22
Déc
2014

Nouvelle politique d’enregistrement des données sur Facebook : qu’en est-il de notre vie privée ?

Nouvelle politique d’enregistrement des données sur Facebook : qu’en est-il de notre vie privée ?

22 Déc
2014

Facebook is watching you, un peu beaucoup

Nous les utilisons tous les jours. Ils se font discrets, se rendent plus qu’utiles. Et pourtant, c’est probablement nous qui leur rendons le plus grand des services. Ces opportunistes sont les réseaux sociaux. Analyse de l’influence de ces réseaux sur notre vie privée.

Facebook, ce mot encore inconnu il y a quelques années, résonne aujourd’hui dans toutes les bouches. Des plus jeunes aux plus âgés. Ce géant du net a acquis au fil des ans, une réelle notoriété. 1,32 milliards d’utilisateurs actifs mensuels du réseau social sont à compter aujourd’hui dans le monde. Malgré sa popularité, il n’est pas sans rappeler que la méfiance est de mise lorsque l’on publie des informations personnelles sur les réseaux. Le site a mis à jour ses conditions générales d’utilisation (CGU) depuis le 13 novembre 2014. Parmi ces nouvelles conditions, figure la Data Policy, un texte décrivant la politique d’enregistrement des données. Une mesure qui affectera chaque utilisateur du réseau social au niveau des informations personnelles.

Une vraie influence

Selon Dirk Jacobs, professeur à l’ULB et chercheur spécialiste des réseaux sociaux, l’apparition de Facebook a changé le rapport  à la protection de la vie privée, surtout auprès des jeunes. Ces derniers, nés avec internet, ont pris l’habitude de partager beaucoup d’informations potentiellement sensibles avec leurs amis. « C’est une nouvelle attitude qui se crée. Cela fait partie de la vie quotidienne et des nouvelles manières de communiquer. On ne se pose donc plus vraiment la question de savoir dans quelle mesure c’est important et quel est le niveau de risque. »

Si la plupart des jeunes se rendent compte des risques les plus connus comme la publication de photos désagréables ou certaines insultes pouvant créer des conflits, ils sous-estiment souvent les dangers indirects.  Il ne faut pas oublier qu’internet a une très bonne mémoire. « Un seul faux pas documenté en ligne peut avoir des conséquences à long terme. La première chose que font la plupart des employeurs aujourd’hui, est de vérifier en ligne le profil du candidat au poste. »

Et l’attachement à la vie privée ?

Le chercheur explique qu’il existe des risques psychologiques qui méritent d’être étudiés. Dans la législature américaine, on parle de FMO (Fear Of Missing Out). Des personnes suivant de façon régulière les activités de leurs « amis » sur Facebook peuvent devenir anxieux ou jaloux. « Ils voient que leurs amis font plein de voyages, qu’ils participent à beaucoup d’évènements. Ils ont alors cette peur de rater certaines choses, ils en souffrent et deviennent malheureux. » Le profil Facebook représente une image de soi que l’on alimente pour s’afficher ou pour se distinguer des autres. Mais parfois, la compétition peut être beaucoup plus ravageuse à en devenir vraiment malsaine pour certaines personnes. Cela peut alors avoir un impact sur l’intimité. Les jeunes commencent à attacher de moins en moins d’importance à leur vie privée dans le but d’alimenter cette sorte de concours qui se met en place entre eux.

Sur le plan judiciaire

En accédant au site et en acceptant les conditions générales, vous autorisez automatiquement Facebook à garder et répertorier un certain nombre de renseignements vous concernant. Ce consentement rend l’utilisation et l’enregistrement de vos données tout à fait légal. Mais jusqu’où ?

Au sein de l’Union européenne, explique Cédric Goblet, avocat spécialisé en matière de vie privée, nous disposons d’un cadre légal qui offre un niveau de protection très élevé des données personnelles. Il s’agit principalement de la directive 95/46/CE. Facebook, de même que la plupart des géants du net, est une société américaine. Or, au regard du droit européen, le droit américain n’offre pas un niveau de protection suffisant de nos données personnelles et de notre vie privée. “Toute la question est de savoir dans quelle mesure nos normes européennes de protection des données peuvent s’appliquer à des sociétés qui sont localisées en dehors du territoire des États membres de l’Union européenne. Nos règles actuelles régissent bien entendu cette question. Cependant, elles ne fournissent pas un champ d’application assez large. Elles posent en plus des difficultés quant à leur application pratique. La conséquence est que bon nombre de traitements de données de citoyens européens effectués à l’étranger échappent à nos mécanismes de protection”.

Un casse-tête vous avez dit?

Comment en finir avec les inquiétudes concernant notre vie privée ? La réponse n’est pas simple.

Un règlement européen est en cours de discussion en ce moment au sein de la Commission européenne. Celui-ci changera peut-être les critères d’application du droit européen. Si le texte passe, cela voudra dire que Facebook sera soumis au droit de l’UE. En attendant, si une quelconque plainte veut être déposée concernant l’enregistrement de nos données, il faudra invoquer la loi américaine.
Malgré tout, en allant sur Facebook, la protection totale de la vie privée n’existera jamais. Et ce cas est loin d’être isolé. Qu’il s’agisse de Google ou encore de Youtube, la plupart de nos données privées sont stockées et utilisées à des fins publicitaires. En utilisant ces sites, nous nous soumettons automatiquement à leurs règles. La solution la plus simple réside donc dans le fait d’arrêter l’utilisation du réseau social. On vous l’accorde, le site est aujourd’hui devenu un additif dont il est difficile de se défaire.

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