Il est 14h45 quand rugissent les premiers accords à la salle polyvalente. L’ambiance est électrique et survoltée pour un concert de début de journée. Il faut dire que les gantois de Vonnis ont la lourde tâche d’ouvrir la scène qui accueillera durant toute l’après-midi la sélection métal de Dour de cette année. C’est maintenant fini d’étaler l’affiche sur cinq jours avec une dizaine de noms répartis par ci, par là. Cette année, l’objectif pour Alex Stevens, programmateur à Dour depuis maintenant 20 ans, c’était de tout rassembler : « Il y a beaucoup de monde dans la région qui aime bien le métal et le hardcore. Mais si on veut continuer à en faire, il faut le faire bien. On a donc remarqué que la journée qui marchait le mieux auprès de ce public, c’était le samedi. Il fallait aussi mieux communiquer dessus. On n’a donc pas mis les noms au milieu de tous les autres, on a ajouté une ligne sur le line up avec « Metal day ». Cela a été notre erreur de pas l’avoir fait ces dernières années… »
Un précurseur dépassé …
Il faut avouer que le festival a été un précurseur en programmant ces styles de musiques au début des années 90, en amenant des groupes tel que Therapy?, Tool ou encore No One Is Innocent. Mais il a été rattrapé par les mastodontes que sont le Graspop et le Hellfest quelques années plus tard. Et le problème, c’est que ces festivals se sont installés durant le mois de juin… quelques semaines avant Dour. « Beaucoup d’événements dans le style métal se sont créés sur le mois de juin. Et donc la plupart des groupes métal/hardcore ont plutôt tendance à tourner en juin en Europe. Pour nous, ça devenait de plus en difficile de défendre juste une scène métal sur quatre jours car il y avait peu de groupes qui étaient vraiment dispos sur le mois de juillet. Et on n’a pas non plus le budget du Graspop et du Hellfest pour ce genre de musiques ! » Alex Stevens avoue qu’ils ont perdu ce match, mais qu’ils ont gagné celui de la musique électro pour laquelle “Dour reste l’un des plus importants du nord de l’Europe”.
… mais qui n’abdique pas
« La semaine, il y a un mec à Chesnay, du côté de Liège, qui a organisé une soirée métal, hardcore et il a vendu comme ça 900 tickets. Et il aurait pu en vendre quatre ou cinq fois plus ! » Il y a donc un public wallon qui, pour Alex Stevens, est en demande. C’est par exemple le cas de Gaëtan, un habitué du festival qui est venu comme beaucoup d’autres, exclusivement pour vivre cet après-midi métal : « Il y a toujours eu du métal à Dour mais je trouve que ça se réduit considérablement. C’est dommage. Pourtant, c’est important qu’il y en ait car ça apporte une bonne diversité et une multi-culturalité au niveau du public et des musiques. Mais j’avoue que même si ça se réduit, l’affiche est vraiment qualitative cette année. » En faisant venir Neurosis, le festival a signé un gros coup. Le groupe a annoncé très peu de dates européennes cet été et a attiré beaucoup de monde comme Nicolas et Marion qui viennent pour la première fois fouler la plaine de Dour : « C’est une belle affiche métal. Nous ne sommes pas venus pour Dour mais pour les groupes qui venaient et surtout parce qu’il y avait Neurosis ! »
Quand on évoque l’avenir du métal à Dour, Alex Stevens est catégorique : « L’idée de Dour n’est pas d’en faire le Graspop wallon mais on a l’opportunité de faire une place au public métal sur une journée et d’assurer une diversité de public, c’est ça le plus important. Il est intéressant d’aller à la rencontre d’autres genres musicaux, de se confronter à un autre public, et de ne pas rester chacun dans son coin. Je vois Dour comme un festival de festivals. Notre dénominateur commun, c’est l’envie de passer un moment ensemble, d’écouter de la musique, peu importe que tu aies des dreads ou une ceinture à clous. Donc, j’espère qu’un jour on arrivera à avoir un vrai festival de métal à Dour en re-créant une vraie scène pendant quatre jours où les amateurs de métal peuvent se réunir. » L’envie est donc là, il ne reste plus qu’à la concrétiser.