Et si on changeait l'école?
C’est une année mouvementée que connait l’enseignement en Communauté française. Face à l’échec des dernières réformes, le Pacte d'excellence a été lancé. Depuis 4 ans, Laurence et Sarah, deux institutrices maternelle, appliquent une méthode qui leur est propre. A contre-courant des méthodes traditionnelles, elles ont transformé leurs classes grâce aux pédagogies alternatives. Elles y appliquent la multi-pédagogie, en combinant des éléments issus de 6 pédagogies.
Véritable solution ou pratique résolument marginale ? Les pédagogies alternatives suscitent le débat. Grâce à l’histoire de Laurence et Sarah, nous nous plongeons dans ce monde à part. Des experts en éducation et des acteurs de l'enseignement viendront également alimenter la réflexion. Laissez votre curiosité vous emporter.
C'est déjà l'heure
de papa et maman?
- Un enfant dans la classe de Laurence -
Pour Laurence, tout est parti d’une inspection qui s’est mal déroulée. Laurence est tellement abattue par celle-ci qu’elle songe à arrêter d’enseigner. C'était il y a quatre ans.
A l’époque, elle appliquait déjà des pédagogies alternatives. Elle n'avait pas été formée, mais partait de lectures et d’informations dénichées sur le net.
Sa collègue, Sarah, n’imagine pas que Laurence puisse mettre un terme à sa carrière. Sous son impulsion, les deux institutrices décident de tenter une formation Montessori. La découverte de cet univers sonne comme une révélation, mais aussi comme une délivrance.
Ce n’est pas tellement la méthode qui nous a happé, mais cette qualité de respect qu’il y avait autour des enfants. On sentait déjà ça en nous et ça a été une révélation de se dire qu’il n’y avait pas que nous deux qui pensions ça ».
En septembre dernier, Sarah apprend que son poste est en danger.
Si un enseignant, qui a plus d’ancienneté qu'elle, perd son emploi, la commune peut lui attribuer le sien. La situation révolte Sarah. Elle sentait ses élèves épanouis et sa direction satisfaite de son travail. Elle regrette que « tout ça ne compte pas parce qu’il y a une question d’ancienneté qui sera toujours au-dessus de tout ce qu’on pourra faire ».
Dès lors, le besoin d’ancrer son expérience dans une plus large dimension s’est fait ressentir.
Laurence Helguera
Sarah Van Overbeke
On avait besoin d’une reconnaissance et d’un respect du travail que l’on propose ».
Professeur de sociologie à l'Université Catholique de Louvain
Eric Mangez nous explique qu'il existe trois différences entre les pédagogies dites "visibles" et celles "invisibles".
On parle de pédagogie visible pour désigner les méthodes traditionnelles. Le savoir et le pouvoir sont visibles. C'est le cas du professeur qui détient le pouvoir et le transmet aux élèves.
L'invisible désigne les pédagogies actives, où tout est plus flou et implicite.
En savoir plus sur les différentes pédagogies
ERIC MANGEZ
De l'alternatif
Le traditionnel
dans
Laurence et Sarah appliquent leur méthode dans l'enseignement communal. Leurs horaires sont assez différents de ceux que vous connaissez.
Chez Laurence, on commence par une heure de temps libre où « ils ont le temps de devenir élèves ». Lire, peindre, créer, ou encore manger : chacun entame sa journée comme il le souhaite. Aucune heure n’est imposée pour la collation. Elle reste en libre-service.
Ensuite, les institutrices rassemblent les enfants et leur proposent plusieurs activités différentes. Pour Laurence, « c’est une différence par rapport au classique : "on propose, on n’impose pas". Parfois, je leur dis « ça, j’aimerais que tout le monde le fasse, mais on n’est pas obligé de le faire aujourd’hui». Tout ne peut pas sortir de l'enfant. Mais, « s’ils ont envie de faire de l’aquarelle, ils font de l’aquarelle. S’ils ont envie de faire de la peinture au chevalet, ils font de la peinture au chevalet » enchérit Sarah.
Parfois, je leur dis « ça, j’aimerais que tout le monde le fasse, mais on n’est pas obligé de le faire aujourd’hui».
