La Grèce mise à genoux pendant la Seconde Guerre mondiale
La Grèce est l’un des pays qui a le plus souffert de la Seconde Guerre mondiale. Nous avons interviewé Laetitia Swysen, historienne à l’Université Libre de Bruxelles. Selon elle, le pays était en piteux état en 1949 : « d’une part, le conflit mondial et la guerre civile ont fait de très nombreuses victimes et, d’autre part, sa flotte marchande, ses infrastructures tant industrielles qu’agricoles ont été détruites en grande partie ». Trois facteurs ont participé au déclin du pays de 1940 à 1949.
Famine ravageuse
Les nazis s’emparent des denrées alimentaires et provoquent l’effondrement de la récolte de 1941. L’hiver 1941-1942 débouche sur une famine sans pitié. Elle provoque la mort de presque 40.000 personnes à Athènes et au Pirée. Le bilan d’après-guerre est effroyable : 300.000 personnes décèdent de carence en nourriture.
Les occupants participent aussi directement au massacre de la population grecque. Plus d’un millier de villages sont rasés et 20.000 civils grecs tués ou blessés.
Pillage surdimensionné
A l’époque, la Reichsbank, banque centrale allemande, est au bord de la faillite. Dans les pays qu’ils occupent, les Nazis font main basse sur les réserves d’or. C’est ainsi qu’en Grèce, le troisième Reich impose un emprunt de 476 millions de reichsmarks.
Guerre civile décisive
Dès l’entrée de la Grèce dans la Seconde Guerre mondiale, une forte résistance s’y met en place. Le Parti communiste grec (KKE) comble le vide politique de l’époque. Le gouvernement officiel grec est en exil au Caire. La résistance, dans ses différentes composantes, vise la libération du pays et la promotion d’un nouveau régime démocratique d’après-guerre.
La Grèce se libère en 1944. Mais problème : deux gouvernements se constituent en parallèle. D’une part, les Grecs élisent un Conseil national pour les régions libérées, dominées par les communistes au cœur de la résistance. D’autre part, les instances en exil au Caire soutiennent un autre régime à Athènes. Les communistes, pour leur part, ne reconnaissent plus le roi Georges II et veulent une république. Ce que ne peuvent accepter les Britanniques qui entendent restaurer une monarchie autoritaire.
L’armée britannique intervient aussitôt pour empêcher la montée du communisme. L’ELAS, l’armée issue de la résistance, forte de trois ans de combat contre l’Occupant, engage le combat contre les Anglais et domine rapidement la quasi-totalité de la Grèce continentale, à l’exception de Salonique et d’Athènes : la guerre civile se déclenche.
Pour Laetitia Swysen,le débat ne peut être réduit au remboursement de dette de guerre de l’Allemagne. « La Grèce a souffert des pillages comme tous pays conquis par l’Allemagne ou l’Italie. Mais pour moi, c’est vraiment la guerre civile qui a détruit la Grèce ».