“J’aime pas.” Depuis plusieurs semaines, Facebook a mis au point ce bouton sur Messenger, son application de messagerie instantanée. Il est désormais possible de réagir négativement à un message reçu ou envoyé.
Les choses pourraient même aller plus loin, car si cette nouvelle fonctionnalité trouve le succès escompté, ce bouton « j’aime pas » pourrait se retrouver directement sur le réseau social. C’est le début d’une révolution pour le géant du Net mis sous pression par une communauté d’utilisateurs pour qu’un tel bouton fasse son apparition. Ceux-ci exigeaient un moyen plus tranché d’exprimer leur opinion.
“Une vraie source de malaise”
Facebook avait toujours refusé une telle fonctionnalité, en affirmant que cela risquerait de nuire à l’ambiance positive qu’il tente de mettre en place. Alors, pourquoi changer d’avis ? La situation reste la même et les possibilités de dérives sont toujours aussi importantes. « Un bouton “J’aime pas” » risque de favoriser le harcèlement et le dénigrement, et créer une vraie source de malaise. Tout l’inverse du but recherché », déclare Bruno Humbeeck, psychopédagogue et chercheur dans le domaine du cyberharcèlement à l’Université de Mons (UMons).
Avant d’ajouter : « Jusqu’à présent lorsque l’on était en désaccord avec quelqu’un, on le faisait savoir de manière implicite, en le supprimant de nos amis Facebook, par exemple. Mais là, cela deviendra très explicite. Les personnes concernées directement risquent de mal le vivre. Je ne comprends pas l’idée de créer un bouton “j’aime pas”. Il existe déjà beaucoup d’autres fonctionnalités pour s’exprimer sur Facebook. »
“80% des utilisateurs ont été au moins une fois spectateurs de cyberharcèlement”
Selon Bruno Humbeeck, 15% des utilisateurs sont directement les cibles de cyberharcèlement et 80% en ont au moins été une fois spectateurs. La majorité des victimes sont jeunes et gardent cela pour elles, ce qui peut engendrer des cas extrêmes. Ces dernières années, plusieurs suicides filmés en direct sur Facebook ont fait le tour du web.
Le spécialiste des sciences de la famille rappelle qu’en cas de cyberharcèlement, la première chose à faire est de garder des traces, de faire des captures d’écran en guise de preuves. En parler autour de soi est aussi primordial, que cela soit à des amis, à la famille, à des associations comme Yapaka.be, ou à la police. Le terrain préféré des harceleurs reste cependant Snapchat, car aucune trace n’y est laissée.
La faute à qui ?
Une idée préconçue consiste à remettre la faute sur les réseaux sociaux en général. Certes, ils proposent de plus en plus de nouvelles fonctionnalités et sont davantage présents dans nos vies. Pour Bruno Humbeeck, “le problème ne vient pas que des réseaux sociaux, mais plutôt de la consommation asociale que l’on en fait.” Il faut donc apprendre à doser son usage.