De 9h30 à 11h30, les enfants s’adonnent à l’activité choisie. La récréation n’intervient qu’après cette matinée, et ce, pour ne pas couper les ateliers.
Parmi ces ateliers, la création occupe une place importante. En effet, les institutrices ont banni les jouets de leurs classes. A l’exception d’un « coin symbolique épuré», où certains jouets sont acceptés. Elles constatent que « cela rend des enfants très concentrés sur leur travail, qui ne se disputent pas pour le moindre jouet, qui respectent le matériel ». De plus, « la création se développe plus vite. Ils sont beaucoup plus créatifs ».
Au-delà du choix de l’activité, les enfants ont aussi le loisir de suivre leur propre rythme. « Il faut leur laisser le temps, et ça dans le traditionnel, on ne leur laisse plus » pointe du doigt Sarah. Laurence évoque un petit garçon qui est resté trois mois assis sur le banc, à observer, sans se mêler aux activités. Un jour, il s’est simplement levé et a commencé à participer. Il avait enregistré la manière dont la classe fonctionnait et a choisi le moment qu’il désirait pour s’intégrer aux ateliers.
Certains acteurs de l’enseignement mettent en avant la crainte d’un retard sur les programmes. Or, l’expérience au sein des deux classes montre que laisser aux enfants le temps d’assimiler les compétences ne ralentit pas l’apprentissage. Bien au contraire : " les enfants sont souvent en avance sur ce que j’ai prévu. Souvent, je dépasse de loin les objectifs fixés ».
Dans leur classe, il n'y a aucune trace de jouets traditionnellement associés à l’enseignement maternel. Il y a plutôt des perles, des cailloux, des rondins de bois ou encore des pommes de pin. Cela peut paraître étrange mais nous allons va vous expliquer l'intérêt de ces objets.
Dans le matériel utilisé en classe, les perles font partie du matériel Montessori. Elles sont associées aux chiffres et permettent à l’enfant de les appréhender de manière concrète. Par le toucher.
Le reste renvoie à la pédagogie Reggio. Elle met l’accent sur la relation de l’élève avec la nature. D’autres éléments, comme l’espace peinture, inspiré de la pédagogie Stern, témoignent du caractère multi-pédagogique des lieux.
Contrairement aux véritables « Ecoles Montessori » ou « Ecoles Freinet », Sarah et Laurence ne se limitent pas à une seule pédagogie : « Dans nos classes, on n'est pas puriste Montessori, Freinet ou Reggio ».
Elles sélectionnent ce qui les intéresse parmi les six pédagogies mises en place (Montessori, Freinet, Steiner, Reggio, Théorie des intelligences multiples et Stern) et laissent de côté les éléments qu’elles ne souhaitent pas appliquer. En général, elles trouvent dans une pédagogie ce qui leur manquait dans une autre.
Certaines activités n’ont parfois pas le succès attendu, mais il ne faut pas avoir peur d’essayer ».
Et le futur
L’idée, c’est d'ouvrir l’école à des pédagogies qui permettent la différenciation et une nouvelle posture d’évaluation.
« Dans le Montessori, il y avait des choses qui nous plaisaient énormément comme des choses qui nous manquaient énormément. Il n’y avait pas assez de créatif, ce qu’on a trouvé dans le Freinet. Ça se complétait ». Laurence et Sarah intègrent ensuite ce mélange (ainsi que les quatre autres pédagogies citées précédemment) dans l’enseignement classique, et indiquent que cela fonctionne bien. Elles concèdent que certaines activités n’ont parfois pas le succès attendu, mais « qu’il ne faut pas avoir peur d’essayer ».
Les pédagogies alternatives sont déjà présentes marginalement dans les classes. C'est ce que nous explique Caroline Letor, conseillère auprès de Marie-Martine Schyns dans la cellule pacte pour un enseignement d’excellence.
Celles-ci existent, en effet, depuis plus d'un siècle. Elles sont notamment comprises dans l’approche par compétence du décret mission datant de 1997.
Le problème, c’est que les écoles n’ont pas forcément mis les choses en place pour appliquer les différentes réformes. Les assises de l’enseignement (1995) ou l’école de la réussite (1995), par exemple. Même si tout est formalisé, institutionnalisé, ce n'est pas toujours appliqué sur le terrain.
