17
Mar
2017

Lueur d'espoir pour l'environnement, une solution à nos problèmes de pollution pourrait voir le jour en Belgique.

Les stations d'épuration permettent aujourd'hui de rouler au vert © User:Xofc (CC BY-SA 4.0)

Lueur d'espoir pour l'environnement, une solution à nos problèmes de pollution pourrait voir le jour en Belgique.

17 Mar
2017

Enquête: faire de l’énergie à partir de vos poubelles, c’est possible !

La pollution est le fléau de nos sociétés contemporaines. D’années en années, de nouvelles mesures sont prises par les politiques pour réduire l’impact des gaz à effet de serre sur la planète. C’est un défi que se sont lancés plusieurs pays du nord de l’Europe, et notamment la Suède, dans la ville de Linköping, au sud de Stockholm. Là-bas, environ 150 000 habitants se déplacent dans des bus et des voitures qui roulent principalement au biogaz. Une énergie verte qui fait la renommée de la ville pour son système de production énergétique à partir… de déchets.

Mais de quels déchets s’agit-il exactement ? Ce sont principalement les eaux usées et les ordures ménagères qui servent à la production de carburant. Et les plus grosses sources de ces déchets sont les hôpitaux de la ville. Les fermes locales et les abattoirs, riches en énergie et en protéines, sont aussi mis à contribution.

                      Les bus qui roulent grâce aux déchets organiques ! © Wikimedia Commons(CC BY-SA 3.0)

Dans cette ville, les poubelles ne servent pas uniquement à alimenter les stations-services. D’énormes chaudières spécialement adaptées brûlent les ordures ménagères et chauffent ainsi de l’eau qui est acheminée chez l’habitant via des réseaux souterrains de canalisation. Le consommateur bénéficie ainsi d’eau chaude, sans la pollution. En plus de réduire considérablement les coûts de production d’énergie, cette combustion ne produit pas de dioxyde de carbone et réduit les émissions d’oxyde d’azote et de suie. L’eau chaude n’est pas non plus la seule à être acheminée dans les habitations, le biogaz l’est aussi. Il est issu de la fermentation des déchets dans les stations d’épuration. Après le nettoyage de l’eau, les « boues » sont récupérées. La décomposition et la fermentation naturelle de ces matières organiques produisent ce biogaz.

C’est chimique, comme le corps humain

La station fonctionne comme un estomac humain à 37° C. À cette température en vase clos, on obtient des gaz qui sont ensuite récupérés et acheminés via les canalisations et pipelines. Et comme le corps humain, l’odeur des gaz est malodorante, d’où le besoin de le nettoyer et d’en améliorer l’odeur.

               Schéma d’un processus de méthanisation © Lamiot (CC BY-SA 4.0)

Le potentiel de cette expérience est énorme dans la mesure où la production augmente en fonction de la population : plus il y a de personnes, plus il y a de déchets, et plus il y a d’énergie qui est créée. 75% de l’énergie à Linköping provient de la biomasse. Dans toute la Suède, 25% de la consommation est issue de ce procédé alors qu’ailleurs en Europe, seulement 6% provient de ce type de fonctionnement. Pourquoi de tels écarts ? Peut-on imaginer telle situation en Belgique ? 

Penser écologie, oui, mais pas à n’importe quel prix

Bruxelles possède de nombreux atouts en matière d’écologie et de recyclage. C’est notamment le cas de la société Aquiris, la station d’épuration de Bruxelles Nord, dont la responsable qualité et sécurité, Magali Gillet, nous explique quelques principes : « la société récolte les eaux usées de tous les habitants de Bruxelles-Vilvoorde, soit environ 1,4 million d’habitants. L’eau est nettoyée et purifiée et ensuite envoyée dans la Senne. Grâce à l’énergie hydraulique produite, nous alimentons en électricité toute la station d’épuration, mais c’est le seul point que nous alimentons. Les déchets présents dans les eaux sont traités dans d’autres sociétés qui viennent les récupérer, tels que CBR qui produit du ciment et de l’asphalte sur cette base, mais aussi d’autres entreprises comme Sède qui assure leur évacuation, leur traitement et leur valorisation ».

Lorsque nous lui demandons s’il serait possible d’élargir la production d’électricité à l’échelle d’une ville, la réponse varie entre « cela n’est pas de notre ressort », « non, ce n’est pas notre job » ou encore « non, ce n’est pas possible ».

 Explication de la station bruxelloise © Aquiris

Une commune bruxelloises se met au vert

Pourtant, à Mont-Saint-Guibert, dans le Brabant Wallon, la commune parvient petit à petit à générer de l’énergie verte à l’échelle de la ville. Les Guibertins possèdent un centre d’enfouissement technique, dont les installations permettent de fournir de l’électricité de 25 000 ménages. Les déchets présents dans les eaux usées sont brûlés. Les gaz et la chaleur produits sont envoyés dans les pipelines qui alimentent en eau chaude et en gaz les habitations de la ville. C’est le même principe utilisé en Suède. 

En revanche, à la différence de Linköping, le biogaz est bien moins utilisé pour alimenter le moteur des véhicules qui circulent sur nos routes. En Belgique, on compte à peine une septantaine de stations, au nord comme au sud. Peu de constructeurs automobiles proposent des véhicules adaptés. Mais à l’horizon 2020, l’Europe souhaite augmenter la part de biocarburants sur le marché, à hauteur d’au moins 10%. Dans un premier temps, on tente d’améliorer les carburants actuels. Dans cette optique, et depuis le 1er janvier 2017, l’essence Eurosuper 95 a été remplacée par l’Eurosuper 95E10, dans toutes les stations du royaume, qui contient 10% de biocarburant, soit 5% de plus. 

L’essence n’est pas prête de disparaître

Si certains voient d’un bon œil ce regain d’écologie dans le secteur du carburant, les propriétaires de voitures fonctionnant à l’essence ne sont pas contents : le prix au litre augmentera inévitablement, parfois jusqu’à 0,20€. Certains propriétaires ne pourront pas remplir leur réservoir avec ce carburant, car ils risquent d’abîmer leur moteur, qui ne dispose pas du filtre adéquat. C’est le cas des voitures antérieures à l’année 2000. Ils devront donc se rabattre sur l’Eurosuper 98, plus chère. 

Malgré des efforts affirmés, Bruxelles se trouve loin derrière les résultats impressionnants de Linköping. Cependant, suivant la mouvance européenne, le pays aspire à une consommation plus responsable des énergies. L’exemple de la commune écolo du bourgmestre Philippe Evrard, Mont-Saint-Guibert, est un modèle qu’il est possible d’appliquer dans d’autres villes de Belgique. D’autres initiatives pourront d’ailleurs voir le jour à l’avenir, avec un appui plus affirmé des politiques.

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