La pièce, écrite, mise en scène et jouée par Stéphanie Mangez, Philippe Beheydt et Emmanuel De Candido, dévoile l’histoire d’exilés de guerre. Elle est actuellement présentée au Centre Culturel des Riches Claires de Bruxelles.
1914, la Grande Guerre vient d’éclater, perturbant le quotidien de millions de personnes dans le monde. En Belgique, des milliers de nos compatriotes quittent le pays durant ces quatre sombres années. La pièce de théâtre « Exils 1914 » raconte leur histoire. Destins entrecroisés : August qui, avec sa femme, rejoint l’Angleterre pour fuir la guerre ; Victor Vay, déporté en Allemagne pour travailler dans une usine près d’Hambourg ; Angolo, un soldat congolais, qui rejoint volontairement les troupes belges. Trois monologues pour trois oubliés de la guerre.
La compagnie MAPS, composée des trois acteurs, est à l’initiative de ce projet théâtral. « On voulait travailler à trois. On s’est ensuite dit qu’on pourrait partir sur le thème de la guerre 14-18 mais on ne voulait pas faire quelque chose qui serait noyé dans la masse. La société MAPS s’intéresse aux questions des frontières, à l’immigration, à l’autre. On a facilement fait le lien : il fallait parler des exilés de la guerre », explique Emmanuel De Candido. La compagnie a collaboré avec l’historien Olivier Standaert et a eu accès à des témoignages afin de pouvoir donner à ces récits le plus de réalisme possible.
Une volonté pédagogique
Cette année, les commémorations de la Première Guerre mondiale envahissent nos écrans et nos journaux. Comment, dès lors, encore intéresser le public ? Les trois comédiens ont peut-être trouvé un moyen grâce à leur texte mêlant poésie et humour. On n’en oublierait presque que c’est de l’un des conflits les plus meurtriers du 20e siècle dont on nous livre ici le récit.
Au-delà de la démarche artistique, le projet se veut pédagogique : « On essaye de susciter le débat en proposant des représentations scolaires, des ateliers d’écritures dans les écoles, dans les homes, des formats courts (représentation d’un des monologues seulement). On fait s’échanger les enfants et les plus vieux. Ces personnes âgées peuvent, en plus, comparer avec la deuxième guerre mondiale, donc c’est encore plus fort », explique Emmanuel De Candido.
Même si le cadre d’ « Exils 1914 » reste la Grande Guerre, on ne peut s’empêcher de penser à Lampedusa, aux réfugiés syriens, aux migrants de Calais. Autant d’exemples de ce que les guerres peuvent provoquer. Il n’y a pas que les combattants qui en paient le prix. Comme Angolo, August et Victor, ces nouveaux exilés souffrent.
« Exils 1914 » est à l’affiche du Centre Culturel des Riches Claires jusqu’au 22 novembre.