C'est la prise de conscience de l'échec des réformes qui a poussé à la création du pacte d'excellence.
Le pacte d’excellence se penche sur le plaisir d’apprendre; d’enseigner et sur des approches pédagogiques qui permettent à l’élève, quel que soit son profil, d’acquérir des connaissances.
Aujourd’hui, l’école stimule principalement deux types d’intelligences : l’intelligence logico-mathématique et langagière.
Or, il y en a d'autres. Cependant, l'enseignement traditionnel ne les propose pas. Un certain nombre d’enfants se voit donc exclu de l’école ou va avoir plus de difficultés parce qu’il ne correspond pas à un carcan.
L’idée, avec le pacte, c’est d'ouvrir l’école à des pédagogies qui permettent la différenciation et une nouvelle posture d’évaluation.
dans tout ça?
Etudiante à l'ULB, elle nous raconte son vécu à l'école Decroly. Elle a passé toute son enfance dans l'enseignement alternatif et revient sur ces années qui l'ont façonnée.
Contrairement à ce que propose Sarah et Laurence, son ancienne école ne proposait qu'une seule pédagogie.
Luna
Laurence et Sarah souhaiteraient que les hautes écoles de la Communauté française ouvrent les yeux sur les pédagogies alternatives. Pour elles : "La Communauté française n’encourage pas plus que ça à aller vers d’autres méthodes". "Elle nous encourage à nous former, mais le catalogue de formation n’est pas basé sur les pédagogies alternatives (...) Parfois, il faut faire les choses différemment, parler un peu des pédagogies alternatives, dire qu’il y a autre chose que le rendement". Ce constat vient du fait que pendant leurs études, leurs professeurs n'ont évoqué qu'une fois les noms de Maria Montessori, de Célestin Freinet...
L’enseignement alternatif nécessite également plus de préparation des activités.
Le choix de l’enfant y occupe, en effet, une place prépondérante. Il est l’acteur de ses apprentissages et choisit les ateliers auxquels il veut participer. L’enseignant doit donc pouvoir lui proposer toute une série d’activités différentes. Pour Laurence et Sarah: « Cela demande un travail d’anticipation énorme, car les leçons doivent être prévues à l’avance».
Puisque l’apprentissage part de l’enfant, les institutrices ne peuvent être certaines que tous les enfants s’adonneront à une activité précise pendant une journée déterminée. L’enseignement alternatif leur demande donc une grande proactivité.
Pour s’initier à ces pédagogies, les deux institutrices doivent suivre des formations privées. Les frais sont donc à leur charge. Or, elles peuvent coûter jusqu’à plusieurs centaines d’euros par semaine. Le catalogue classique ne proposant pas ces formations, Laurence et Sarah doivent s’y rendre pendant les vacances scolaires.
Se former demande un investissement colossal en temps et en argent.
Ils en pensent quoi eux?
Eric Mangez
Il remarque, lui aussi, que travailler dans l’alternatif reste plus complexe que dans l’enseignement traditionnel.
L'enseignement tel qu'on le connaît est source de certitudes. Les normes sont relativement partagées par les professeurs, les parents et les élèves. Ce qui n’est pas le cas dans l’alternatif. « Une pédagogie alternative, c’est beaucoup plus difficile. Cela doit être beaucoup plus construit, travaillé, préparé, professionnel que le traditionnel ».
IL explique que l’efficacité de ces pédagogies dépend des enseignants.
En effet, les professeurs doivent être actifs et ne doivent pas se laisser aller à la routine. Les heures de travail ne doivent pas être comptées. Chaque journée est pleine d’imprévus.
Tous les formateurs d'enseignants proposent des techniques pour lutter contre les inégalités scolaires. Certains le font par des pédagogies actives, d'autres le font par d'autres moyens. On n'est pas encore arrivé à combler ces inégalités... Et ce, malgré les recherches qui sont faites.
Elle nous aide à comprendre ce manque de formation. Pour elle, il faut travailler avec les enseignants et les acteurs du système afin que le changement se produise.
