposition des plus démunis. La distribution de nourriture se fait assez régulièrement et, l’hiver tombé, le Samusocial propose de nombreux lits. L’accent est rarement mis sur les services sanitaires, alors que ceux-ci sont primordiaux pour les sans-abris. Le mauvais entretien sanitaire de ces personnes est un frein pour leurs rapports sociaux et les empêche d’aller vers les autres. “A partir du moment ou on a accès à l’hygiène, on a forcément la possibilité de se présenter chez un employeur et d’avoir un peu plus de chances d’être engagé que si on venait sale. On a également plus de chance d’être accepté dans un logement” explique Pascal Biesemans, membre de l’ASBL.
Améliorant le bien être dans le quotidien et l’estime de soi, ce service proposé par l’association n’est pas qu’une simple douche, mais bien un premier pas vers une réinsertion.” L’idée est réellement d’apporter ce petit service, ce petit confort, dans l’idée d’aboutir sur un véritable échange. Le point important, c’est de prendre le temps de la rencontre avec la personne, de lui offrir une tasse de café, de nouveaux vêtements et de discuter. L’hygiène n’est qu’un levier permettant de travailler sur d’autres aspects avec ces personnes sans-domicile fixe”, déclarer Luc Mehaudens.
A long terme, l’ASBL espère construire un lien, une relation de confiance avec ces personnes sans-abri et leur permettre de réintégrer des infrastructures classiques plus stables.