Estelle Peron, 17 ans évolue actuellement au Royal Sporting Club Anderlecht (RSCA). Le virus du football l’a touchée dès son plus jeune âge. Malgré les différentes embûches qu’elle a rencontrées, son amour pour le ballon rond n’a jamais cessé d’exister.
La première fois qu’Estelle Peron a foulé les pelouses, elle ne s’imaginait sans doute pas jouer à Anderlecht avec sa sœur jumelle, Lola. A quatre ans et demi, elle commence à toucher le ballon à Lotte, près de Rhode-Saint-Genèse, et y restera presque deux années. Elle poursuit ensuite sa carrière du côté d’Ophain l’espace de quatre saisons. Elle débarque ensuite au Parc Astrid où elle évolue désormais en deuxième nationale et rencontre régulièrement les meilleures équipes de Belgique.
Assise dans un canapé de sa maison à Braine-l’Alleud, Estelle Peron est une jeune fille très souriante, surtout lorsqu’il s’agit d’évoquer sa passion pour le football. Dès ses débuts dans le football, elle a directement reçu le soutien de ses parents. “Tous mes frères et sœurs faisaient du football donc je n’ai eu aucun problème avec ça. Cependant, je connais beaucoup de filles qui veulent faire du foot mais dont les parents ne sont pas d’accord. Parce ce n’est pas un sport pour les filles. Et c’est à cause de ça que les mentalités n’évoluent pas. Il ne faut vraiment pas hésiter. Si une fille veut vraiment jouer au football, elle ne doit pas faire attention aux critiques ou aux préjugés !”
“Des garçons disent que le football n’est pas pour les filles, mais on leur met une raclée et c’est bon”
Et pourtant, les obstacles furent nombreux. “Ça fait seulement trois saisons que je joue contre des femmes”, explique la joueuse anderlechtoise. En effet, durant ses premières années en mauve, elle jouait avec des filles, mais contre des garçons, avec tous les avantages et inconvénients que cela représente. “Ça renforce le caractère, le niveau de jeu, l’intensité. Il ne faut pas se mentir, l’aspect athlétique n’est pas du tout le même. Des garçons disent que le football n’est pas pour les filles, mais on leur met une raclée et c’est bon”, explique-t-elle en rigolant. Le jeu rugueux de celle qui évolue au poste de défenseur central a d’ailleurs surpris plus d’un garçon.
La joueuse regrette également que les inégalités apparaissent dès le départ. Au centre d’entraînement, certaines portes restent fermées. “On n’est pas les bienvenues à la salle de sport lorsque les garçons y sont, ni à la piscine, au jacuzzi, aux bains glacés, etc. Quand je m’entraîne avec l’équipe A, on se retrouve dans le complexe des professionnels et les garçons nous regardent de haut en bas, comme si on était chez eux.” Mais la discrimination ne se limite pas aux accès, elle apparaît même dans certains détails. “J’ai reçu un vêtement un peu trop large et si je voulais l’échanger, je devais le repayer. Alors que les garçons peuvent l’échanger gratuitement et en reçoivent même parfois un autre comme dédommagement”, déplore la jeune joueuse.
“J’ai plein d’amies à Anderlecht qui jouent avec les Red Flames et qui ont un travail à côté”
Estelle rêve tout de même de devenir professionnelle. Mais le football n’est pas un monde facile, un grand nombre d’éléments doivent s’assembler pour réussir. Avoir du talent ne suffit pas toujours. En plus de cela, dans le championnat féminin belge, le statut de professionnel n’existe pas ou presque. Estelle garde donc les pieds sur terre et continue ses études, consciente de la situation précaire des joueuses. “J’ai plein d’amies à Anderlecht qui jouent avec les Red Flames et qui ont un travail à côté”, confirme-t-elle. L’année prochaine, elle commencera à étudier le droit, mais elle continuera évidemment à jouer au football.
Lorsqu’elle évoque la médiatisation du football féminin, son sourire s’efface. “Je suis consciente qu’il existe des différences au niveau du jeu, que ce soit au niveau tactique, footballistique, technique ou physique, mais ce qui me dérange c’est qu’on mette le sport féminin en avant uniquement lorsqu’il y a de bons résultats. On a encore pu le voir récemment avec l’équipe de basket, les Belgian Cats. On ne les avaient jamais vues à la télévision avant leur performance à la Coupe du Monde!”
Elle est toutefois positive pour l’avenir. “Je pense que la création du Ballon d’Or féminin cette année est une bonne chose et peut permettre de mettre en lumière le football féminin.” Des hommes préférant le football féminin au masculin ? Ça existe et selon Estelle la raison est simple : “Il y a moins de simulation, le jeu est différent”.