Ensuite, il faut distinguer la préparation des professeurs et leur arrivée dans une l’école. Pour appliquer de l'alternatif dans le traditionnel, cela implique la volonté du pouvoir organisateur, de la direction ou d’une personne clé. Ainsi que de mobiliser l’équipe pédagogique. Par conséquent, la formation seule ne suffit pas : il faut également un milieu adéquat et un ensemble de facteurs qui feront que le projet réussira.
Cependant, Caroline affirme qu’il y a une résistance générale au changement. Par exemple, il est prouvé, depuis longtemps, que le redoublement est inefficace. Cependant, il y a une telle culture du redoublement qu’il reste très difficile de faire évoluer la situation. « Finalement, nous devons leur donner des alternatives crédibles au redoublement, qui passent par des pédagogies plus actives » conclut-elle.
Il faut changer la culture, cela prend du temps
Ça marche avec des enfants qui viennent de n’importe où »
- Laurence Helguera -
Dans leurs classes, elles enseignent à des enfants issus de tous milieux sociaux. « Quand on nous dit que ça ne marche qu’avec un milieu élitiste, qu’avec des enfants de riches qui ont déjà un superbe bagage, un superbe vocabulaire, ce n’est pas vrai. Ça marche avec des petits bouts qui viennent de n’importe où. »
Laurence en a notamment fait l’expérience avec un petit garçon, issu d’un milieu défavorisé, qui buttait pour apprendre un chiffre. À force de persévérance, il est finalement le premier élève à être parvenu à compter jusqu'à nonante-neuf. Pour Laurence, c’est la preuve qu’en offrant un enseignement de qualité, l’enfant peut réussir et peu importe son bagage social et culturel.
C’est pourquoi elles plaident pour un développement des pédagogies alternatives dans le réseau communal. Et non dans des écoles privées. « Si on crée des nouvelles écoles à pédagogie alternative, elles doivent être créées dans le communal : comme ça elles sont gratuites, accessibles à tout le monde ».
Et l'échec dans tout ça ?
Après tout, est-ce que les pédagogies alternatives peuvent résoudre l'échec scolaire, fortement présent en Fédération Wallonie-Bruxelles ?
Elle rappelle qu’aujourd’hui l’école stimule principalement 2 types d’intelligences : l’intelligence logico-mathématique et l'intelligence langagière. Cependant on sait qu’il y en a d'autres.
Un certain nombre d’enfants sont en échec scolaire simplement parce qu’ils ne correspondent pas à un carcan. L’idée du pacte d'excellence est de réellement ouvrir l’enseignement à des pédagogies qui mettent en avant la différenciation et une nouvelle posture d’évaluation. Aujourd’hui, on évalue pour sanctionner. Le but est de changer cela.
Si un enfant apprend quelque chose, a des difficultés, il faut lui proposer des alternatives pour y arriver. Ce n’est plus une réponse binaire : oui, non, vrai, faux. Le changement principal est qu’on accompagne beaucoup plus l’enfant. Et ce, avec des approches pédagogiques qui permettent à chaque élève, quel que soit son profil, d’évoluer, de grandir et d’acquérir un certain nombre de connaissances.
Selon Nicolas, les pédagogies alternatives constituent une piste intéressante contre l’échec. En effet, il y a une série de pratiques non négligeables à aller y puiser. Par contre, ce n'est pas l'outil miracle pour résoudre tous les problèmes liés à l’échec.
Selon Eric Mangez, il y a le passage d’un apprentissage des savoirs à un apprentissage des compétences. Dans ce cadre, l’enseignement alternatif jouerait un rôle fondamental. Il confronterait les élèves à des situations inconnues dans lesquelles ils seraient amenés à exercer activement ces compétences.
Eric Mangez rejoint donc Nicolas Roland quant à l’opportunité représentée par ces nouvelles méthodes pour faire face à l’échec. Toutefois, il nuance. Pour que cela fonctionne, les projets alternatifs doivent être bien ficelés. « Il y a des gens qui savent très bien ce qu’ils font, qui ont vraiment un projet pédagogique très bien construit, tout à fait alternatif, mais extrêmement réfléchi ». Le risque existe donc de voir émerger des projets qui ne respectent pas l’esprit des pédagogies alternatives.
