« La solidarité sociale ne s’est pas imposée d’elle-même. » Voici les mots qui présentent l’exposition « En lutte. Histoire d’émancipation », qui a pris place à La Cité Miroir à Liège jusqu’au 31 décembre 2016. Une exposition permanente qui retrace de façon chronologique les différents mouvements sociaux qui ont permis l’amélioration des conditions d’existence des classes sociales les plus faibles. Une manière de mettre en avant les acquis que ces mobilisations ont permis.
Réconcilier les citoyens avec les mouvements sociaux
Aujourd’hui, ces mouvements ne semblent plus avoir la même envergure, ou plutôt n’aboutissent plus sur de tels résultats politiques… Régulièrement sous-estimés ou même dénigrés par les médias, ils ne sont évoqués que pour parler des détails futiles conséquents à ce type d’évènements : embouteillages, retard des trains, etc. Des reportages systématiquement semblables tentant de prouver avec un acharnement incompréhensible que ces actions sont inefficaces et même contreproductives. Les syndicats et différents acteurs sociaux à la base de ceux-ci seraient de vieux conservateurs déterminés à ralentir le progrès et les avancées d’un monde qui change et évolue grâce, par exemple, à la technologie. Mais pourtant, les conservateurs ne sont-ils pas justement ceux qui se dressent face au progrès social ?
L ‘exposition « En lutte » a définitivement pour but de réenchanter les citoyens aves les mouvements sociaux, certes perturbateurs, mais également facteurs d’émancipation individuelle et collective. On leur doit de grands résultats politiques comme, par exemple, l’instruction publique, le suffrage universel ou la sécurité sociale. La dernière partie de l’exposition, « De 1960 à nos jours… », pose la question de la décomposition de ces acquis et s’interroge sur la réponse sociale à apporter à notre système en crise.
Nuit debout, une nouvelle forme de mobilisation
Tous les mois, un journal est édité et distribué gratuitement à l’exposition. Chaque numéro revient sur un événement marquant de l’histoire sociale. La dernière parution évoque la commémoration du 15e anniversaire de la Commune de Paris, qui tourne en émeute le 18 mars 1886 à Liège. Le mouvement fait face à la répression, l’armée est envoyée et tire sur la foule de manifestants sous les ordres du général van der Smissen, homonyme du controversé commissaire qui a été au cœur de l’actualité pour avoir arrêté Alexis Deswaef, président de la Ligue des Droits de l’Homme, qui manifestait le samedi 2 avril à la Bourse.
La contagion d’un mouvement social d’un pays à l’autre est toujours présente 130 ans plus tard et même facilitée grâce aux nouveaux médias. Le mercredi 6 avril 2016 a eu lieu la première Nuit Debout à Bruxelles. Inspiré des mouvements de reconquête de l’espace public qui se déroulent actuellement en France et qui ont atteint une certaine ampleur. Entre 100 et 200 Bruxellois se sont retrouvés, place des Barricades, pour discuter des raisons pour lesquels ils sont en colère et tenter de créer un espace de parole public, où tout un chacun est invité à s’exprimer. Ce rassemblement était retransmis sur Twitter et la nouvelle application Periscope, permettant de suivre un événement en live vidéo.
Rassembler et faire converger les luttes, voici les deux objectifs principaux des mouvements « Nuit Debout » français et belge. Le mouvement est encore jeune mais ses ambitions sont louables et, qui sait, à l’avenir, il pourra peut-être être ajouté à la grande chronologie des mouvements sociaux.
Exposition « En lutte. Histoire d’émancipation », jusqu’au 31 décembre 2016 à La Cité Miroir, place Xavier Neujean 22, à Liège.