Environ 200 ressortissants de Guinée, du Liberia et de la Sierra Leone ont manifesté le 13 novembre devant l’église du Béguinage à Bruxelles. Ils réclament davantage d’aide humanitaire de la part de la Belgique : l’appui international demeure insuffisant, estiment-ils. Les manifestants exigent un engagement des pays européens sur le long terme afin d’endiguer totalement l’épidémie, mais aussi pour reconstruire les Etats ravagés par le virus. Une délégation a été reçue au cabinet du secrétaire d’Etat Théo Francken, chargé de l’Asile et de la Migration.
Les manifestants réclament une protection particulière : la Belgique compte des milliers de ressortissants en séjour illégal issus de ces trois pays. L’Etat belge n’expulse plus les Guinéens, Libériens et Sierra-Léonais sans-papiers, mais il ne leur accorde pas non plus de statut particulier pour rester en Belgique en toute légalité. « L’ordre de quitter le territoire est maintenu malgré l’épidémie. La seule chose qui a changé, c’est qu’on n’expulse plus de force. La raison est simple : plus aucun policier ne veut les y accompagner », explique le porte-parole de l’asbl Pigment, Alexis Andries.
Deux pistes pourraient mettre un terme à « ce déficit de protection », selon Mieke Van den Broeck, avocate chez Progress Lawyers Network : la protection subsidiaire et la régularisation humanitaire. La première appartient au droit d’asile et consiste à protéger temporairement les ressortissants d’un pays en crise. Pour l’instant, ce droit est lié à la situation politique d’un pays comme, par exemple, la guerre en Syrie. Cependant, les manifestants souhaiteraient élargir ce droit à la crise Ebola. La deuxième solution, la régularisation humanitaire semble plus compliquée. Elle permet d’octroyer aux ressortissants des pays touchés par une catastrophe une protection humanitaire mieux connue sous le nom de l’article 9 bis.
« Ce virus nous touche aussi »
De nombreux manifestants possèdent de la famille dans les zones touchées par Ebola. « Mon père et ma mère vivent toujours là-bas. J’ai peur pour eux à cause des problèmes sanitaires et de la crise alimentaire qui menace mon pays », raconte Makimba, une jeune Libériane qui vit en Belgique depuis 7 ans. Comme ses congénères, elle remercie la Belgique pour l’aide qu’elle envoie dans les zones touchées par le virus, mais la jeune femme espère encore que les Belges déploieront plus de moyens afin d’aider ces pays sur le long terme.
Cette manifestation survient seulement un jour après l’annonce d’envoi de troupes B-Fast (Belgian First Aid and Support Team) dans les pays touchés par le virus. Alexis Andries parle d’une action positive pour les ressortissants vivant en Belgique : « Cela les rassure. Beaucoup d’entre eux possèdent de la famille ou ont des enfants là-bas ». Mais il insiste aussi pour penser les actions sur le long terme.
De nombreuses personnes étaient dubitatives s’interrogeaient sur la participation de l’organisation dans la lutte face à l’épidémie car ils estimaient qu’elle n’était pas adaptée à des missions à long terme. En septembre, Didier Reynders avait expliqué les raisons de l’absence d’intervention de l’organisme: « Ce n’est pas le rôle de B-Fast. B-Fast est vraiment destiné aux interventions d’urgence, très rapides, pendant quelques jours avant un retour dès que d’autres peuvent prendre le relais ».
Selon les derniers chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), publiés le 12 novembre, 14.098 personnes ont contracté la maladie depuis décembre 2013. Parmi elles, 5.160 en sont décédées. La Sierra Leone, le Liberia et la Guinée sont les pays les plus touchés par l’épidémie. Le Nigeria et le Sénégal ont réussi à endiguer la maladie, mais une nouvelle source du virus a été découverte en République Démocratique du Congo.