Caroline Letor
Nicolas Roland
Eric Mangez
L'argent, nœud du problème?
Laurence et Sarah ne le nient pas et c'est là que réside leur combat. Pour elles, les pédagogies alternatives devraient être inclues dans l'enseignement communal afin de les rendre accessibles à tous.
C’est là que l’ASBL « Freinetiquement Montessorienne » intervient.
Argument régulièrement invoqué à l’encontre de ces pédagogies. Elles seraient réservées à un public restreint. Familles à haut capital culturel et/ou économique. En effet, vu le minerval de certaines écoles, la question est inévitable.
Cependant, Dominique Paquot, directeur de l'école Singelijn à Woluwe, nuance ces propos.
Freinetiquement
Montessorienne
A la rentrée 2016, Laurence et Sarah décident de pérenniser leur travail en créant l’ASBL «Freinetiquement Montessorienne». Celle-ci va leur permettre de transmettre leurs compétences. Elle leur offre aussi une certaine liberté d’enseignement. Au-delà des frontières de leurs classes. Elles y forment d'autres instituteurs et institutrices, des parents, mais aussi des enfants. Ces trois acteurs sont centraux pour elles.
L’idée de créer l’ASBL est née avec un mot d’ordre : la transmission.
La transmission de leur savoir et de leur expérience. Et ce, à tous les acteurs. « On voulait avoir les 3 acteurs qui sont dans la vie d’un enfant : lui, ses parents et les enseignants ». L’association vise également les éducateurs, les puéricultrices, les directions d’écoles, etc.
Laurence et Sarah forment les enseignants d’un point de vue théorique et pratique aux différentes pédagogies. Elles donnent aussi des conseils quant à l’utilisation de ces méthodes au sein des écoles traditionnelles, source de crainte pour certains. « On voulait transmettre aux institutrices qui ont peur que leurs inspections et directions ne soient pas d’accord ». Elles peuvent aussi les accompagner dans le cadre de projets précis autour des pédagogies alternatives.
Des stages sont organisés pour les enfants. Ces derniers ont alors l’occasion d’évoluer dans un espace « multi-pédagogique ». Mais l’ASBL propose surtout des ateliers qui réunissent enfants et parents : « On veut que le parent vive l’expérience avec son enfant et recrée les liens ». Laurence et Sarah se déplacent aussi au domicile de parents, dans les crèches, les écoles, les centres culturels, les lieux d’accueil, etc.
Finalement, comment Laurence et Sarah voient-elles le futur ? La réponse est claire. Continuer de changer les choses et de faire bouger les lignes. « Il faut qu’on continue à nous prendre au sérieux et à nous écouter ».
Les deux enseignantes ne s’attendaient pas à un tel engouement et se réjouissent de susciter de vives réactions. Grandir, se faire connaitre est leur objectif pour les années à venir.
Leur but final n’est pas de parvenir à vivre des fonctions de leur ASBL, mais bien de continuer à transmettre. Sarah se verrait bien conseillère pédagogique, par exemple. Tant qu’elle reste dans le conseil et le soutien.
Pourquoi pas même écrire un livre ? Cependant, toutes deux n’envisagent pas de quitter leurs classes.
« J’ai besoin d’enseigner, j’ai besoin d’essayer », déclare Sarah.
Les deux institutrices ont l’ambition d’aller plus loin. « Le must de l’ASBL, la cerise sur le gâteau, serait qu’on puisse aller dans les hautes écoles, parler aux étudiants, les motiver, leur dire qu’il y a autre chose ». L’objectif serait d’inclure les formations aux pédagogies alternatives dans la formation de base des enseignants.
Sarah conclut : « Au début je ne voulais pas partager, je pensais que personne n’écoutait. Aujourd’hui, je réalise que si l’on sait comment partager, cela fonctionne ! »
© El Azzimani Soumaya, Devillers Romain, Derclaye Guillaume, Deswert Clémence, Detré Jeanne, Durant Thomas, Faveyrol Lisa, Hellin Olivier, Van den Heuvel Morgane.
Réalisé par
Et si on changeait l'école?