Lors du Sommet du 24 octobre dernier, les dirigeants européens ont décidé de renforcer les mesures prises contre le virus Ebola : le commissaire chypriote en charge de la santé, Christos Stylianides, a été nommé coordinateur Ebola. Un budget européen d’un milliard d’euros a été débloqué pour endiguer la maladie. La note est salée et aurait pu, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), être divisée par 100 en intervenant dès les premiers cas détectés, en décembre 2013. L’Union européenne a-t-elle réagi trop tardivement ?
Damien Roulette, journaliste expert de l’Afrique, rappelle que Médecins Sans Frontières (MSF) Belgique, qui coordonne l’aide, avait déjà lancé un cri d’alerte le 31 mars. C’est à ce moment qu’il aurait fallu réagir.
Liesbeth Goossens, représentante d’Oxfam, précise que la Commission avait très vite débloqué des fonds, ce sont les états membres qui ont tardé à réagir.
Lenteur de l’Europe, erreur de l’OMS ?
Selon Thomas Roland, assistant de la députée européenne Frédérique Ries, l’absence initiale de cas en Europe expliquerait cette prise de conscience tardive
Mais d’autres raisons sont invoquées. Selon Damien Roulette, lorsque MSF a sonné l’alerte en mars 2014 sur l’épidémie en Guinée, l’agenda international était surchargé : l’Europe avait les yeux rivés sur la crise ukrainienne et les Etats-Unis mobilisaient leurs forces pour retrouver l’avion de la Malaysia Airlines, mystérieusement disparu.
Dans un rapport interne révélé fin octobre, l’OMS a également reconnu avoir commis des erreurs dans la gestion de l’épidémie. Elle avait été avertie des premiers cas d’Ebola en Guinée dès décembre 2013 mais elle a attendu le tournant critique de mars 2014 pour prévenir les autorités européennes. Une erreur d’appréciation qui a eu un impact puisque l’Europe se base sur les rapports de l’OMS pour organiser son aide humanitaire.
