Dans le cadre de Protagoras, Masterclass de communication politique, le thème de l’échange de la semaine concerne l’écologie et plus particulièrement “comment prévenir une éco-lassitude en communication politique et publique”. Les interlocuteurs sont, d’une part, deux anciens directeurs de la communication d’Écolo : Éric Biérin et Baptiste Erkes. D’autre part, on trouve Pierre-Loïc Nihoul, consultant en communication européenne et d’entreprise.
Comme le terme “éco-lassistude” le laisse entendre, un ras-le-bol de l’écologie résulterait d’une utilisation intensive et non optimale, en communication publique et politique ces quinze dernières années, des arguments et slogans “verts” (Voir l’encadré ci-dessous).
Les causes de l’éco-lassitude
- Verdurisation de la communication
Depuis le début des années 2000, l’écologie est venue s’ajouter aux discours des partis politiques classiques, mais aussi, à la communication d’entreprise. Comme le fait remarquer Pierre-Loïc Nihoul, “les entreprises sont devenues Value Maniacs, c’est à dire que désormais les valeurs comptent plus que tout dans leur communication. Des valeurs comme le développement humain et le respect de l’environnement. Les responsabilités sociales de l’entreprises en quelque sorte.”
- Ecologie culpabilisante
L’éco-lassitude peut aussi naître de l’utilisation de slogans écologiques culpabilisants par les leaders des groupes d’influence. Les citoyens ne sont pas réceptifs à ce type de message ; ils n’ont pas envie d’agir sous la contrainte.
- Hyper-crise écologique
Pour Éric Biérin, nous nous trouvons actuellement dans un contexte d’hyper-crise. La crise contre laquelle tente de lutter l’écologie semble trop grosse que pour être résolue. La tendance est alors au découragement. “Aujourd’hui il n’est plus possible d’assumer de manière crédible une alternative réelle” précise-t-il. Ce sentiment d’impuissance est l’une des principales causes de l’éco-lassitude.
Solutions d’avenir
Les intervenants s’accordent sur des solutions face à l’éco-lassitude. Nicolas Baygert, organisateur de la rencontre et ancien collègue de Pierre-Loïc Nihoul, pointe une représentation utilitariste de l’environnement dans les campagnes de communication. “On dit aux gens que l’érosion des plages va impacter leurs plans de vacances par exemple, ça a plus d’impact.”
Éric Biérin et Baptiste Erkes, quant à eux, analysent les résultats électoraux des différents partis écologistes en Belgique et en France, pour s’accorder sur un fait : les scores sont bons quand le leader incarnant l’écologie ne tient pas de discours alarmiste. “Des rendez-vous de la dernière chance, il y en a déjà eu beaucoup” ajoute, lui-même lassé, Éric Biérin. Ils soulignent encore la nécessité pour la lutte écologique d’être incarnée en politique par des personnes capables de rassembler les foules pour être reconnues publiquement comme pertinentes.
Une piste de sortie de crise
Mais le message le plus important à faire passer selon eux est le fait que l’écologie est véritablement une solution d’avenir et pas seulement un cri d’alerte sur l’état du monde. Écoutez à ce propos Éric Biérin, interrogé par le BBB après la Masterclass Protagoras.